LOSC-OM: Leur retour a été houleux
Les retrouvailles entre Dimitri Payet et ses anciens coéquipiers lillois passeraient presque inaperçues. L'enjeu de cette rencontre entre Lille et l'OM, qui pourrait voir le club phocéen se rapprocher du podium en cas de victoire, aussi. Et pour cause : les frustrations et les griefs des fans des Dogues causés par "l'affaire Thauvin", vont resurgir le temps d'un match. Depuis quelques mois, pourtant, ils n'y pensaient plus, se rejouissant du beau parcours des joueurs de René Girard. L'international espoir a beau évoluer dans une forme tonitruante sous les couleurs marseillaises (8 buts sur les 8 derniers matches), Lille est deuxième et devant l'OM. Lorsque le numéro 14 Ciel et Blanc foulera la pelouse du Grand Stade, les supporters lillois ont promis de lui réserver un accueil des plus chaleureux. Michel Seydoux, le président du LOSC a toutefois refusé de polémiquer avant ce match : "Je ne veux pas remettre de l’huile sur le feu, il faut savoir tourner la page", a confié le patron du LOSC à la Voix des Sports. "Vincent Labrune et moi, on l’a tournée. On se revoit dans plein de commissions… C’est une histoire comme il y en a eu d’autres. Même si moralement, je l'ai déjà dit, ce n'était pas l'issue que je souhaitais". Les supporters des Dogues ne seront pas aussi conciliants.
Florian Thauvin s'apprête donc à signer un retour houleux face à son - éphémère - ancien club. Mais il ne sera pas le premier, et certainement pas le dernier. Voici une petite liste non exhaustive des joueurs conspués lors de leurs retrouvailles avec leurs anciennes maisons.
Souleymane Diawara : de Bordeaux à l'OM (2009)
Lorsque le rugueux défenseur sénégalais de l'OM demande à Florian Thauvin de faire abstraction de l'extra-sportif, il sait de quoi il parle. Il y a quelques jours déjà, Souleymane Diawara déclarait à propos du retour de son coéquipier sur les terres lilloises :"Flo est bien entouré et il est préparé. La meilleure chose serait qu’il marque des buts. Au début, ça va faire un peu mal mais après, il va passer au-dessus de ça. Il va nous faire encore un gros match. Moi aussi, j’ai connu ça à Bordeaux. Je m’y attendais. J’étais prêt". Acteur majeur du sacre bordelais en 2008/2009, l'ancien sochalien avait subitement clamé son désir de rejoindre Marseille, décidé à monter une équipe capable de lutter pour le titre (avec Lucho, Heinze, MBia...). "Souley" avait finalement obtenu gain de cause contre le souhait de Laurent Blanc, et avait rallié la Canebière. Lors de son retour à Chaban-Delmas avec le maillot frappé de l'étoile, Diawara avait été littéralement conspué.
Frédéric Dehu : du PSG à l'OM (2004)
Eté 2004. Les supporters phocéens se remettent doucement de la défaite de l'OM face à Valence en finale de la C3 (2-0), lorsque la direction phocéenne annonce le départ de Drogba pour Chelsea. Les fans marseillais sont achevés, mais les caisses, elles, sont renflouées. Les poches pleines, le club le plus populaire de France lance une opération "razzia" sur le marché des transferts : débarquent alors Lizarazu, Pedretti, Eduardo Costa, Habib Bamogo, Peguy Luyindula et... Frédéric Déhu. Alors capitaine du Paris Saint-Germain, le défenseur avait publiquement annoncé son départ pour Marseille avant la fin de la saison, et surtout avant la finale de la Coupe de France qu'il jouait avec Paris. Résultat : conspué de la première à la dernière minute, il avait soulevé finalement le trophée, en sanglots. Son retour au Parc des Princes avec l'OM la saison suivante ne fût pas tellement plus plaisant.
Bafé Gomis : de Saint-Etienne à Lyon (2009)
Avec 14 buts inscrits en 2008/2009, l'international français était le véritable fer de lance de la formation ligérienne. Alors lorsqu'il signe pour Lyon, ennemi juré et historique, au terme de sa quatrième saison dans le Forez, l'amertume est de mise dans les travées du chaudron vert. Romeyer et Caiazzo, les dirigeants du club stéphanois, ne pouvaient refuser la proposition lyonnaise (15M€). Quant au principal intéressé, il avait justifié son départ un peu maladroitement, affirmant que "l'ASSE ne jouait plus que le maintien", et qu'il était fatigué de devoir "sauver les meubles". Sans parler du départ de Pascal Feindouno :"mon pourvoyeur de ballons ( Pascal Feindouno), était parti : il était très fort dans la dernière passe et m’offrait un nombre incalculable de ballons exploitables". Lors de son retour sous les couleurs lyonnais, les fans ligériens lui avaient fait payer son manque de délicatesse.
Frédéric Piquionne : de Saint-Etienne à Monaco (2007) et de Monaco à Lyon (2008)
L'éphémère international français (une sélection) est un coutumier du fait. A l'été 2006, l'ancien Rennais, qui signait une nouvelle bonne saison dans le Forez, clamait sur tous les toits sa volonté de rejoindre l'Olympique Lyonnais. Saint-Etienne refuse, et les joutes verbales fusent. Piquionne ira jusqu'à déclarer publiquement être considéré comme un "esclave" :"S’ils continuent à me traiter comme un esclave, je ne me laisserai pas faire. On arrêtera tout et je retournerai en Martinique. Je suis peut-être noir mais pas un esclave". L'atmosphère dans le vestiaire étant devenue insoutenable, l'international français rejoindra finalement l'AS Monaco six mois plus tard, avant de rejoindre Lyon en 2008. Cerise sur le gâteau, Piquionne déclarait lors de sa signature avec le club de Jean-Michel Aulas avoir toujours préféré Lyon à Sainté :"Quand je jouais à Saint-Etienne, je venais voir des matches à Lyon, faire mes courses à Lyon et je sortais à Lyon. Je me sens plus dans la peau d’un Lyonnais que d’un Stéphanois, même si je mouillais le maillot de Saint-Etienne quand j’y étais". Mais sous les couleurs lyonnaises, il échouait lamentablement (18 matches, 2 buts)
Fabrice Fiorèse : du PSG à l'OM (2004)
Incontestablement le grand gagnant de notre Top 5. Sacré meilleur passeur de Ligue 1 en 2003/2004, "Fio'" était parvenu à se hisser très haut dans le coeur des Parisiens. Alors quelle fût leur surprise lorsqu'il rallia l'OM quelques minutes avant la fin du mercato d'été. Coach Vahid, alors à la tête de la formation parisienne, était stupéfié :"j'en ai vomi", avait-il déclaré en conférence de presse. Fiorèse, lui, s'était justifié en dénonçant les méthodes de l'entraîneur bosniaque : "En signant à Marseille, je suis arrivé dans une famille. Je n’avais pas connu cela depuis longtemps. J’ai le sentiment de passer de la prison à la liberté". Pris en grippe dès son premier match au Vélodrome, il avait essuyé une infernale bronca lors de son retour au Parc. Les supporters du PSG avaient brandi une immense banderole qui arborait l'inscription :"Nous avons Jésus (un portrait du Colombien Mario Yepes), vous avez Judas."
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