Foot : comment les autorités ont justifié l'interdiction de déplacements de supporters adverses ce week-end
Les parcages visiteurs resteront vides. Près d'une semaine après la mort d'un supporter nantais en marge de la rencontre de Ligue 1 entre le FC Nantes et l'OGC Nice, le ministère de l'Intérieur a interdit, jeudi 7 décembre, les déplacements de supporters adverses pour cinq matchs de la 15e journée du championnat de France et trois matchs du 8e tour de Coupe de France prévus du vendredi 8 au dimanche 10 décembre et classés à risques. Ces rencontres présentent un "risque réel et sérieux d'affrontements entre supporters", dans un contexte "d'exacerbation" de violences "de plus en plus graves", selon l'arrêté signé par Gérald Darmanin.
Le Conseil d'Etat a toutefois suspendu, vendredi, certains arrêtés d'interdictions de déplacements de supporters pris jeudi par le ministère de l'Intérieur, jugés "disproportionnés" et portant "une atteinte grave et manifestement disproportionnée aux libertés fondamentales". Voici comment les autorités ont justifié (parfois en vain) les interdictions prononcées pour les rencontres du week-end.
Montpellier-Lens, vendredi à 21 heures
Pour le match entre Montpellier et le RC Lens, les supporters lensois ont initialement été interdits de déplacement au stade de la Mosson. Malgré l'absence de tout "contentieux entre les supporters des deux clubs", la préfecture de l'Hérault a justifié cette décision par le contexte de la mort du supporter nantais le week-end dernier et, comme l'a repéré La Voix du Nord, par "une manifestation à caractère religieux (...) organisée dans le centre-ville, ainsi qu'un concert de l'artiste Christophe Maé" mobilisant "les services de polices compte tenu de la posture Vigipirate actuelle".
Le RC Lens avait dénoncé le "timing précipité" de cette décision et s'était interrogé sur l'interdiction d'"une rencontre non classée à risque". Une remise en cause fondée, selon le Conseil d'Etat, qui a jugé que la mesure prise par la préfecture était "disproportionnée".
PSG-Nantes, samedi à 21 heures
Avant même l'interdiction prononcée au niveau national, les supporters nantais savaient qu'ils ne pourraient pas assister au match contre le PSG au Parc des Princes. Ils avaient été "sanctionnés par la commission de discipline de la [Ligue de football professionnel] après l'usage de fumigènes", rapporte Le Parisien.
La préfecture de police de Paris et la préfecture des Hauts-de-Seine ont confirmé cette interdiction dans un arrêté pris jeudi, disant craindre des "affrontements et de violents incidents". "Il existe un antagonisme de longue date entre Karsud, groupe de hooligans parisiens, et la Brigade Loire", principal groupe ultra du FC Nantes, justifient-elles. Les autorités précisent également que "toute rencontre fortuite ou provoquée entre des éléments à risques du PSG et du FC Nantes serait de nature à causer de graves troubles à l'ordre public".
Une semaine après la mort d'un supporter nantais, il existe en outre "un risque important que les supporters du FC Nantes fassent usage massif d'engins pyrotechniques, déploient des banderoles hostiles à la direction du club nantais et multiplient les invectives". "De telles manœuvres seraient de nature à causer des tensions avec les stadiers et les supporters parisiens présents dans les tribunes attenantes", ajoute l'arrêté, qui n'a pas été suspendu.
Nice-Reims, dimanche à 13 heures
Les supporters du Stade de Reims ont, eux aussi, été concernés par une tentative d'interdiction de déplacement. La préfecture des Alpes-Maritimes avait justifié sa décision, mercredi, par "les très violents incidents s'étant produits à plusieurs reprises lors des rencontres de Ligue 1 de la première partie de la saison 2023-2024". "Le risque de trouble grave à l'ordre public est avéré", avait-elle avancé, citant également la "menace terroriste" et "la forte implication" des forces de l'ordre devant encadrer d'autres événements. Peine perdue, cette interdiction a été levée par le Conseil d'Etat
Lyon-Toulouse, dimanche à 17h05
Les supporters du Toulouse Football Club n'iront pas au Groupama Stadium de Lyon, dimanche. "Le déplacement individuel ou collectif, par tout moyen, de toute personne se prévalant de la qualité de supporter du Toulouse Football Club ou se comportant comme tel, est interdit entre les communes du département de la Haute-Garonne, d'une part, et les communes de Décines-Charpieu, Meyzieu et Lyon (Rhône), d'autre part", peut-on lire dans l'arrêté du ministre de l'Intérieur, en l'absence, cette fois-ci, d'un arrêté préfectoral.
Par ailleurs, la préfecture de Haute-Garonne (en PDF) a également déjà annoncé que les déplacements des supporters du Stade Rennais seraient interdits le dimanche 17 décembre.
Lorient-Marseille, dimanche à 20h45
Les supporters marseillais ne prendront pas non plus place dans le parcage visiteurs du stade du Moustoir à Lorient. L'interdiction, prise par arrêté de la préfecture du Morbihan, concerne "a minima 300 supporters venant de Marseille [et rejoignant] Lorient en déplacement organisé par bus". Elle justifie sa décision par "le classement du match en niveau de risque 1 par la Division nationale de lutte contre le hooliganisme du ministère de l'Intérieur, notamment en raison du volume de supporters et de l'engouement populaire". Les supporters de l'OM sont ainsi interdits d'accès "au stade Yves Allainmat [stade du Moustoir] à Lorient" et de circulation dans un périmètre défini dans l'arrêté publié mercredi.
Trois rencontres de Coupe de France également concernées
Au-delà des rencontres de la 15e journée de Ligue 1, trois matchs du 8e tour de Coupe de France classés à risques également initialement concernés samedi. Les supporters des Girondins de Bordeaux devaient être interdits de déplacement pour Angoulême-Bordeaux (samedi à 14 heures), tout comme ceux de l'AJ Auxerre pour Saint-Méziéry-Auxerre (samedi à 17 heures à Troyes). Ces interdictions ont été suspendues par le Conseil d'Etat. En revanche, les partisans du Nîmes Olympique sont bel et bien privés de stade pour Saint-Etienne-Nîmes (samedi à 15 heures).
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