Ligue 1 : Jorge Sampaoli et Bruno Génésio, soir de premières
39 jours plus tard, tout a changé. Initialement prévu le 30 janvier, ce Marseille - Rennes comptant pour la 22e journée de Ligue 1, se déroule ce mercredi soir avec une situation qui n'a plus rien à voir dans chaque club. A l'OM, la rencontre avait été décalée à la suite de l'invasion de la Commanderie par des dizaines de supporteurs marseillais. Cette action a entraîné douze condamnations mais également le retrait de la présidence à Jacques-Henri Eyraud ainsi que la démission d'Andre Villas-Boas, remplacé par Jorge Sampaoli. En Bretagne, une mauvaise dynamique (une seule victoire en dix matches) a poussé Julien Stéphan à quitter ses fonctions après une ultime défaite face à Nice (2-1). C'est Bruno Génésio qui a pris sa succession.
Leur dernière expérience
• Jorge Sampaoli au Brésil
L'Argentin a une carrière d'entraîneur avec une progression que l'on peut difficilement qualifiée de linéaire. Après son limogeage de la sélection argentine au lendemain d'une élimination en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2018 contre l'équipe de France (4-3), Sampaoli a rejoint le Brésil, d'abord à Santos et enfin à l'Atlético Mineiro où il aura passé moins d'un an. Arrivé en mars 2019, il a quitté son poste avec un seul titre, celui de champion de l'Etat du Minas Gerais. Au niveau national, l'ancien coach de Séville a emmené l'Atlético Mineiro sur la troisième marche du podium de la Serie A brésilienne, à seulement trois points de Flamengo, le club champion. C'est la première fois que le club brésilien retrouvait le podium depuis la saison 2014/2015 (2e).
• Bruno Génésio en Chine
C'est une expérience particulière qu'a vécu Bruno Génésio en Chine, dans le club de Beijing Guoan. L'ancien Lyonnais a d'abord réussi une excellente demi-saison 2019 en parvenant à battre le record de points (70) du club en championnat chinois et en décrochant une deuxième place, à seulement deux points de Guangzhou Evergrande. Mais la saison suivante, chamboulée par la Covid-19, a obligé Bruno Génésio à diriger son équipe ...à distance. Depuis la France, le coach donnait ses consignes et ses conférences de presse en visio avant que la saison ne redémarre en juillet 2020. Il la terminera en troisième position d'un Superleague chinoise raccourcie et remodelée. Il a terminé son expérience par une élimination en quarts de finale de la Ligue des champions d'Asie.
Leur caractère
• Jorge Sampaoli, le sanguin
Fou de rage, Jorge Sampaoli a fait irruption sur le terrain, s'approchant vigoureusement de l'arbitre principal aux abords de la surface de réparation, c'est à dire assez loin de sa zone technique, pour l'apostropher sur une décision qu'il considérait litigieuse. Cette scène datant du 21 février, lors de son avant-dernier match à la tête de l'Atlético Mineiro, a fait le tour du monde et montre assez bien le caractère impulsif de l'Argentin. S'il serait réducteur de le considérer uniquement comme un entraîneur sanguin, s'égosillant assez facilement, ne pas l'évoquer nous ferait tout de même passer au travers de ce qu'est véritablement ce disciple de Marcelo Bielsa. Certains chiffres appuient ce constat : il a écopé de onze cartons jaune avec Santos (2018-2019) puis sept avec l'Atlético Mineiro, devenant le premier entraîneur suspendu pour trois avertissements.
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• Bruno Génésio, colérique autoproclamé
Ce n'est pas véritablement l'effet qu'il donne sur le bord du terrain mais dans une interview datée du 19 février 2019 pour So Foot, l'entraîneur avouait son caractère "colérique". "Ca veut dire épidermique, réagir à chaud", précisait Bruno Génésio dans ce même entretien. A certains moments, ce manque de recul a pu lui valoir quelques sorties virulentes en conférence de presse, notamment lorsqu'il était sous le feu des critiques à la fin de sa période sur le banc de l'Olympique lyonnais. Mais sur le bord du terrain, Bruno Génésio est relativement calme, à l'opposé de son homologue du soir Jorge Sampaoli.
