Ligue 1 : appel d'offres infructueux, non-participation de Canal +... On vous résume pourquoi la vente des droits TV tourne au fiasco

Depuis octobre 2023, la LFP tente de vendre les droits TV de la Ligue 1 pour la période 2024-2029 mais peine à trouver un accord avec les diffuseurs.
Article rédigé par Othélie Brion
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Un caméraman lors du match entre l'Olympique lyonnais et l'OGC Nice, le 16 février 2024, au Groupama stadium. (MATTHIEU MIRVILLE / AFP)

Sur quelle chaîne sera-t-il possible de regarder la Ligue 1 à partir du 16 août ? A moins de deux mois de la reprise du championnat, la réponse n'est toujours pas tranchée puisque la Ligue de football professionnel (LFP) n'a pas officiellement signé avec un diffuseur. De l'échec de l'appel d'offres lancé à l'automne dernier, à l'annulation du rendez-vous entre le président de la LFP Vincent Labrune et le président de Canal +, Maxime Saada, la situation s'enlise depuis plusieurs mois. Pour parvenir à la comprendre, il faut remonter au 12 septembre.  

Septembre - octobre 2023 : l'échec de l'appel d'offres

C'est à cette date que la Ligue de football professionnel a lancé son appel d'offres concernant la vente des droits TV de la Ligue 1, pour une période de cinq ans (contre quatre auparavant), entre 2024 et 2029. Deux lots de matchs en direct sont proposés à la vente. L'un dit premium, à 530 millions d'euros, inclut les plus belles rencontres, l'autre, à 270 millions d'euros, les six autres matchs. Trois autres lots comprenant "magazines", émissions du week-end ou en semaine, font aussi partie de l'appel d'offres. Au total, la LFP espère récolter 800 millions d'euros par an et même un milliard d'euros en ajoutant les droits de la Ligue 1 à l'étranger.

Problème, cet appel d’offres n'aboutit pas. Le lendemain de la clôture des dépôts de candidatures, le 17 octobre, la LFP annonce qu’aucun des lots n’a été attribué même si elle a "reçu plusieurs offres qualitatives et dispositifs de garantie financière sur l'ensemble des lots". L’instance française se lance alors dans des négociations de gré à gré avec les médias intéressés, où il n’y a plus de contrainte sur le prix. Parmi les candidats pressentis, Prime Video, BeIN Sports et la plateforme de streaming sportif DAZN. Un temps évoqué, Apple ne participe finalement pas aux discussions.

Le cas Canal +

Canal +, diffuseur historique de la Ligue 1 depuis 1984, ne faisait, lui, pas partie des premières négociations. Et pour cause, le 25 septembre, la chaîne cryptée a annoncé ne pas participer à l’appel d’offres en raison des conditions de ce dernier. Dans une lettre adressée au président de la LFP Vincent Labrune, le patron de la chaîne cryptée écrivait que les critères "ont achevé de nous convaincre que votre seul objectif était d'en écarter Canal + et de favoriser Amazon". Maxime Saada ajoutait : "Vous n'avez eu de cesse de pénaliser Canal +".

Une référence à l'affaire Médiapro, qui a tendu les relations entre le diffuseur historique de la Ligue 1 et la LFP. Lors de la vente des droits de diffusion pour la période 2020-2024, le groupe sino-espagnol avait raflé trois des sept lots mis en vente pour 800 millions d’euros. Mais dès octobre, l'entreprise avait été en incapacité de payer et les droits TV avaient été redistribués. En juin 2021, Amazon avait alors récupéré 80% des matchs pour 250 millions d'euros par an. Free, pour 42 millions d'euros par saison, proposait en "presque direct" les meilleurs extraits de matchs pour ses clients. De son côté, Canal + avait obtenu deux matchs par journée, rachetés à beIN Sport pour 332 millions d'euros. Se sentant lésée, la chaîne cryptée était alors entrée en conflit avec la Ligue et avait porté l'affaire en justice, sans obtenir gain de cause.

Novembre 2023 - mai 2024 : l'option beIN

A partir de l'automne 2023, beIN sport est devenu l’interlocuteur privilégié de la LFP, les relations entre Vincent Labrune et le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi et Yousef Al-Obaidly, les deux dirigeants de la chaîne qatarienne, étant, elles, au beau fixe. Ils sont d'ailleurs rapidement tombés d’accord sur la somme de 700 millions d’euros par an, en échange de l’intégralité des rencontres de la Ligue 1 pour beIN.

Cependant, la chaîne qatarienne n’a, à ce jour, toujours pas donné son aval car elle souhaite renégocier son contrat de distribution avec Canal +. Actuellement, la chaîne cryptée verse environ 250 millions d’euros par saison pour notamment la retransmission de deux rencontres par journée. Et refuse, pour l'heure, de revoir à la hausse son contrat de distribution, selon la LFP et beIN, ce que réfute Canal +. Pas abandonnée, cette solution a donc été mise en “stand-by”.

5 juin 2024 : le plan B d’une chaîne 100% foot

Face à cette situation, la LFP a proposé un “plan B”. Il vise à créer une chaîne 100% Ligue 1 à 25 euros par mois, sans exclusivité : les fournisseurs d'accès à internet comme Orange et SFR et les plateformes de streaming pourraient ainsi diffuser les matchs. Une option validée par le conseil d’administration de la Ligue, mercredi 5 juin.

Lors de cette réunion, l’appel d’offres des droits TV de la Ligue 2 a également été lancé. Il était initialement prévu en automne mais a été reporté face à l’échec de celui concernant la Ligue 1. La vente des droits de la Ligue 1 à l’international poursuit, elle, son cours. Si tous les droits n’ont pas encore été vendus, la LFP a d’ores et déjà signé des accords avec la société suisse Infront et avec Saran Media. Pour l’heure, aucun montant n’a été annoncé, mais la Ligue a confirmé à ses membres que la vente totale devrait atteindre les 160 millions d’euros contre 80 millions pour la période 2020-2024.

19 juin 2024 : vers un retour de Canal ?

Dernier rebondissement en date : franceinfo: sport a eu confirmation de l’annulation d’un rendez-vous entre Maxime Saada, le patron de Canal + et Vincent Labrune, mercredi 19 juin. Cette entrevue, qui aurait dû être la première entre la LFP et la chaîne cryptée, laisse à penser que Canal + pourrait finalement prendre part aux négociations, même si son PDG a, pour l’heure, toujours prétendu le contraire.

En attendant, le conseil d’administration de la LFP doit de nouveau se réunir, vendredi 21 juin, pour faire un point sur l’avancée des négociations. Un nouveau point étape doit également avoir lieu la semaine prochaine. Et l'assemblée générale de la LFP, qui devait se tenir le 5 juin, a été reportée "à la fin du mois de juin" dans l'espoir de présenter un accord définitif sur les droits TV de la Ligue 1. Bientôt la fin du feuilleton ?

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