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Ligue 1 : le téléspectateur va-t-il bientôt entendre les arbitres ?

Les instances dirigeantes du football français et le diffuseur principal de la Ligue 1, Amazon, souhaitent rendre public les conversations des arbitres avec les joueurs durant les rencontres.

Article rédigé par franceinfo - Julien Froment
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'arbitre Johan Hamel (à droite) donne un carton jaune lors d'un match de Ligue 1, au stade de la Beaujoire à Nantes, le 13 février 2022. (LOIC VENANCE / AFP)

C’était le 4 février, au stade Vélodrome, à l’occasion du match Olympique de Marseille-Angers, en ouverture de la 23e journée de Ligue 1. C’est passé inaperçu et pourtant l’arbitre de la rencontre Jérémy Stinat était équipé, par le diffuseur Amazon, d’un micro. Les échanges n’ont pas été diffusés pendant la rencontre, mais a fait l’objet d’un résumé d’après-match où l’on entend distinctement l’homme en noir distillé ses explications aux joueurs, sur un but ou une faute.

L’exemple du rugby

Entendre les arbitres expliquer leur décision, c’est inédit en football mais c'est déjà une habitude dans un autre sport, au ballon plus ovale, le rugby. Depuis près de vingt ans, sous l’impulsion d’un autre diffuseur, Canal +, les hommes en noir sont équipés d’un micro. "Le micro, c’est un atout, ça permet de verbaliser et de donner de l’accessibilité à la décision aux spectateurs comme aux téléspectateurs", explique pour franceinfo Romain Poite, arbitre international qui tirera sa révérence à la fin de la saison. "C’est aussi un devoir pour la personne qui le porte d’avoir le respect qu’il faut et les bons mots au moment dans la rencontre, ajoute-t-il. C’est quelque chose qui forcément fait avancer l’arbitrage en général et on pourra le mettre en superposition avec d’autres disciplines."

La France prête à expérimenter la sonorisation

Pour sonoriser tous les arbitres de Ligue 1 et retransmettre en direct ces conversations, le dispositif doit être validé par l’International football association board (Ifab), c’est le gardien des règles du jeu. Depuis plusieurs mois, L’Ifab planche justement sur cette question de la sonorisation des arbitres. La France suit attentivement l’évolution du dossier. "On a toujours eu le cœur ouvert pour cette technologie, rappelle Eric Borghini, président de la Commission fédérale des arbitres à la FFF. Dès que l’Ifab lancera les expérimentations, la France lèvera la main pour être candidat pilote de la sonorisation des arbitres. C’est dans l’air du temps, dans la continuité de l’assistance vidéo."

Joël Quiniou, ancien arbitre international, recordman de match en phases finales de coupe du monde avec 9 rencontres au sifflet, est favorable à l’arrivée de la sonorisation. "Cela changerait les relations entre les arbitres et les acteurs du jeu. On ne pourrait plus remettre en doute la version de l’arbitre et les joueurs, sachant les échanges rendus public, ils n’auraient pas envie d’en rajouter", estime l'ancien arbitre international.

"Parfois, on voit bien que ça part en eau de boudin. Avec les micros, ça changerait forcement le comportement des uns et des autres, et ça, ce serait une bonne chose."

Joël Quiniou, ancien arbitre international

à franceinfo

L’envie de sonoriser les arbitres n’a rien de philanthropique, c’est aussi un moyen pour la Ligue de football professionnel de football de valoriser le produit Ligue 1. Des diffuseurs aimeraient, a-t-on expliqué à franceinfo, filmer également l’avant-match dans le vestiaire des arbitres, au moment des échanges avec les capitaines des deux équipes. Aucune date n’a été encore fixée pour d’éventuels tests, on devrait en savoir plus le 3 mars prochain, à l’occasion de l’assemblée annuelle générale de l’Ifab.

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