Mediapro veut déjà renégocier le montant des droits TV, le football français sous forte pression
L'hiver n'est pas encore là que déjà le football français frissonne. Dans un entretien au journal L'Equipe (article payant), le président de Mediapro, Jaume Roures, a lâché une petite bombe dont la déflagration n'a pas tarder à se faire entendre. Le principal diffuseur de la Ligue 1 et de la Ligue 2 depuis cette saison souhaiterait revoir le montant des droits TV à la baisse immédiatement, le tout sur fond de crise sanitaire liée à la Covid-19. Pour le football français, c'est une source de revenus capitale qui pourrait s'envoler et mettre un peu plus en péril l'équilibre financier des clubs déjà mis à mal par le coronavirus.
"Nous voulons rediscuter le contrat de cette saison", affirme Jaume Roures dans les colonnes du quotidien sportif. Le dirigeant de Mediapro explique en somme que, comme tout le monde, son entreprise est touchée par les conséquences de la pandémie mondiale et des dispositions mises en place dans l'Hexagone pour l'endiguer. "La saison est très affectée par la Covid-19, tout le monde le sait car tout le monde souffre. On ne remet pas en cause le projet en tant que tel. Mais les bars et les restaurants sont fermés, la publicité s'est effondrée... Ce sont des choses que tout le monde connaît."
La LFP confirme avoir refusé un délai de paiement
Mediapro souhaiterait ainsi voir son engagement pour la saison actuelle être rediscuté, et trouver un arrangement qui puisse lui convenir dans le contexte difficile du moment. "Le contrat a été établi dans des conditions qui n'ont rien à voir avec la situation actuelle", ajoute Jaume Roures. "C'est évident, il faut en parler. Après, on verra comment cela se termine. On ne remet pas en cause le contrat, mais on remet en cause la situation actuelle (...) On a un accord pour quatre saisons. Il y a plusieurs façons d'arranger la situation actuelle".
Le groupe sino-espagnol, petit nouveau dans le milieu des médias sportifs en France, avait négocié les droits du football hexagonal à prix d'or, 780 millions d'euros par saison pour la L1 et 34 millions pour la L2. Mais Mediapro - tancé à ses débuts pour la qualité de ses services et sa politique tarifaire - souhaite désormais "s'aligner" sur les autres acteurs économiques, notamment du football professionnel. "La Ligue a elle-même demandé au gouvernement de compenser ses pertes à cause de la Covid, souligne Jaume Roures. On est dans cette dynamique. On n'a pas un montant concret. On veut renégocier le prix. On a demandé d'établir un calendrier pour mener à terme cette négociation qui ne va pas être publique."
Ce calendrier, Mediapro ne l'a pas respecté en premier lieu. Le groupe devait verser une première échéance de 172 millions d'euros à la Ligue de Football Professionnel, qui régit la Ligue 1 et la Ligue 2, le 6 octobre dernier, et a demandé un délai de paiement supplémentaire, d'après L'Equipe. "C'est plus compliqué que ça" clame Jaume Roures. Mais ce délai a été refusé par la LFP, ce que l'instance a confirmé en milieu de journée jeudi.
Voir sur Twitter
Pour la Ligue, la situation est sérieuse puisque ce montant doit être reversé aux clubs la semaine prochaine. "La LFP a désormais pour priorité d'être en capacité d'assurer le paiement aux clubs de l'échéance en date du 17 octobre 2020" précise-t-elle dans son communiqué. Ce scénario semble toutefois plus que compromis. "C'est évident que le 17 octobre, on n'aura pas trouvé un accord. Mais on peut trouver des formules qui arrangent la situation économique des clubs" tempère le patron de Mediapro à L'Equipe.
Quelques jours après la fin du mercato durant lequel certains clubs ont misé sur les rentrées d'argent des droits TV pour se renforcer, cette situation pourrait faire très mal au football français, déjà fragilisé par l'interruption de la saison 2019-2020 à cause du coronavirus. Voilà un premier dossier des plus épineux pour le nouveau président de la LFP Vincent Labrune.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.