L1 : la crise "ne va rien changer" au lancement de Mediapro en France
Que va modifier la pandémie de Covid-19 sur le marché des droits TV ? Et cela peut-il affecter votre entrée programmée sur le marché français ?
Jaume Roures: "Tout le monde du sport est en train de changer. Et cette crise va toucher le prix des droits (télévisés) d'une façon ou d'une autre. De la même manière, le fait de payer des joueurs des centaines de millions d'euros, ce sera terminé. D'abord parce que les clubs n'auront plus les moyens, et puis parce que les banques ne prêteront pas d'argent aux clubs avec la même facilité qu'avant. Tout cela va changer et je crois que c'est très positif au niveau social. Moi, je n'étais pas d'accord avec le fait de payer 140, 160 millions d'euros pour avoir un joueur de foot."
Vous envisagez donc un coup d'arrêt sur les transferts records, comme par exemple l'éventuel retour au Barça cet été de Neymar (vendu 222 M EUR au Paris Saint-Germain en 2017) ?
JR: "Oui. D'abord pour ce que je viens de dire, mais aussi parce que le FC Barcelone n'a plus la capacité économique de dépenser je ne sais pas combien. C'est impossible, maintenant."
Concernant votre futur rôle de diffuseur de la L1, la crise vous pousse-t-elle à revoir vos objectifs à la baisse ? A savoir 3,5 millions d'abonnés à terme et un abonnement mensuel à 25 euros ?
JR: "La crise ne va pas éloigner les gens du foot. Peut-être que l'on sera obligé de jouer à huis clos, peut-être que les bars et les restaurants seront fermés jusqu'à je ne sais quand. Mais les gens auront besoin, ou du moins envie, de voir du foot, et le plus vite possible. Pour le moment, on ne voit pas la nécessité de changer quoi que ce soit. On avait prévu de commencer la campagne d'ouverture de la chaîne au mois de juillet, maintenant on ne sait pas si ça va être en juillet ou en août. Mais en principe, on ne va rien changer."
Mediapro s'est dit prêt à diffuser la fin de la saison 2019-2020 après que Canal+ et beIN Sports ont suspendu leurs paiements à la Ligue. Est-ce toujours d'actualité ?
JR: "Si les pourparlers entre la Ligue, les clubs, Canal+ et beIN Sports n'aboutissent à rien, ou s'ils mènent à une rupture, nous sommes prêts à les remplacer, oui. Il faudra clarifier quand est-ce que la fin du championnat va se jouer. Mais nous, on est là."
La Ligue 1 a prévu de commencer la saison 2020-2021 le week-end du 23 août. Si ces dates sont reportées, envisagez-vous de repousser votre premier versement ?
JR: "On a eu une réunion entre la Ligue et certains présidents. On s'est mis d'accord sur le futur (...) mais on restera sur les mêmes paramètres en fonction du jour où le championnat commencera. Parce que, annoncer les dates de démarrage de la saison 2020-2021, ce n'est pas exprimer une volonté, c'est mettre des moyens qui ne dépendent pas des clubs et de la Ligue, ça dépend des organisations sanitaires. Mais on est resté sur les mêmes paramètres, ça ne va rien changer à l'accord que l'on a."
Quel sera le nom de votre chaîne et quand va-t-elle être lancée ?
JR: "On n'a pas encore de nom, on devrait l'avoir très vite. La chaîne démarrera un mois avant le début de la saison 2020-2021. Et la campagne de lancement va débuter deux ou trois semaines avant le lancement officiel de la chaîne. Je ne vais pas donner de noms, mais on travaille pour embaucher les gens nécessaires. Si la chaîne démarre fin juillet ou en août, on n'est pas pressé."
Les diffuseurs doivent verser 1,153 milliard d'euros par saison pour la L1 sur la période 2020-2024, un record. La bulle du marché des droits TV pourrait-elle éclater avec cette crise sanitaire ?
JR: "Le niveau des droits, de manière générale, était arrivé à son maximum. De la même façon que je disais que le montant des transferts sera touché, il est évident que les droits TV seront aussi affectés. Je ne sais pas à quel niveau, ça dépendra de l'effort que la Ligue fera pour maintenir la qualité (des matches). (...) Je ne vais pas dire que ça va toucher le gros des accords que l'on a, mais ce sont des questions qui vont se poser dans le futur."
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