Ligue 1 : comment le promu lensois s’est mué en candidat à l’Europe
De retour en Ligue 1 cette saison, le RC Lens réussit une saison historique, récompensée par une cinquième place avant d’affronter samedi le PSG.
Après cinq années de galère en Ligue 2, le Racing Club de Lens a réussi un retour très remarqué en Ligue 1. Et les Sang & Or ne s’attendaient certainement pas à vivre une fin de saison aussi palpitante. A l’heure d’affronter le PSG samedi 1er mai (17 heures), à quatre journées de la fin du championnat, les Lensois occupent la cinquième place (à égalité de points avec l’OM, deux devant Rennes), synonyme de qualification pour la prochaine Ligue Europa Conférence. Mais pour la garder, le RCL va devoir être solide puisque sur les quatre dernières journées, les Artésiens défient les trois candidats au titre : le PSG donc, mais aussi Lille et Monaco. Autrement dit, s’il faut suivre un club en cette fin de saison, c’est bien le RC Lens, à la fois candidat à l’Europe et arbitre dans la course au titre. Voilà pourquoi.
Un mercato réussi
Lors de son dernier - court - passage en Ligue 1 en 2014-15, le RC Lens avait marqué par son instabilité, qui l’avait conduit vers une relégation inévitable. Les déboires de l’actionnaire Hafiz Mammadov avaient conduit le club à sa perte. Cinq ans plus tard, c’est un autre RCL qui a retrouvé la Ligue 1, celui du propriétaire et président Joseph Oughourlian. Depuis son arrivée, l’homme d’affaires français s’est attelé à assainir les finances du club. Or, c’est justement cette stabilité retrouvée et la fin de la folie des grandeurs qui a permis au RC Lens de réaliser un mercato estival réfléchi, et diablement efficace.
Pour preuve, les statistiques des recrues phares. Chez les buteurs, Arnaud Kalimuendo (7 buts, 4 passes décisives) et Ignatius Ganago (6 buts) brillent, souvent bien servis par le roc du milieu, Seko Fofana (4 passes décisives), ou le latéral droit Jonathan Clauss (6 passes décisives). Et tout cela, sans parler de Gaël Kakuta (voir par ailleurs). Or, tous ces joueurs ont posé leurs valises cet été dans l’Artois. Si le RC Lens a passé un gros cap pour son retour en L1, il leur doit beaucoup. Mais c’est surtout parce qu’il les a bien choisis.
"On ne me connaît pas. C’est une réalité pour le grand public comme celui de Lens"
Franck Haiseà L'Equipe en juin 2020
Franck Haise, le pari réussi
"On ne me connaît pas. C’est une réalité pour le grand public comme celui de Lens. La légitimité d'un staff de Ligue 1 ne viendra que des résultats", avouait Franck Haise à L'Equipe en juin 2020, l'entraîneur du RC Lens. Et pour cause : le technicien artésien n’avait jamais officié à ce niveau avant, lui qui n’avait d’ailleurs dirigé que deux matches sur le banc du RCL en mars 2020, avant l’interruption de la saison à cause du Covid. Mais cela lui avait suffi pour réveiller ses troupes et assurer la montée du club en L1. De quoi convaincre ses dirigeants de lui confier les commandes de l’équipe pour le retour dans l'élite, et avec succès.
Car s’il n’avait jamais coaché à ce niveau, l’entraîneur lensois a vite pris ses aises et imposé ses idées offensives. Puisque l’on parle d’un passionné d’œnologie, disons-le : Franck Haise est un grand cru, longtemps affiné dans les divisions amateurs (Stade mayençais, US Changé), avant de s’avérer être un excellent formateur (Lorient, Lens). Discret mais affirmé, à la fois meneur d’hommes et fin tacticien : Franck Haise a déjà réussi son pari, peu importe l’issue de la saison.
Un style de jeu offensif
L’une des grandes réussites de Franck Haise, c’est d’avoir su donner une vraie identité de jeu à son équipe. Là où les promus se contentent souvent du minimum, le RC Lens est revenu en Ligue 1 avec une ambition : être une équipe aussi agréable à voir jouer que son public à écouter. Mission réussie. Dans le 3-4-1-2 original pensé par Haise, les Artésiens prennent et donnent beaucoup de plaisir, avec un style de jeu résolument offensif, à l’image des latéraux. Une rencontre résume cet état d’esprit : le match nul fou contre Reims (4-4) où, menés 4-2 à la 81e minute, les Lensois sont revenus au score. Pour résumer : on s’est rarement ennuyé devant un match du RC Lens cette saison. Et, cerise sur le gâteau, ça a aussi réussi au club contre les cadors du championnat : le PSG, Monaco, Rennes ou Marseille se sont notamment inclinés cette saison contre le promu. Tout sauf un hasard.
52 - Lens après son succès de cet après-midi contre Lorient :
— OptaJean (@OptaJean) April 11, 2021
assuré de se maintenir en Ligue 1 pour la 1ère fois depuis 2009/10
52 points, son meilleur total après 32 matches depuis 2001/02 (61) et meilleur total pour un promu depuis Monaco en 2013/14 (66)
Résurrection. pic.twitter.com/nzo1E5rqQy
Le joueur : Gaël Kakuta
Forcément, quand une équipe tourne aussi bien, beaucoup de joueurs se mettent en valeur et les belles histoires s’empilent. On peut par exemple citer celle de Florian Sotoca, qui découvre la Ligue 1 cette saison à 30 ans alors qu’il était encore amateur en 2018, ce qui ne l’a pas empêché d’inscrire 8 buts, déjà. Mais le joueur clé du RCL, c’est Gaël Kakuta. Formé au club mais parti à Chelsea à 18 ans, sans disputer le moindre match avec Lens, le numéro 10 y est finalement revenu onze ans plus tard.
Et bien lui en a pris : dans une équipe construite autour de lui, Kakuta rayonne en soutien des deux attaquants avec 11 buts et 5 passes décisives. Longtemps incapable de se stabiliser dans un club, le Lensois - prêté par Amiens - pourrait enfin le faire chez lui, puisque une option d’achat automatique et un contrat de trois ans l’attendent cet été en cas de maintien du RC Lens. Un maintien acquis depuis longtemps. Désormais, le club Sang & Or regarde vers l’Europe.
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