Ligue 1 : comment Brest est passé d'une équipe relégable à un candidat à l'Europe en un an

Surprenant 3e de Ligue 1 avant d’affronter le PSG ce dimanche pour le compte de la 19e journée de championnat, Brest séduit par la force de son collectif.
Article rédigé par Clément Garioud
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Hugo Magnetti, Romain Del Castillo et Jérémy Le Douaron, trois joueurs relancés par Eric Roy décisifs lors du succès de Brest face à Montpellier, le 14 janvier 2024. (LOIC VENANCE / AFP)

Qui aurait pu le croire ? Le Paris Saint-Germain, leader incontesté de Ligue 1, reçoit ce dimanche 28 janvier l'un de ses premiers poursuivants, dans une dynamique exceptionnelle avec quatre victoires sur les quatre derniers matchs de championnat. Lyon ? Marseille ? Lille ? Que nenni, c'est le Stade brestois qui court après la bande de Kylian Mbappé. Surprenant au vu de la situation du club qui, à peine un an auparavant, occupait une place de relégable et changeait d'entraîneur pour faire appel à Eric Roy, pourtant sans emploi depuis son limogeage de l’OGC Nice en juin... 2012 !

À l'époque, Brest est 18e et sort d’une première moitié de saison catastrophique avec seulement deux victoires en 13 matchs. Un an plus tard, le club est troisième de Ligue 1, et enchaîne les prestations convaincantes. Une réussite qui ne doit rien au hasard pour Eric Roy qui a vu en Brest "un groupe qui avait des qualités, et a qui il fallait un peu de sérénité défensive pour pouvoir reprendre un peu de confiance".

"Quand je suis arrivé, le club était sur un bilan comptable difficile, qui normalement emmène tout droit une équipe en Ligue 2. L'équipe et le staff étaient presque traumatisés par la mauvaise série. Je les ai trouvés en manque de repères, explique à franceinfo: sport l'entraîneur brestois. Ma priorité était de lui redonner une dynamique, d'abord dans les résultats, pour remettre le club dans la course au maintien."  Aujourd'hui, l'effet "Roy" s'est infusé dans le vestiaire : "Il nous répète beaucoup qu’il faut que l’on soit une équipe chiante à jouer, difficile à battre, que pour cela, il faut mettre de l’intensité, affirmait mi-janvier Hugo Magnetti dans une interview accordée au site de la Ligue 1. Il nous transmet aussi l’idée d’avoir une identité, de jouer avec nos valeurs, ce qui revient à ne jamais rien lâcher."

La défense, priorité d'Eric Roy

L'ancien technicien niçois a revisité le système brestois. Il replace Jérémy Le Douaron dans le couloir gauche comme deuxième arme offensive, titularise le grand Steve Mounié en pointe, et fait reculer l'offensif Pierre Lees-Melou, pour le placer en sentinelle devant la défense. "Si j'avais voulu créer du beau jeu et tourner l'équipe vers l'attaque dès que je suis arrivé, on n'aurait pas pu enchaîner les résultats. Il fallait d'abord trouver notre ossature défensive pour pouvoir construire. Une équipe, c'est comme une maison, c'est avant tout des fondations solides", explique l'entraîneur.

Les résultats ne se font pas attendre : Brest enchaîne cinq rencontres sans défaite en Ligue 1, dont des prestations convaincantes à Lyon (0-0), ainsi que contre Lens (1-1) et Lille (0-0). Décrié à son arrivée sur le banc, Eric Roy fait taire les critiques en assurant le maintien du Stade brestois, avec neuf points d’avance sur le premier relégable. "Cette période nous a soudés. Et d’avoir vécu cela est bénéfique pour cette saison, car le groupe a peu changé et se connaît désormais bien", estimait l'ancien milieu stéphanois Mahdi Camara début janvier sur le site de la Ligue 1.  

Six mois plus tard, et alors que beaucoup promettaient à Brest une saison difficile dans cette Ligue 1 à 18 clubs très concurrentielle, l'équipe compte 34 points à la mi-saison, et est solidement installée sur le podium du championnat. Portés par un trident offensif très complémentaire, les hommes d’Eric Roy ont la troisième meilleure attaque avec 27 buts marqués. Deux statistiques qui représentent un record pour le Stade brestois à ce moment de l'année. "On est capable de continuer et d'être l'équipe surprise de la saison. On est un groupe avec beaucoup de caractère, c'est peut-être ce qui nous manquait les saisons précédentes", tranchait le milieu de terrain Hugo Magnetti après la victoire face à Reims le 17 septembre, l'autre équipe sensation de l'été.

Des individualités fortes dans un collectif impliqué

Dans sa quête des sommets, Brest s’appuie sur des individualités qui surnagent à l’échelle nationale... et internationale. Pierre Lees-Melou est devenu en quelques mois un membre du gratin des milieux défensifs en Europe. Le Girondin de naissance est le milieu de terrain qui récupère le plus de ballons en Europe, avec plus de dix balles gagnées par match en moyenne. Il est notamment épaulé par Marco Bizot, qui s’affirme comme l’un des meilleurs gardiens du championnat, ou par Romain Del Castillo, meilleur dribbleur de Ligue 1 depuis le début de la saison.

Des leaders affirmés qui n’ouvrent que peu la porte à de nouvelles têtes. En effet, Eric Roy est l'entraîneur de Ligue 1 qui a utilisé le moins de joueurs différents cette saison (22). "L'équipe était calibrée pour jouer un seul match par semaine, surtout avec cette Ligue 1 qui passait à 18 clubs. On n’avait pas besoin d'avoir un effectif pléthorique, l'important est d'avoir un groupe de 18-19 afin de concerner tout le monde, et que tous puissent apporter leur pierre au projet". Trois Brestois ont même disputé les 1 620 minutes possibles cette saison en Ligue 1 : le gardien Marco Bizot, et les latéraux Kenny Lala et Bradley Locko."On a des joueurs de qualité à tous les postes et tout le monde est capable de marquer. C’est ça qui fait notre force. C’est peut-être pour ça aussi qu’on est capable de gagner des matches chaque week-end", déclarait Steve Mounié en marge de la victoire face à Nantes en décembre dernier.

Alors que les Bretons s'apprêtent à vivre plusieurs semaines clés, avec des matches contre Paris, Lille ou encore Marseille, les ambitions sont toujours les mêmes pour Eric Roy qui "ne veut pas parler d'autre chose que de maintien tant que l'objectif de points n'est pas atteint. Aujourd'hui, il en manque quatre pour être comptablement maintenu, et la priorité est d'aller les chercher au plus vite."

Le maintien avant tout, mais la volonté tout de même de rêver plus grand. "Une fois ces quatre points glanés, ça sera peut-être le moment de se projeter sur autre chose, un autre but. Au-delà des points ou du classement, ce dont j'ai envie c'est surtout de faire perdurer cette dynamique où on sent les joueurs investis, qui prennent du plaisir à jouer pour le club." Avis partagé par Hugo Magnetti, pour qui Brest "a pris conscience qu'on n'était plus une petite équipe de Ligue 1. Maintenant il faut le montrer sur le terrain". Qu'ils soient une simple histoire de l'automne ou de vrais concurrents à l'Europe, le mot d'ordre restera donc le même pour les Brestois : se faire plaisir.

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