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Ligue 1 : des robots pour connecter joueurs et malades hospitalisés

Pour permettre à des personnes hospitalisées de rencontrer leurs joueurs préférés, plusieurs clubs de Ligue 1 se sont dotés, ces dernières années, de robots de téléprésence. Ils offrent un moment d’évasion aux malades et créent une forme de complicité avec les sportifs, qui apprécient en retour ces encouragements alors que les tribunes sont vides. Après Lyon, Bordeaux ou le Barça, l’AS Saint-Etienne a inauguré son robot contre le PSG mercredi 6 janvier.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
L'OL a été le premier club français à acquérir un robot de téléprésence

Visiter les vestiaires, échanger avec les joueurs à leur arrivée, observer l’échauffement au bord de la pelouse… Valentine, 9 ans, hospitalisée au CHU de Saint-Etienne, a pu vivre ces moments hors du commun, mercredi soir, avant la rencontre entre les Verts et le Paris Saint-Germain. Pourtant, la jeune fille n’était pas présente physiquement au stade, mais derrière un écran. Une opération rendue possible par l’acquisition d’un robot de téléprésence par la fondation ASSE Coeur-Vert.

"Nous faisions régulièrement venir des enfants à Geoffroy-Guichard, mais avec la situation sanitaire et le huis clos, il a fallu trouver une alternative", raconte Lionel Potillon, directeur de la fondation. Les jeunes patients hospitalisés sont aussi très demandeurs : "Valentine attendait ça depuis des jours, et elle était ravie, comme ses parents, d’autant que les joueurs de Saint-Etienne et du PSG ont parfaitement joué le jeu. C’est une parenthèse enchantée de deux heures, où elle a pensé à autre chose que sa maladie", se réjouit l’ancien défenseur des Verts.

A l’origine, ces robots n’étaient pourtant pas destinés à se retrouver au bord des pelouses. "Le robot était plutôt pensé pour les entreprises et les visio-conférences, mais le sport a créé un nouveau cas d’usage", explique Salim Azouzi, directeur commercial au sein de l’entreprise lyonnaise Awabot. Et c’est le club local, l’Olympique Lyonnais, qui a été le premier à sauter le pas, en 2016, en acquérant un robot, financé entièrement par Rafael, son ancien arrière-droit, qui évolue désormais à Istanbul Basaksehir. "Nos joueurs et joueuses se déplacent régulièrement dans les hôpitaux pour rencontrer les enfants hospitalisés. Et pour diversifier nos liens avec eux, notamment ceux qui sont en chambre stérile et qui ne peuvent pas se déplacer, on leur a renvoyé la balle, et ce sont finalement eux qui viennent nous rendre visite à travers le robot", raconte Maëlle Trarieux, déléguée générale de l’OL Fondation.

"Pour nous malades, c'est important de se sentir soutenus"

En France, l’OL a depuis été imité par le PSG, Bordeaux, et donc Saint-Etienne, mais aussi par le Rugby Club Toulonnais. A l’international, le FC Barcelone s’est lui aussi procuré un robot, notamment pour permettre les visites à distance du Camp Nou, son stade. La Fédération française de rugby (FFR) a également déployé un robot de téléprésence lors des derniers matches des Bleus au Stade de France en novembre 2020, et la Fédération française de football (FFF) a permis à deux jeunes malades de rencontrer les joueurs et joueuses de l’équipe de France, en partenariat avec le Téléthon. "Sur le moment, j’ai eu du mal à réaliser. J’ai 24 ans, mais mon âme de petit garçon qui collectionnait les stickers Panini est ressortie ce jour-là, avec les yeux qui brillaient, même derrière l’écran", raconte Jonas, qui a pu échanger avec les Bleus, visiter Clairefontaine, et assister au début de leur entraînement.

Passionné de football, il est atteint d’un type de myopathie des ceintures qui provoque une dégénérescence progressive de ses muscles. Les quelques mots de soutien de ses idoles l’ont touché : "Pour nous, malades, c’est très important de se sentir soutenus, de voir qu’il y a des gens présents pour nous faire rêver, nous rendre heureux. C’est une bulle d’air. Depuis novembre, ils m’ont peut-être oublié, mais moi je ne les ai pas oubliés". Supporter du PSG, il a aussi profité de ces instants privilégiés pour faire passer quelques messages aux joueurs parisiens de l’effectif : "J’ai quand même réussi à dire à Mbappé qu’il fallait qu’il prolonge au PSG".

Un soutien pour les personnes malades… et pour les joueurs

Les robots de téléprésence installent, le temps de quelques instants, une complicité entre les enfants hospitalisés et leurs idoles. "On accroche une étiquette avec le prénom de l’enfant, pour que les joueurs et joueuses puissent l’appeler par son prénom", raconte Maëlle Trarieux.  "On leur passe un petit coucou, on leur demande si ça va bien, et on échange quelques mots et des sourires. Je pense que ça leur apporte de la joie et que ça leur met du baume au cœur ", nous confie Maxime Poundjé, arrière gauche des Girondins de Bordeaux, qui a tenu à participer au financement de l’Awabot pour son club via sa fondation Pauline Poundjé, du nom de sa grand-mère.

L’Olympique Lyonnais utilise son robot en partenariat avec le centre hospitalier Léon Bérard, spécialisé dans la prise en charge des cancers pédiatriques. Et au delà des matches, il permet également aux enfants d’assister à des entraînements et de visiter le musée du club. "Les médecins savent maintenant qu’ils peuvent faire appel à nous, pour aider les enfants à s’évader, et à faire passer le temps plus rapidement pendant leur dialyse par exemple. Ça améliore le moral des petits patients, et ça ne peut que les aider dans leur guérison", rapporte Maëlle Trarieux. Certains ont parfois même la chance, une fois en rémission, de pouvoir rencontrer les joueurs en chair et en os, au centre d’entraînement de l’OL.

Mais les effets positifs de ces échanges à travers les robots ne concernent pas seulement les enfants hospitalisés. Les joueurs eux-mêmes sont touchés par les quelques mots de soutien de leurs jeunes supporters. "En tant que footballeur, on se sert de toutes les énergies positives que l’on peut nous donner. Mes coéquipiers ont aussi apprécié l’initiative et les encouragements que l’on reçoit", assure Maxime Poundjé.

D’autres nouveaux robots en Ligue 1 ?

Un tel robot de téléprésence, customisé aux couleurs des clubs, coûte 20 000 €. L’entreprise qui le conçoit espère continuer à se développer dans le milieu du sport : "Aujourd’hui, on a pour objectif de déployer ces robots dans le plus de clubs possibles, et on a l’ambition de collaborer aussi avec un certain nombre de clubs étrangers, et dans un maximum de sports", assure Salim Azouzi. Maëlle Trarieux espère aussi que d’autres équipes de Ligue 1 se procureront un robot : "A Lyon, on était les premiers, mais on ne voudrait pas être les seuls."

"C’est super que cette initiative se développe, ça nous permet de faire le déplacement avec l’Awabot quand le club adverse en possède un aussi, comme on l’a fait à Bordeaux ou Barcelone"
.  Pour déployer un tel dispositif, il faut toutefois que le stade offre une bon réseau wifi ou 4G, et qu’il n’y ait pas trop de marches, pour faciliter le déplacement du robot. En attendant que les règles sanitaires soient assouplies, et que le huis clos prenne fin, les enfants et adultes hospitalisés profitant du robot restent pour l’instant les seuls supporters "présents" dans les stades.

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