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Les grandes heures du président Pape Diouf à la tête de l'Olympique de Marseille

Ancien président de l'Olympique de Marseille de 2005 à 2009, Pape Diouf est décédé ce mardi à l'âge de 68 ans après avoir été contaminé par le Covid-19 dont l'épidémie sévit dans le monde entier. Après avoir longtemps gravité autour du club marseillais en tant que journaliste et agent, le Sénégalais d'origine obtient ses premières responsabilités au club en 2004 en tant que directeur sportif avant d'en prendre la tête un an plus tard. Et de marquer, par plusieurs coups d'éclat lors de sa présidence, tout le peuple marseillais.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (BORIS HORVAT / AFP)
  • Le coup des minots au Parc des Princes

La première saison de Pape Diouf à la direction de l'Olympique de Marseille est marquée par une décision spectaculaire lors de la 29e journée de Ligue 1. L'OM de Jean Fernandez doit alors se déplacer ce 5 mars 2006 au Parc des Princes pour le classique contre le Paris Saint-Germain. Dénonçant les conditions d'accueil des supporters marseillais dans l'antre du PSG, le président marseillais décide d'envoyer son équipe bis à Paris alors que l'OM occupe la cinquième place du championnat. Une décision qui fait enrager les décideurs de la Ligue professionnelle de football (LFP), avec qui Pape Diouf négocie, et les diffuseurs de Canal+ qui ont bien évidemment prévu la rencontre le dimanche soir en prime-time.

Fabien Barthez, Lorik Cana, Frédéric Déhu, Habib Beye, Samir Nasri, Mamadou Niang, Franck Ribéry et consorts sont laissés au repos à la maison, tandis que des minots habitués à la CFA2 emmenés par Alain Cantareil affrontent le PSG. Déjà vainqueur dans le cœur des supporters après cette décision inédite, le match nul arraché par les jeunes phocéens au Parc (0-0) consacre la popularité grandissante de Pape Diouf à Marseille qui marquera ses quatre années de présidence.

  • Le bras de fer avec Franck Ribéry

Parmi les bonnes recrues arrivées à l'OM sous la présidence de Pape Diouf, Franck Ribéry est probablement l'un des meilleurs joueurs passés par le club. Mais, arrivé en juillet 2005, l'ailier néo-international souhaite quitter l'OM moins d'un an plus tard et affiche cette volonté dans le courant du mois de juin 2006, en pleine Coupe du monde, alors que Jean-Michel Aulas souhaite l'attirer à l'Olympique Lyonnais. De son côté, Pape Diouf ne fléchit pas : "Je ne suis pas une girouette. J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur le sujet et je ne changerai pas d'avis", déclare-t-il au Parisien le 21 juin 2006.

Le président marseillais ne fléchira pas davantage quand Franck Ribéry affirmera à nouveau sa volonté de rejoindre l'OL sur le plateau de TF1, en août. Pape Diouf annonce de but en blanc au finaliste de la Coupe du monde qu'il évoluera en réserve s'il ne souhaite pas jouer avec l'équipe première, mais qu'il ne quittera pas le club lors du mercato. Une démarche ferme qui portera ses fruits, tant auprès des supporters que du joueur, puisque Franck Ribéry portera bien les couleurs de l'OM cette saison-là, avant de rejoindre le Bayern Munich l'été suivant pour 30 millions d'euros.

  • Meilleur ennemi de Jean-Michel Aulas

Bien avant les clashs entre Jacques-Henri Eyraud et Jean-Michel Aulas, Pape Diouf s'était déjà mesuré à son homologue lyonnais en son temps. Querelles autour des diffusions de rencontres de Ligue des champions sur TF1, sur le marché des transferts à l'image du départ avorté de Franck Ribéry à l'OL à l'été 2006, et bien évidemment avant les matches entre les deux équipes. La rivalité actuelle entre l'OL et l'OM est en partie née de cette période. À l'été 2008, l'affrontement prend une autre tournure lors du transfert d'Hatem Ben Arfa, joyau issu du centre de formation de l'OL et qui doit rejoindre les rangs marseillais.

Alors que Pape Diouf annonce fin juin que l'attaquant est un nouveau membre de l'effectif de l'OM, le club rhodanien dément immédiatement. Ben Arfa, lui, annonce qu'il ne retournera pas dans son club formateur. Finalement, la LFP tranche dans le vif et homologue le départ du Lyonnais à l'OM, qui vient valider une politique de transferts ambitieuse de Pape Diouf, prêt à chasser chez son rival rhodanien. Un rival que le président marseillais se paiera une dernière fois, quelques semaines avant son départ du club phocéen, en mai 2009. Alors que l'OL a officiellement perdu son titre de champion au profit de Bordeaux, le club rhodanien accueille l'OM lors de la 36e journée. "Dimanche, on va assister aux dernières gesticulations du champion", annonce Pape Diouf. Une dernière provocation avant que les deux présidents ne deviennent plus proches.

  • Le choix de Deschamps pour succéder à Gerets

La principale critique émise à l'égard de Pape Diouf, à la tête de l'OM pendant quatre ans, est son palmarès resté vierge. Arrivé au sein du club phocéen quelques semaines après une finale de Coupe de l'UEFA perdue contre Valence, le Sénégalais repart un an avant un doublé Ligue 1-Coupe de la Ligue réalisé par Didier Deschamps. S'il n'a donc jamais gagné le moindre titre en tant que président de l'OM, c'est que Pape Diouf n'a jamais pu récolter les fruits de ce qu'il aura semé lors de ces quatre années, après avoir stabilisé un club qui tanguait depuis déjà trop longtemps.

Avant son départ, en raison de divergences avec le président du conseil de surveillance de l'époque Vincent Labrune et l'actionnaire Robert Louis-Dreyfus, et son remplacement par Jean-Claude Dassier, c'est bien Pape Diouf qui désigne Didier Deschamps comme successeur d'Éric Gerets. Ce dernier ne souhaite pas prolonger son contrat et le président sénégalais fait le choix gagnant du champion du monde 98 pour prendre les rênes de l'OM, avec les succès que l'on connaît. L'OM, Pape Diouf le quitte donc quelques semaines plus tard, sans jamais trop s'en éloigner et en restant à jamais comme l'un des meilleurs présidents du club pour les supporters marseillais.

  • Bonus : Pape Diouf prête le Vélodrome à Soprano

Autre signe que Pape Diouf était un vrai Marseillais d'adoption : à l'hiver 2007, le président de l'OM confie les clés du Vélodrome à Soprano, rappeur ultra-populaire de la cité phocéenne. "Ce clip, c'était aussi une façon de montrer que le club de l'OM était attentif à sa jeunesse tout en faisant un clin d'œil aux chanteurs de rap", précisera quelques années plus tard Pape Diouf dans un documentaire consacré au football et au rap diffusé sur Canal+. Ce geste lui vaudra une nouvelles fois les louanges des supporters marseillais, qui feront de cette chanson l'un des hits de l'année 2007 dans le monde du rap. Pape Diouf va même jusqu'à jouer dans le clip de Halla Halla, en apparaissant lors des dernières secondes pour faire la morale à Soprano.

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