Le style de jeu
• Jorge Sampaoli, homme de principes
L'entraîneur argentin a toujours imposé sa patte sur les équipes qu'il a dirigées. Parmi les principes immuables de Sampaoli, l'envie d'avoir le ballon et de l'utiliser à bon escient, c'est-à-dire ne pas le monopoliser sans réelles intentions. Pour cela, l'ancien coach de Séville demande souvent à ses joueurs de relancer de derrière via des circuits de passes travaillés et répétés. Dans le jeu offensif, il s'appuie énormément sur la largeur, notamment de ses latéraux ou bien même de ses défenseurs centraux pour une relance efficace. Sans le ballon, ses équipes jouent souvent relativement haut afin de récupérer le ballon le plus vite possible, par une interception ou en forçant le jeu long adverse. En définitif, l'animation est bien plus importante à ses yeux que le système, qu'il ne s'empêche d'ailleurs pas de changer régulièrement.
• Bruno Génésio, homme versatile
C'est souvent sur ce point que Bruno Génésio suscitait de vives critiques lors de son passage à l'Olympique lyonnais. Des critiques dont il avait fini par s'agacer comme il l'avait confié à So Foot. "J'ai l'impression qu'en France, on aime bien coller des étiquettes aux gens, quels qu'ils soient, soupirait-il. Moi, je suis l'entraîneur gentil qui n'a pas de principes de jeu, qui a réussi les six premiers mois, seulement parce que je suis copain avec les joueurs." Dans les faits, Bruno Génésio est pragmatique dans le sens où il n'a pas un système de préférence qu'il utilise obligatoirement. A Lyon, il fonctionnait par période, en reconduisant un système quand les résultats suivaient avant d'en changer après quelques accrocs. Mais dès son arrivée en Bretagne, Génésio a assuré vouloir perpétuer le jeu de possession installé par son prédécesseur Julien Stéphan. "C'est une équipe construite pour avoir la possession, glissait le nouveau coach Rouge et Noir lors de sa conférence de presse de présentation. Ce qui leur manque à mon goût, c'est de la prise de risque, du changement de rythme, le sens du sacrifice. Il faut être plus agressif, avoir envie de marquer."
Les défis qui les attendent
• Jorge Sampaoli, réconcilier les supporteurs
L'ancien sélectionneur du Chili et de l'Argentine arrive en terrain miné à l'Olympique de Marseille. Plus d'un mois après les incidents de la Commanderie, Jorge Sampaoli débarque pour succéder à Andre Villas-Boas qui, s'il avait ramené l'OM en Ligue des champions, avait fini par décontenancer les fans marseillais par sa communication ces derniers mois. Après sa démission, le président Jacques-Henri Eyraud a été évincé, remplacé par Pablo Longoria. Le natif de Casilda peut finalement profiter de cette période de renouveau à Marseille, où le volcanique entraîneur se sentira certainement comme chez lui, dans une ville qui lui ressemble. Les promesses de son passé, de son caractère et surtout de son style de jeu enchantent déjà les supporteurs du club olympien. A lui désormais de matérialiser ces promesses, de les rendre concrètes pour permettre à Marseille d'accrocher la cinquième place détenue par le RC Lens et seulement qualificative pour la Ligue Europa Conférence, la nouvelle compétition européenne (C4). En cas de victoire ce mercredi, elle ne sera plus qu'à deux unités.
• Bruno Génésio, inverser la tendance
Pour l'ancien milieu de terrain, la tâche qui l'attend en Ille-et-Vilaine sera difficile à double titre, sans savoir laquelle sera la plus simple. Il doit à la fois redonner confiance à une équipe qui joue la tête à l'envers en 2021 mais également convaincre les supporteurs rennais qu'il est l'homme de la situation. Côté sportif, Bruno Génésio arrive chez les Rouge et Noir au moment où ils n'ont gagné qu'une seule fois sur les dix dernières rencontres, soit une seule victoire en 2021. Les Bretons sont 18e du classement sur la phase retour avec seulement cinq points glanés en huit rencontres. Seuls Marseille (4 points) et Dijon (1 point) font pire sur la même période. Dixième, le SRFC a l'occasion ce mercredi de se rapprocher de la cinquième place qui est, comme l'OM, l'objectif prioritaire du club. Vis à vis des fans, Bruno Génésio succède à Julien Stéphan, natif de la ville, très attaché au club et qui a surtout redonné de la fierté aux Rennais en remportant la Coupe de France 2019 - premier trophée depuis 1983 - et en se qualifiant jusqu'en huitièmes de finale de la Ligue Europa en 2019. Les banderoles déployées le week-end dernier dans toute la capitale bretonne pour le remercier démontrent que l'ex-entraîneur ne sera pas oublié. De plus, Génésio est considéré comme l'homme du directeur sportif Florian Maurice et ses débuts seront donc scrutés avec beaucoup d'attention.
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