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Mickael Landreau:603 matches au compteur

Mickaël Landreau vient d’égaler le record de matches joués en Ligue 1 (602) jusque-là détenu par Jean-Luc Ettori. Il atteindra les 603 mercredi lors du derby corse Ajaccio-Bastia. Une performance extraordinaire, qui sera difficile à battre, et qui récompense un gardien à la carrière admirable même s’il n’a pas toujours fait l’unanimité.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8min
 

Grand espoir du football français puis catalogué un peu vite comme LE spécialiste ès penalties en France, avant d’être vilipendé pour quelques bourdes sous le maillot du PSG ou de l’équipe de France, Mickaël Landreau restera d’abord comme l’un des meilleurs gardiens de but de sa génération.

Quatre clubs, un beau palmarès

De Nantes à Bastia en passant par Paris et Lille, Landreau a bourlingué, contrairement à Ettori, l’homme d’un seul club, l’AS Monaco. Le natif de Machecoul envie d’ailleurs l’ancien goal monégasque : « J’aurais adoré, comme Jean-Luc, battre le record sous le maillot d’un seul club, celui de Nantes », explique-t-il dans le France Football de cette semaine.

Qu’importe. Landreau, dont la carrière a débuté le 2 octobre 1996 sur la pelouse de Furiani (à 17 ans seulement et en stoppant un penalty de Lubomir Moravcik pour permettre aux Canaris de conserver un point), s’apprête à s’emparer seul d’un record mythique, le nombre de rencontres disputées dans l’élite du football français. Un total de 603 matches qui reflète bien la constance d’un portier efficace. Une longévité exceptionnelle qui démontre une régularité au plus haut niveau, reflétée par un palmarès national important (champion en 2001 et 2011, Coupe de France 1999, 2000 et 2011, Coupe de la Ligue 2008).

Fort dans les duels, moins doué dans les airs

Pour l’anecdote, Landreau est resté invaincu durant ses 30 premiers matches avec le FC Nantes et il aurait dû prolonger la série sans une faute d’arbitrage (but de Le Roux refusé pour hors-jeu lors de la 38e journée à Monaco) qui a coûté aux Canaris un ticket pour la Ligue des champion 1997-98.

Mickaël Landreau, c’est l’histoire d’un gardien excellent sur sa ligne, doté de réflexes idoines pour le haut niveau, et très bon dans les un contre un, lorsque le duel psychologique s’engageait.  Egalement impressionnant dans l’exercice des penalties, Landreau n’a en revanche jamais corrigé une carence majeure : il ne possède pas une détente verticale digne de ce nom, à la manière d’un Bernard Lama, véritable chat dans ses sorties aériennes, ou d’un Fabien Barthez, « méchants » face aux attaquants.

Leader et capitaine à 19 ans

Cette friabilité lui a valu quelques buts et commentaires acerbes, pas toujours justifiés. Vrai goal volant (comme on disait dans les cours de récréation), Landreau a été un précurseur du poste. Il est né avec la nouvelle règle de l’interdiction de la passe en retrait au gardien (avant 1992, le portier pouvait ramasser à la main un ballon transmis volontairement par un joueur de son équipe) et a toujours cherché à relancer correctement.

Leader né, capitaine à 19 ans avec Nantes, le Ligérien n’a jamais fui les responsabilités, que ce soit au moment de contribuer à faire remplacer Loïc Amisse, entraîneur du FCN démis de ses fonctions en décembre 2004 (sept mois après une défaite en finale de la Coupe de la Ligue perdue contre Sochaux, où Landreau avait vu sa panenka arrêtée par Richert), ou quand il a claqué la porte du LOSC alors que les dirigeants lillois lui reprochaient de s’occuper d’autres choses que du terrain, en décembre 2012. Pendant les trois ans qui ont précédé, il a aussi été un membre important du conseil des sages mis en place par Rudi Garcia pour servir d’interlocuteur entre les joueurs et le staff.

Grosse concurrence en Bleus

L’enfant d’Arthon-en-Retz aurait même pu devenir un cadre des Bleus s’il avait bénéficié de davantage de réussite. Le but inscrit par l’Ecossais McFadden lors d’une piteuse défaite des Bleus au Parc des Princes (1-0 en septembre 2007) a sonné le glas des ambitions internationales de Landreau autant que la vive concurrence qu’il a rencontrée (Barthez, Coupet puis Lloris, excusez du peu).

A l’inverse du portier lyonnais qui a progressé d’année en année grâce à la Ligue des champions, Landreau est sûrement resté trop longtemps à Nantes lors de ces meilleures années, solide dans une équipe de moins en moins performante. Faute d’un immense talent, « Micka » a donc été surtout une doublure voire un troisième choix. Il aura 35 ans en juin prochain pour la Coupe du monde au Brésil où ses chances de jouer sont quasi inexistantes.

Eblouissant contre MU

Ce sera toujours mieux que ce 28 mai 2008 lorsque Raymond Domenech décide de l’inclure dans le groupe des exclus de la dernière heure, ceux qui n’iront pas à l’Euro austro-suisse. Une surprise parce que le sélectionneur, qui l’avait bien connu chez les Espoirs, lui faisait confiance depuis longtemps. Mais une décision logique car Mandanda brillait avec l’OM et Landreau venait de vivre une saison délicate avec le PSG, émaillée de quelques erreurs terribles et ponctuée par un maintien dans la douleur (succès 2-1 à Sochaux lors de la 38e journée).

Ce sera le moment le plus difficile d’une carrière bien remplie, marquée par des coups d’éclat inoubliables. Ce match incroyable de C1 contre Manchester United en février 2002, où Landreau écoeure tous les attaquants mancuniens pour finalement s’incliner sur un penalty de dernière minute signé Ruud van Nistelrooy (1-1). Sir Alex Ferguson le félicitera après la rencontre. Cette manchette déterminante sur un tir de Xavier Gravelaine un fameux soir de mai 2000 au Havre où Nantes arracha la victoire (1-0) et le maintien. Ou encore ce récital d’arrêts réalisé avec Lille le 26 août 2012 à Nice (2-2), rendant admiratifs et élogieux ses coéquipiers.

Il a bluffé Ronaldinho

Mais si l’on devait résumer le parcours de Mickaël Landreau ces 17 dernières années, l’arrêt le plus spectaculaire, le plus emblématique, le plus fou, reste ce penalty de Ronaldinho arrêté un soir de décembre 2002 au Parc des Princes. A l’époque, Landreau est au top de sa forme. Il tente un coup de bluff face à l’un des meilleurs joueurs du monde en se postant clairement sur son côté droit, laissant un trou béant à sa gauche. Ronnie se fait piéger comme un débutant et le goal nantais, resté du bon côté, stoppe le tir. Nantes gagne 3-2 face au PSG. L’image fera le tour du monde.

Elle reflète parfaitement la vision du football de Mickael Landreau, pour qui le sport est avant tout un jeu. « Un grand homme n’est pas celui qui ne tombe jamais. Mais c’est celui qui se relève à chaque fois qu’il tombe », a écrit Rudyard Kipling. Michael Landreau a certes commis des erreurs (quel gardien n’en fait pas ?) mais il a le mérite de s’être toujours relevé après ses erreurs. L’apanage d’un grand gardien qui s’octroie donc un fabuleux record pas prêt d’être battu.

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