Les clubs "suspendus à un fil", selon Jean-Michel Aulas, pessimiste sur Mediapro
Quelle perte sèche le reconfinement, qui implique des matches à huis clos pendant au moins un mois, représente-t-il pour l'Olympique Lyonnais (OL) ?
Jean-Michel Aulas : "Sur la billetterie, c'est de l'ordre d'une vingtaine de millions d'euros. Il faut ajouter à cela les séminaires (au stade) arrêtés de nouveau, les visites de stade et du musée, les relations commerciales avec les boutiques que nous refermons. Nous sommes sur une perte de 30 à 40 millions d'euros qui est déjà malheureusement à induire. C'est énorme."
Ce reconfinement vous inquiète-t-il pour les finances de l'OL ?
JMA : "Je me félicite que nous ne soyons pas retombés dans l'erreur de la saison dernière commise par la Ligue française en particulier, suivie par quelques autres, consistant à arrêter les matches professionnels. C'était une erreur gravissime. Le confinement avec les matches qui se déroulent devant la TV cela permet de garder un lien social (...) Dans ces périodes aussi tendues, c'est essentiel de garder un lien avec les gens qui nous supportent."
Pensez-vous que le fait que la Ligue 1 continue pendant le reconfinement vous donne raison a posteriori sur l'arrêt définitif des compétitions acté en avril ?
JMA : "Plus les jours passent et plus les événements se succèdent. On se rend compte que nous nous retrouvons dans la même situation que la saison dernière quand la Ligue avait pris la décision de tout arrêter, privant le football professionnel français de 300 millions d'euros de droits TV. (...) La double peine est d'avoir été spolié (d'une qualification en Coupe d'Europe, ndlr) en étant barré au profit d'autres clubs. (...) C'est la France qui est aujourd'hui pénalisée par des performances qui sont proches du néant. Cela va influer sur le classement européen (du football français)."
Vous avez estimé votre préjudice à 117 millions d'euros et comptez poursuivre la Ligue de Football Professionnel (LFP) devant le Tribunal administratif de Paris. Mais ne risquez-vous pas de vous mettre à dos les autres clubs de L1, en réclamant pour l'OL de l'argent qui appartient à tous ?
JMA : "En l'occurrence, il y a des assurances, car évidemment la Ligue est assurée, ce qui permet d'être indemnisé. Une fois que la sanction sera prise, il sera bien temps de voir comment trouver un certain nombre d'accords (...) On ne va pas diaboliser l'OL car dans le passé il y a de nombreux clubs, outre Reims, qui ont fait des demandes d'indemnisations."
Avez-vous bon espoir qu'un accord puisse être trouvé avec Mediapro ?
JMA : "Je ne pense pas. Ce n'est peut-être pas l'avis de la Ligue. On sera dans une procédure probablement judiciaire ou autre. Sans entrer dans les détails, la Ligue a demandé à la société espagnole qui est la maison mère de la société française (Joye Media, ndlr) d'assumer la caution des paiements, ce qui n'a pas été possible pour l'instant, et recherche la possibilité que la maison mère chinoise (Orient Hontai Capital, ndlr) puisse se substituer en matière de garantie, ce qui n'a pas été le cas non plus."
Êtes vous inquiet que Mediapro, après avoir refusé de payer les 172 millions d'euros dus en octobre, ne verse pas non plus la traite due début décembre ?
JMA : "Plus qu'inquiet. On est suspendus à un fil pour l'économie des clubs et de la FFF car une partie des droits TV finance le foot amateur. Il y a une très grande inquiétude, il faudra faire preuve d'imagination et d'efficacité pour se sortir de ce mauvais pas."
Faut-il, à votre avis, dénoncer le contrat et rechercher un autre diffuseur ?
JMA : "Franchement, je n'ai pas les informations qui permettent de le dire. Il faut aussi réfléchir à un autre mode de diffusion mais en cherchant une solution à moyen terme. On trouvera à court terme des solutions."
Avec des droits TV à la baisse ?
JMA : "Ce n'est pas sûr. Car autant le paysage a changé et on voit bien émerger des offres à la demande, segmentées, sans l'obligation de passer par un certain nombre de distributeurs. Quand Mediapro avait gagné l'appel d'offres, il avait toujours envisagé de passer par Canal Satellite pour distribuer ses images. Mais (...) ils ne se sont pas mis d'accord avec Canal pour distribuer. Peut-être qu'en simplifiant, et autour de Canal, on apporterait une solution pour l'utilisateur."
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