L'OM, le mercato de la zizanie
De Michel Seydoux, président du LOSC, qui pointait du doigt en juillet dernier la "bêtise" et le "profond irrespect" du patron de l'OM, à Jean-Michel Aulas qui lui prêtait des intentions "malhonnêtes" dans le cas Gomis, les boss de Ligue 1 n'ont pas été tendres avec le protégé de Margarita Louis-Dreyfus. Quant aux arrivées de Lemina et Khlifa, si elles n'ont pas été conclues au terme de passes d'armes interminables entre présidents, elles ont été scellées dans des circonstances parfois un peu étranges.
Sur quelle fenêtre est le pot aux roses ? L'Olympique de Marseille a t-il dépassé la ligne rouge cet été ? Ou bien, peut être, les dirigeants des autres clubs de Ligue 1 supporte t-il mal la "renaissance" financière du club phocéen ? Les critiques, qui pleuvent sur le président de l'OM sont-elles justifiées ? Tentative d'explication.
Quel est le problème avec Labrune ?
Pour certains, il a simplement été obstiné, persévérant plus que de raison, souhaitant aller au bout de ses objectifs, coûte que coûte. Pour d'autres, il a franchi la ligne de la moralité en usant de l'aura de l'Olympique de Marseille, et en proposant des salaires mirobolants à de jeunes joueurs. Cela dit, mettre en avant ce que peut offrir l'Olympique de Marseille est-il forcément inconvenant ? Ce n'est pas faire injure à Lille, Lorient ou à Lyon d'affirmer que, Marseille joue aujourd'hui la ligue des champions et qu'il est en mesure d'offrir de bien plus beaux contrats. Simplement, c'est la vérité. Et le fait que des joueurs soient sensibles à ce genre de courbettes, aussi.
Globalement, Vincent Labrune s'est battu avec ses moyens qui, il faut le dire, étaient bien plus conséquents cette année. Et a profité, dans le cas Thauvin, du bras de fer engagé entre le joueur et son club. Mais Jean-Michel Aulas qui n'a eu de cesse de fustiger les procédés du président marseillais, n'a t-il pas fait de même il fût un temps ? En 2007, le Stéphanois Frédéric Piquionne, visiblement prêt à tout pour rejoindre l'ennemi lyonnais, entame un bras de fer avec le club ligérien. Par principe, les décideurs de l'ASSE refusent de le céder à Jean-Michel Aulas et le vendront... à Monaco. Finalement l'ancien international français rejoindra les Gones un an plus tard. Et Michel Bastos... Parlons-en. En 2009, Lyon s'intéresse au cas du Brésilien, mais Lille, une fois n'est pas coutume, n'est pas vraiment décidé à laisser partir une des ses pépites du côté du Rhône. Bastos entre alors dans la danse : "tout le monde sait que Lyon s'intéresse à moi. Les deux clubs sont en discussion et j'aimerais avoir la possibilité de retrouver Claude Puel. J'ai toujours été sincère avec les dirigeants lillois et avec mon coach. J'ai envie d'aller jouer dans un grand club, qui dispute la Ligue des Champions et peut m'aider à être intégrer la sélection brésilienne en cette saison de Coupe du monde". Efficace. Au prix fort (18 millions d'euros), Lyon parvient à arracher le Brésilien.
Et puis, il y a eu l'affaire Ribéry. En 2006, alors que "Kaiser Franck" sortait d'une saison exceptionnelle avec l'Olympique de Marseille et devenait incontournable avec l'équipe de France, Jean-Michel Aulas approche l'ancien Messin, toujours sous contrat avec le club phocéen. Le président Lyonnais, alors en tort, avait été débouté par la commission juridique de la LFP. ¨Presque dix ans plus tard, il porte plainte contre les décisionnaires du club marseillais pour être entré en contact avec Bafétimbi Gomis (plainte retiré ce mardi), sans avoir préalablement consulté la direction de l'OM.
Le rôle des joueurs
Mais les dirigeants ne sont pas seuls dans ce grand jeu de poker menteur. La grande majorité des agents de joueurs, et plus globalement, des acteurs du football, vous diront qu'il devient de plus en plus compliqué d'aller contre les velléités de départ d'un joueur. Certains, comme Rémy Cabella, s'accommodent des portes refermées par ses dirigeants. D'autres, beaucoup moins. Le Montpellierain, pourtant désireux de rejoindre l'OM cet été, avait décidé de ne pas aller au conflit avec ses dirigeants. On ne peut en dire autant de Florian Thauvin et de Romain Alessandrini. Si le premier a obtenu gain de cause à l'issue d'un long feuilleton, ponctués d'une poignet de déclarations assassines entre Seydoux et Labrune et d'entraînements buissonniers, le Rennais, lui, est revenu bredouille du bras de fer engagé avec son président, Frédéric de Saint Sernin. Invité sur le plateau de l'Equipe 21 mercredi dernier, le milieu offensif breton s'est montré très amer envers ses dirigeants :"j'ai renoncé à mon rêve de rejoindre l'OM. On m'a fait espérer jusqu'à la fin du mercato que les deux parties allaient s'y retrouver. Ce n'est pas le cas. J'ai fait des concessions en acceptant de ne pas jouer la Ligue des Champions, de ne pas rentrer dans ma région. (...) J'ai toujours été respectueux, j'ai bossé dur pour revenir et aujourd'hui on me manque complètement de respect. On m'a baladé pendant trois mois". Pas du goût du président Rennais qui a fustigé l'attitude son joueur dans la presse.
Des entraîneurs "écoeurés"
Les négociations engagées entre l'OM, Gomis, et Alessandrini, n'ont pas suscité de réactions véhémentes chez les entraîneurs des clubs concernés. On ne peut pas en dire autant sur les cas Lemina et Khlifa. Le transfert dans les dernières heures du mercato à l'OM de l'ex milieu de terrain lorientais a suscité la colère de Christian Gourcuff, qui a même pris le soin de contacté la presse locale (Ouest-France), pour y déverser son amertume envers Loic Féry, le président du club breton :"le club ne peut pas parler d’ambitions alors qu’il vend ses meilleurs joueurs. Ce transfert, c’est juste du business. Je veux que les gens sachent que je ne suis pas complice de cette décision. Je subis". A Evian, Pascal Dupraz a la dent dure contre Saber Khlifa, qui a "séché" la reprise du club savoyard pour finalement s'engager avec l'Olympique de Marseille.
En définitive, l'OM a laissé derrière lui un sacré tohu-bohu dans ce mercato. Mais la zizanie semée par Vincent Labrune révèle un fait indubitable : de nouveau, l'Olympique de Marseille attire. Et ce, au delà des contrats.
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