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Les Girondins de Bordeaux et le rêve américain devenu cauchemar : des fiascos à tous les étages

L'actionnaire principal des Girondins de Bordeaux, King Street, a décidé de se retirer du club, après une série de fiascos sur le plan sportif et avec les supporters.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (LAURENT PERPIGNA IBAN / HANS LUCAS)

Ce jeudi 2 avril, les rêves américains des Girondins de Bordeaux ont définitivement pris fin. Le fonds américain King Street, propriétaire du club, a décidé de se désengager. Dans un communiqué, cette décision est justifiée par les difficultés financières provoquées par la crise sanitaire et la crise des droits TV. Mais ce départ semblait inévitable au regard des différents fiascos rencontrés par le club depuis leur arrivée, en 2018. 

• Le fiasco des actionnaires

En novembre 2018, après 19 ans de stabilité avec M6 comme propriétaire, les Girondins de Bordeaux sont vendus à des fonds américains. King Street devient l’actionnaire majoritaire du club, en s’emparant de 86,4% du capital, et General American Capital Partners (GACP) en détient 13,6%. Mais rapidement, les relations se tendent entre les deux camps. Au centre de la discorde : le train de vie du club, dont le déficit se serait aggravé, alors que la masse salariale a augmenté de 11 millions d’euros, et que les dirigeants de GACP feraient passer de nombreuses dépenses personnelles dans des notes de frais.

Finalement, en décembre 2019, King Street décide de racheter les parts de GACP pour se retrouver seul à la barre. Dans un communiqué, le club justifie alors cette opération par "des différences fondamentales au sein de la gouvernance". Mais depuis, la situation économique du FCGB ne s’est pas améliorée, et le déficit dépasserait désormais les 50 millions d’euros. Ce jeudi 22 avril, le fonds américain fait donc savoir "qu’il ne souhaite plus soutenir le club et financer ses besoins actuels et futur". Le club est placé sous la protection du Tribunal de commerce de Bordeaux, en espérant trouver un repreneur.

• Un fiasco avec les supporters

Manifestations en ville, incursion au Haillan, pelouse envahie… Les supporters réclamaient la démission du président Frédéric Longuépée de longue date. Dès 2019, la direction s’est mise à dos une partie du public en changeant les responsables de la sécurité du stade Matmut-Atlantique et en limitant l’accès aux virages de l’enceinte. Au printemps 2020, les Ultramarines, groupe de supporters du FCGB, dévoilent les "Girondins leaks", une série d’enregistrements audio, issus de réunions privées entre les dirigeants du clubs et certains supporters. On y entend les voix de Frédéric Longuépée et d’Anthony Thiodet, ex-directeur marketing du club. Ils y reconnaissent avoir fait travailler des salariés alors qu’ils se trouvaient en congés ou au chômage partiel, et critiquent d’anciens joueurs du club opposés à leur politique. Anthony Thiodet est ensuite remercié.

Au début de l’été 2020, le FCGB dévoile son nouveau logo, qui ne plaît pas aux supporters. Florian Brunet, les responsable des Ultramarines, appelle alors au boycott des produits dérivés du club.

La fronde des supporters ne s’arrête pas là. En août 2020, au lendemain du départ de l’entraîneur Paulo Sousa, des ultras bordelais parviennent à pénétrer au Haillan, pour réclamer une nouvelle fois le départ de Frédéric Longuépée. Et récemment, une campagne d’affichage réclamant sa "capture" a fait bondir le PDG, qui a porté plainte contre X.

• Un fiasco avec les entraîneurs

En mars 2019, les nouveaux propriétaires se séparent de Ricardo, dernier entraîneur recruté sous l’ère M6, et recrutent Paulo Sousa. Un an plus tard, le technicien portugais dressait un bilan amer de sa première année sur le banc girondin : "Des turbulences, beaucoup de promesses qui ne sont pas tenues, beaucoup d'incertitudes, de problèmes pas encore résolus". Alors que l’objectif était de jouer les places européennes, Sousa et son équipe terminent en 12e position d’une saison avortée par la crise sanitaire. Déçu des moyens mis à sa disposition, il fait part à ses cadres de son souhait de quitter le projet bordelais en juin 2020, mais reste finalement quelques semaines supplémentaires avant de se décider à partir, en août, à deux semaines de la reprise du championnat. Il est alors remplacé par Jean-Louis Gasset dans un club qui a eu, du temps de ses plus belles heures, Aimé Jacquet sur le banc durant neuf saisons consécutives.

• Un fiasco sportif

Alors qu’il a été racheté à la mi-saison, le FCGB termine en quatorzième position de Ligue 1 en 2018-2019. La saison suivante, il ne grimpe que de deux places. Et cette année, le club pointe à la seizième place du classement après 33 journées. Sous les ordres de Jean-Louis Gasset, le club s’est incliné à 17 reprises en championnat et ne compte que cinq points d’avance sur le barragiste, Nîmes. Six fois champion de France, quatre fois vainqueur de la Coupe de France, trois fois de la Coupe de la Ligue, finaliste de la Coupe de l'UEFA (ancêtre de la Ligue Europa) et demi-finaliste de la Coupe des Clubs champions (prédécesseur de la Ligue des champions), Bordeaux n'est plus que le fantôme de son passé.

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