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Olympique de Marseille : Jacques-Henri Eyraud, quatre ans et demi entre stupeur et fureur

Arrivé à la surprise générale en octobre 2016 comme président de l'Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud quitte ce vendredi son poste de manière tout aussi inattendue, mais cette fois par la petite porte. Le désormais ex-président de l'OM reste au sein du club, après des mois en première ligne face aux multiples crises du club.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président de l'OM Jacques-Henri Eyraud (BORIS HORVAT / AFP)

"Should I stay or should I go", c'est un peu des deux pour le grand fan de The Clash qu'est Jacques-Henri Eyraud. Le dirigeant de 52 ans n'est plus le président de l'Olympique de Marseille depuis ce vendredi, destitué par Frank McCourt qui en avait fait son homme de confiance sur le terrain lors de son rachat du club. Eyraud reste dans les bureaux de l'OM, et rejoint le conseil de surveillance. Mais ce changement de poste ne peut être perçu que comme une rétrogradation, la fin d'une ère tumultueuse entre "JHE" et le club champion d'Europe 1993. Une histoire longue de quatre ans et demi faite de heurts et d'incompréhensions.

La nomination de Pablo Longoria à la place de Jacques-Henri Eyraud en dit aussi long sur le nouveau président phocéen que sur l'ancien. "Sa principale priorité sera de remettre le football au cœur de l'OM" écrit McCourt. Longoria est un travailleur de l'ombre, fou de football et qui va principalement prendre en charge la gestion sportive de l'OM. Soit peu ou prou l'exact opposé de son prédécesseur. Quand il a installé Eyraud comme nouveau patron en octobre 2016, l'homme d'affaires américain pensait pouvoir s'appuyer sur un homme rompu aux affaires et à la gestion. Pour ce qui est des affaires extra-sportives, le bilan n'est pas si terne, notamment sur le plan local et du tissu des clubs avec l'OM pour la détection des jeunes talents du secteur. Pour le reste, le climat autour de la formation de Bouches-du-Rhône ces derniers mois vaut mille mots.

Entre le businessman des grandes écoles et la ferveur populaire, la symbiose n'a jamais pris

Jacques-Henri Eyraud est devenu le symbole de la fracture béante au sein d'un club à l'histoire aussi riche que son soutien n'est ardent et sa gestion froide, distante. Par ses éléments de langage, comme par ses présentations PowerPoint, Eyraud s'est glissé dans son costume de dirigeant marseillais comme dans n'importe laquelle des entreprises qu'il a dirigées auparavant. L'ancien diplômé de Harvard, professeur à Sciences Po Paris est un homme d'affaires, pas de ballon. Le "Champions Project" évoqué à son arrivée a un temps fait naître les espoirs les plus fous sur le Vieux Port, enflammé moins de deux ans plus tard par l'épopée de l'OM jusqu'en finale de Ligue Europa. Une rare éclaircie au milieu des nombreux orages.

Sportivement, les velléités de retour au premier plan européen se sont transformées en record de la honte de défaites consécutives en Ligue des champions cette saison. L'OM a plus collectionné les salaires de poids que les trophées, au grand dam des supporters. L'exigent public phocéen a fini par s'agacer, monnaie courante sur la Canebière. Mais Jacques-Henri Eyraud, par sa distance et son profil de "businessman parisien", n'a jamais su éteindre les braises. 

Un départ pour apaiser les tensions

Ses sorties sur l'excès de Marseillais au sein du club en décembre dernier, couplée à une mauvaise série de résultats, ont fini par faire exploser la poudrière. Sa gestion des incidents sérieux au centre d'entraînement marseillais, pris d'assaut par des supporters le 30 janvier dernier, aura fini par rendre sa position tout simplement intenable. Avec son Agora OM, Eyraud espérait "redéfinir le supportérisme", après avoir lancé une mise en demeure contre les fans suite à l'envahissement du Centre Robert Louis-Dreyfus. Onze jours plus tard, c'est sa place au sein du club qui a eu le droit à de nouveaux contours. 

La fin de semaines de tension extrême sur Marseille, qui avaient vu des banderoles acerbes ("JHE, Marseille te vomit", "Rendez-nous l'OM", "Les Olympiens vous haïssent") fleurir les artères autour du Vélodrome. Mais pas encore le terme de l'aventure de Jacques-Henri Eyraud au club. Son poids réel dans le quotidien marseillais par sa présence dans le conseil de surveillance reste à définir. Sa place en coulisses plutôt qu'au front pourrait au moins permettre à Marseille de passer, enfin, à autre chose.

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