Cet article date de plus d'un an.

Ligue 1 : penalty à Marseille, pas à Paris... Les mains dans la surface, sempiternelle source de polémiques

La 29e journée de Ligue 1, conclue dimanche 2 avril, a été marquée par une polémique autour de deux mains dans la surface, à Paris et à Marseille, aux conséquences différentes.
Article rédigé par franceinfo: sport, Vincent Daheron
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'arbitre François Letexier lors de la rencontre de la 10e journée de Ligue 1 entre Lille et Lens, au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq, le 9 octobre 2022. (MATTHIEU MIRVILLE / AFP)

Deux matchs, deux mains dans la surface et deux décisions différentes. Vendredi 31 mars, lors de la 29e journée de Ligue 1, le Montpelliérain Mamadou Sakho a été sanctionné d'un penalty pour une main dans la surface contre Marseille (1-1). Deux jours plus tard, dimanche 2 avril, la même mésaventure est arrivée au Lyonnais Dejan Lovren dans la victoire de l'OL au PSG (1-0), mais cette fois, l'arbitre n'a pas accordé de penalty. Deux situations qui rappellent l'incompréhension récurrente des acteurs et observateurs du jeu face à des décisions arbitrales différentes, d'une semaine à l'autre, pour un geste comparable.

"Quand on siffle une main un week-end et pas le suivant pour un geste identique, c'est difficile pour les joueurs", pose Jérôme Alonzo, consultant pour Radio France. "Il faut comprendre que l'arbitrage reste une activité humaine et qu'arbitrer, par définition, c'est interpréter, tempère Bruno Derrien, ex-arbitre international de football. Mais pour que les décisions soient mieux acceptées, il faut essayer de tendre vers une forme d'uniformisation."

Dans les faits, l'arbitre de PSG-Lyon, François Letexier, s'en est remis à l'aide de ses assistants préposés à l'arbitrage vidéo (VAR). Après une rapide vérification, l'homme en noir a intimé aux joueurs de reprendre le jeu sans être allé visionner lui-même les images. Ses confrères ont donc considéré que la main n'était pas répréhensible.

"Juger l'intention est très compliqué"

L'Ifab ("International football association board"), dépositaire du règlement, définit ce qu'est une main répréhensible dans la loi du jeu numéro 12. Celle-ci prévient, en préambule, que "tout contact entre le ballon et le bras ou la main d’un joueur ne constitue pas nécessairement une infraction". Avant de préciser qu'il y a faute si un joueur "touche délibérément le ballon du bras ou de la main, par exemple avec mouvement du bras ou de la main vers le ballon ; touche le ballon du bras ou de la main : en ayant artificiellement augmenté la surface couverte par son corps ; marque un but directement de la main ou du bras, même de manière accidentelle (s’applique également au gardien), ou immédiatement après que le ballon a touché son bras ou sa main, même de manière accidentelle".

"Juger de la notion d'intention, c'est très compliqué", analyse Bruno Derrien en référence au premier alinéa de la règle mentionnée ci-dessus. Concernant l'augmentation de la surface du corps, c'est tout autant sujet à l'interprétation de chaque arbitre.

L'apparition de la VAR en Ligue 1 en 2018 ajoute à l'incompréhension des acteurs du football français (joueurs, entraîneurs, supporters...) vis-à-vis de décisions parfois différentes d'une rencontre à l'autre. "Les gens doivent comprendre que c'est un outil qui aide les humains à prendre des décisions, ce n'est pas binaire", expose Jérôme Alonzo, également consultant pour Amazon Prime Video, diffuseur de la Ligue 1.

"Ils ont un parachute, poursuit Bruno Derrien. Peut-être qu'avec la VAR, il devrait y avoir une grille de lecture pour juger les mains en prenant en compte plusieurs paramètres : la distance entre le ballon et la main, l'écart entre le bras et le reste du corps, le moment à partir duquel le bras est décollé..."

Des anciens joueurs dans le camion de la VAR ?

Reste qu'une majorité des acteurs estime que les arbitres ne décident pas toujours dans l'esprit du jeu. Par exemple, sur la main non-sanctionnée de Dejan Lovren, dimanche, le ballon semblait filer au second poteau vers Kylian Mbappé, seul devant le but. "Le fait qu'il n'y ait aucune uniformité sur les mains vient d'un manque de compréhension du jeu", assure l'ancien gardien de but du PSG qui propose d'installer des anciens joueurs aux côtés des arbitres de la VAR, car "ils ont toujours une meilleure compréhension du jeu", estime-t-il.

Bruno Derrien, 152 rencontres de Ligue 1 au compteur, abonde : "Je pense que si on veut que les choses s'améliorent, le sens du jeu, la tactique, sont des thèmes qui pourraient être abordés par des coachs, devant les arbitres, pour qu'ils comprennent mieux les stratégies. Pour mieux se comprendre et s'accepter, il faut des partages d'expérience."

Le nouveau patron de l'arbitrage français, Antony Gautier, s'est également dit favorable à la prise de parole des arbitres devant la presse après les matchs. Une idée qui pourrait permettre d'éviter ou au moins de réduire les incompréhensions. "J'aurais aimé comprendre le cheminement intellectuel, dans la VAR, qui a débouché sur le fait de ne pas siffler penalty contre Lyon", conclut justement Jérôme Alonzo.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.