Ligue 1 : en tribunes, une saison insupportable
Spectaculaire sur les pelouses, la saison 2021-2022 a trop souvent dérapé dans les tribunes. Retour sur une année dont on se souviendra pour de mauvaises raisons.
Joueur agressé, envahissements de terrain, jets de projectiles, tergiversations des instances... Après plusieurs années de progrès dans la gestion des supporters de football - avec plus de dialogue et moins d’incidents -, le football français est retombé dans ses travers cette saison. La faute à une interminable série d’incidents qui ont émaillé la première partie de l'exercice, avant que les institutions ne se braquent. Retour sur une année insupportable en tribunes.
Dès la première journée, le ton a été donné au stade de la Mosson de Montpellier, où le Marseillais Valentin Rongier a été pris pour cible alors qu’il s’échauffait au bord de la pelouse. Le milieu de l’OM a reçu une bouteille lancée des tribunes, ce qui a provoqué l’interruption du match, et la fermeture de deux tribunes montpelliéraines pour trois rencontres. Le premier incident d’une longue série de jets de projectiles.
Dimitri Payet, la cible
A Nice, lors de la troisième journée, c’est Dimitri Payet qui a été visé par des supporters niçois, avant que plusieurs dizaines d'entre eux n’envahissent le terrain pour en découdre, s’en prenant même physiquement au Réunionnais. Arrêté à la 75e minute alors que Nice menait 1-0, le match avait été rejoué sur terrain neutre à huis clos (1-1), après que les Niçois ont été sanctionnés d’un retrait d’un point (sans lequel ils auraient terminé quatrième du championnat…).
Quelques semaines plus tard, le 21 novembre à Lyon, Dimitri Payet était de nouveau touché par une bouteille partie des tribunes du Groupama Stadium. Ce qui avait provoqué là aussi l’arrêt de la rencontre, après d’interminables tergiversations dans les couloirs du stade, et un match à rejouer à huis clos. Un scénario qui a poussé les autorités à enfin adopter un protocole clair de 30 minutes maximum pour décider du sort d'une rencontre.
Un spectacle qu’on a vu se reproduire trop souvent cette saison, que ce soit en Ligue 1 mais aussi à l’échelon inférieur, lors d’Ajaccio-Niort le 21 septembre, ou entre supporters comme lors de Metz-PSG le lendemain. Des Parisiens qui, un mois plus tard, ont également passé une soirée compliquée au Stade Vélodrome, lors du Classique contre l’OM. Des projectiles ont plu sur les joueurs du PSG à chaque corner, avant que Payet ne tente de calmer la foule. Pas la peine de poursuivre la liste des incidents, le constat est clair : leur nombre a explosé cette saison.
Lille, Lens, Angers, Montpellier, Bordeaux...
Mais il n’y a pas que les projectiles qui ont posé problème. Le retour des envahissements de terrain a aussi frappé les esprits. Outre le triste exemple niçois évoqué plus haut, le derby Lens-Lille, qui s'est déroulé à la mi-septembre, a vu déferler sur le terrain des ultras lensois descendus de leur tribune pour aller défendre des supporters attaqués par les ultras du parcage lillois. Le match avait repris avec 30 minutes de retard.
Quatre jours plus tard, à Angers, la scène s’est reproduite entre supporters angevins et marseillais. Ces derniers, excédés de recevoir toutes sortes de projectiles et pétards lancés par les adversaires, ont quitté leur parcage pour aller en découdre après le coup de sifflet final. Un exemple symptomatique du regain de violence d’une certaine frange, minoritaire mais visible, des supporters. Autre illustration, en Ligue 2 : l’altercation entre Khalid Boutaïb, attaquant du Havre, et un supporter normand lors d’une rencontre contre Toulouse, toujours en septembre.
Une violence qu’on a également retrouvée hors des stades, avec des fights (combats planifiés ou non entre hooligans de clubs différents) de plus en plus nombreux, bien que la majorité ne soient pas médiatisés. Des bagarres ont souvent éclaté, comme la rixe précédant Montpellier-Bordeaux faisant 16 blessés, dont six hospitalisés. On se souvient également du triste spectacle dans les tribunes du stade Charléty lors du 32e de finale de Coupe de France entre le Paris FC et Lyon, en janvier.
Malgré l’appel de la ministre des Sports à des sanctions individuelles début décembre, les autorités ont serré la vis en deuxième partie de saison en multipliant les sanctions collectives, interdisant la plupart des déplacements de supporters. Résultat : la fin du championnat a été beaucoup plus calme, en apparence. Les seuls remous observés reviennent plutôt à des contestations de supporters face aux dirigeants de leur club, et/ou aux résultats.
Onze huis clos, 35 fermetures de tribunes
A Saint-Etienne, où la saison n’a pas été rose, les tribunes ont aussi fait parler d'elles, notamment lors de Saint-Etienne-Monaco, le 23 avril. Ce soir-là, les Green Angels - un groupe ultras stéphanois - fêtaient leurs 30 ans avec ostentation. Les feux d’artifice tirés depuis la tribune ont provoqué l’interruption de la rencontre. Mais on parle là d’un spectacle pyrotechnique un peu trop démonstratif, et non d’une contestation comparable à celle ayant causé l’arrêt de la rencontre Nancy-Quevilly, provoqué la veille par les fans nancéiens, désespérés par la situation de leur club. Enfin, les dernières journées de championnat ont été marqué par le cas de Nice-Saint-Etienne, avec un chant moquant la mort d’Emiliano Sala descendu des tribunes niçoises.
Les chiffres de la saison témoignent d’un exercice hors du commun, avec 11 huis clos prononcés, 35 fermetures de tribunes, 24 fermetures de parcages, et 130 interdictions de déplacements. Une année à oublier pour le football français, mais surtout à bien analyser, pour ne pas la voir se reproduire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.