Ligue 1 : "La bêtise de 30 sur 36 000 suffit à tout gâcher", ne décolère pas Jérôme Alonzo après les incidents du match Nice-Marseille
Après avoir jeté des projectiles sur les joueurs marseillais, des supporters niçois ont envahi le terrain. Après 1h30 d’interruption, les Marseillais ont finalement refusé de reprendre le match.
L’OM a de nouveau été la cible de violences de supporters dimanche soir à Nice. Excédé, Dimitri Payet a renvoyé une énième bouteille en plastique, provoquant une invasion du terrain. Rentrés au vestiaire, les joueurs marseillais ont refusé de reprendre le match alors que Nice menait 1-0 et qu’il restait 15 minutes à jouer. Jérôme Alonzo, ancien joueur du PSG et consultant football de franceinfo, exprime sa tristesse, son sentiment d'impuissance et sa colère. "On ne s’y fait jamais", déplore-t-il.
franceinfo : Comment réagissez-vous à l’attitude des supporters qui retrouvaient le stade après une saison à huis clos ?
Jérôme Alonzo : Je suis atterré. J'ai beau avoir 48 ans et avoir vécu 20 ans sur les terrains, on ne s’y fait jamais. La bêtise survit aux générations, aux années, aux époques. Effectivement, je suis très triste, très en colère, d’autant plus que c’est un stade et deux clubs qui me sont très chers. Et je me sens tellement impuissant. C’est toujours pareil, c’est irresponsable de la part de 100 personnes sur 36 000. Et encore, je dis 100 c'est peut-être même 50. Toute ma vie, j'ai été victime de 50 ou 30 abrutis sur 50 000 ou 80 000. Mais c'est trente-là font que notre métier et que les supporters sont pointés du doigt tout le temps.
"On passe pour des idiots, des imbéciles, des abrutis, aux yeux de tous les autres sports aussi parce que ça n'arrive jamais au rugby, jamais au basket, jamais au hand, jamais au volley, jamais nulle part à part chez nous."
Jérôme Alonzoà franceinfo
J'insiste. La bêtise de 30 sur 36 000, ce n'est pas énorme, mais cela suffit à tout gâcher.
Vous avez joué à Nice, avec l'OM aussi, avec Paris, Nantes, Saint-Étienne. Des derbys chauds, vous en avez connu. Comment gère-t-on en tant que joueur ces situations ?
On peut comprendre que les Marseillais, dont deux ou trois joueurs ont été touchés physiquement, ne veuillent pas reprendre le match. La nuit d'après est compliquée souvent parce que vous revivez forcément les images. Vous rejouez le film des tas de fois dans votre tête. Le mieux, c'est d'en parler. Il ne faut vraiment pas rester dans son coin. Il faut évacuer tout ça le plus possible entre soi. Ce sont des événements traumatisants. Mais la vie continue. Il y a des matchs tout le temps. Il faut repartir très vite. Évidemment, le vestiaire marseillais va être pollué par tout ça. Mais le vestiaire niçois aussi parce que c'est un événement que les deux équipes ont vécu de manière très intense. Pour les joueurs, ce sont de longues heures sans sommeil.
Marseille va-t-il être sanctionné pour ne pas avoir repris le match ?
On avait compris assez tôt dans la soirée que les Marseillais ne souhaitaient pas reprendre le fil de la rencontre parce qu’eux pensaient, de bonne foi, que l'intégrité physique de leurs joueurs n'était pas garantie. Il y avait un danger physique potentiel. On a vu des supporteurs niçois envahir le terrain, venir en découdre physiquement vers le point de corner avec Dimitri Payet et Alvaro. Constatant cela, les dirigeants marseillais, je pense en concertation avec les joueurs, ont décidé assez tôt de ne pas reprendre le match, ce que l'arbitre a constaté. J’essaie de me mettre dans la peau des deux équipes. Nice avait le match en main, jouait très bien pendant cette période-là. Pour eux, la justice est sportive et pour Marseille, la justice est extra sportive. Ce qui est certain, c'est que l'arbitre est venu faire reprendre le match en accord avec la préfecture de police et la Ligue. Donc, ça veut dire qu'il y a une décision officielle qui a été prise. Le match pouvait reprendre. Donc, les Niçois sont sur le terrain. L'arbitre a fait reprendre l’action où elle s’était arrêtée au point de corner niçois. Les Marseillais n'étant pas là, l'arbitre a constaté leur absence. Normalement dans ce cas-là, c’est match perdu sur tapis vert 3-0 par les Marseillais. Mais étant donné tous les évènements, étant donné qu'effectivement, Dimitri Payet a été victime des premiers jets de projectiles et que c’est ce qui a provoqué en premier lieu l'arrêt du match, je pense qu'on n'en restera pas là et que Marseille va utiliser tous les recours auxquels il a droit.
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