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Ligue 1 : 6 questions sur l'offre de rachat de l'OM portée par Mourad Boudjellal

Attendu au Sporting Club de Toulon, Mourad Boudjellal a surpris tout son monde en annonçant vendredi porter une offre de rachat de l’OM pilotée par un homme d’affaires franco-tunisien. Si l’arrivée de l’ancien président du Rugby Club toulonnais dans le football ne faisait plus aucun doute, le voir débarquer à Marseille dans ce contexte pose plusieurs questions.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

• Comment Mourad Boudjellal est-il passé du rugby au foot ?

Président emblématique du Rugby Club Toulonnais en mai 2006 à février 2020, Mourad Boudjellal a marqué l’ovalie française. De fait, son RCT a sûrement été l'une des plus grandes équipes françaises de l’Histoire, réalisant notamment un triplé en coupe d’Europe en 2013, 2014 et 2015, et étant sacré champion de France en 2014. Editeur dans le civil, Mourad Boudjellal a brillé dans le rugby. Mais depuis le 13 février dernier, il a quitté ses fonctions au RCT après plusieurs années de désengagement progressif. "J’ai toujours été attentif au Sporting", expliquait-il en janvier 2020 à L'Equipe. "J’ai des financiers, j’ai un projet bien précis et je me suis fixé un objectif bien précis: la Ligue 1 dans cinq ans ! Au rugby, j’ai pris l’escalier. Au foot, je vais prendre l’ascenseur !"

• Dans quels projets s’est-il engagé ?

Le Toulonnais n’a pas attendu de quitter le rugby pour s’intéresser au Sporting Club de Toulon, pour lequel il a commencé à manifester un intérêt dès janvier 2020. Après des mois de négociations, il avait fini par se tourner vers l’Athlético Marseille, qu’il envisageait de délocaliser à Aix-en-Provence. Après la relégation du club en Régionale 2, Boudjellal avait renoué le lien avec le Sporting tout en menant en parallèle un "projet pharaonique". La longueur des négociations avec Toulon ont éloigné l’homme d’affaires du club, avant que le maire de la ville portuaire n’intervienne pour favoriser l’arrivée Boudjellal au Sporting. Sauf que vendredi, l’ancien président du RCT a levé le doute sur le projet pharaonique qui n’est autre que celui du rachat de l’OM.

• D’où vient cette offre pour l’OM ? 

Vendredi 26 juin, Mourad Boudjellal a annoncé porter une offre de rachat de l’Olympique de Marseille, basée sur des fonds étatiques et privés du Moyen-Orient provenant "du pétrole, de l'eau, de l'énergie" et avec l'appui d'un "homme d'affaires franco-tunisien qui est très important", dont le nom n’a pas été confirmé, même si plusieurs médias avancent celui de Mohamed Ayachi Ajroudi. Dans ce projet, Boudjellal se verrait confier la présidence du club mais n’aurait pas de part. En tout, ce serait une opération à 700 millions d’euros : 300 millions pour racheter le club à Frank McCourt, 200 millions pour éponger les dettes de l’OM, et enfin 200 millions investis sur le marché des transferts. Une banque privée mandatée devrait faire parvenir l’offre au propriétaire américain de l’OM la semaine prochaine.

• Quelles sont ses ambitions ? 

Forcément, de telles sommes donneraient des ailes à l’Olympique de Marseille. D’autant que lors d’un rachat, le Fair-Play financier de l’UEFA repart de zéro. Les sanctions qui touchent l’OM seraient maintenues, mais le nouveau propriétaire pourrait investir librement dans le mercato dans un premier temps. Dès lors, les ambitions seraient sans limite ou presque pour Marseille. La première : concurrencer le PSG en Ligue 1. Parmi les fonds engagés, certains proviendraient d’Arabie Saoudite, voisin rival du Qatar, et accessoirement propriétaire du PSG. Mais cet OM version Boudjellal aurait des ambitions européennes. Ce dernier évoque un projet axé "sur le développement à travers la Méditerranée". Preuve que le but serait de refaire de Marseille une place forte du football européen. 

• Pourquoi a-t-il été nommé président du SC Toulon malgré l’offre pour l’OM ?

En dépit de toutes ces annonces fracassantes lors de la seule journée de vendredi, Mourad Boudjellal s’est bien engagé en parallèle avec le Sporting Club de Toulon. En témoigne un communiqué du club : "Après de longs échanges et quelques rebondissements, un accord a été finalisé entre Claude Joye et Mourad Boudjellal", précisant que "Claude Joye demeure l’actionnaire majoritaire du Sporting et nommerait Mourad Boudjellal au poste de Président avec pour objectifs la structuration sportive de l’équipe première et le développement marketing au travers d’une régie commerciale".

Toutefois, Mourad Boudjellal a glissé dans ce contrat une condition suspensive avec date butoir pour se défaire de ce poste au SCT si jamais l’offre de rachat de l’OM aboutissait. Autrement dit, le Toulonnais a assuré ses arrières et se retrouvera soit président de Toulon, soit de Marseille. Il avait prévenu la semaine dernière, alors que son arrivée à Toulon se précisait, que celle-ci n’était pas acquise. En cause : la longueur puis l’arrêt des négociations avec le SCT avait poussé Boudjellal a prospecté ailleurs, notamment du côté de l’OM.

• Pourquoi avoir révélé les négociations ?

D'ordinaire, un rachat de club se fait dans le secret de salles de réunions et d'hôtels. Mais là, Mourad Boudjellal a décidé de rompre le silence alors qu'aucune rumeur ne faisait état de ce projet. Interrogé par l'Equipe, il s'est justifié ainsi : "J'ai rencontré les investisseurs pendant tout l'après-midi (de jeudi) dans un appartement du VIIIe arrondissement de Paris, puis une bonne partie de la nuit dans l'hôtel George V. On m'explique que le projet de rachat de l'OM va se faire, que les fonds sont réunis et que je dois absolument porter ce projet. Il m'a été demandé d'annoncer qu'une offre de rachat allait être effectuée à Frank McCourt".

Mourad Boudjellal a également précisé que son engagement au SC Toulon l'obligeait à révéler ses cartes, mais aussi qu'il s'agit d'un choix des investisseurs intéressés par l'OM : "C'est la décision stratégique qui a été prise de s'afficher au grand jour. C'est une façon de faire un contre-pied. On est sûrs de notre proposition et de la viabilité de notre offre". Enfin, ce timing serait aussi un moyen de couper l'herbe sous le pied d'autres groupes d'investisseurs... Le feuilleton de la vente de l'OM ne fait peut-être que commencer.

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