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Pablo Longoria : "Un dirigeant doit faire du foot pour ses supporters" , plaide le nouveau président de l'Olympique de Marseille

Nommé à la tête de l'OM dans un contexte explosif de crise avec les supporters, l'Espagnol Pablo Longoria a pour mission de ramener plus de sérénité au club. Il s'est confié en exclusivité à franceinfo.

Article rédigé par Alexandre Vau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Pablo Longoria, président de l'Olympique de Marseille, en décembre 2020. (GEORGES ROBERT / MAXPPP)

Il n'a que 34 ans, mais il possède déjà une solide expérience dans le football. Et voilà, depuis le 26 février, Pablo Longoria propulsé président de l'Olympique de Marseille en remplacement de Jacques-Henri Eyraud. Une belle progression de carrière pour celui qui était jusque-là directeur sportif du bouillonnant club marseillais. Dans un entretien exclusif accordé à franceinfo, Pablo Longoria évoque son projet pour l'OM, les relations tendues avec les supporters ou encore l'attachement de Frank McCourt, le propriétaire, à l'Olympique de Marseille.   

franceinfo : On vous connaît surtout en tant que recruteur. Vous avez débuté comme ça avant de gravir les échelons. Est-ce que vous rêviez d'être président de club ? 

Pablo LongoriaJ'ai commencé comme recruteur. J'ai su évoluer comme responsable du scouting. Je suis entré à la Juventus Turin qui est pour moi comme une université de football où j'ai appris tout les choses possibles niveau organisation. Merci à tous les dirigeants de la Juventus qui m'ont aidé à mieux comprendre comment fonctionnait le milieu du football. Et après, j'ai mis en pratique pendant deux saisons à Valence tout ce que j'avais appris à la Juventus. A Valence, j'étais directeur sportif, avec beaucoup de responsabilités. Après, je suis venu ici à l'OM, avec une nouvelle position, et je suis content.

"Oui, c'est une grande responsabilité d'être ici mais je n'ai jamais eu peur des responsabilités, j'ai toujours cherché à apprendre le plus vite possible."

Pablo Longoria

à franceinfo

Il y a des interrogations autour de votre âge, 34 ans. Est-ce que vous comprenez ces interrogations ou, au contraire, vous vous en moquez ? 

Je serais le premier à être critique en voyant cette situation de l'extérieur parce que ce n'est pas une situation normale. Ce que je peux vous dire, c'est que je suis dans le football depuis que j'ai 18 ans. Je vois beaucoup de dirigeants dans le monde du football et je vois des gens plus âgés que moi. Mais avec mon expérience, je suis toujours sûr de mes possibilités. J'ai toujours cherché à m'informer au maximum pour pouvoir avoir de l'ambition.

Vous connaissez très bien le football mais pas forcément Marseille. Est-ce que vous avez eu le temps, en six mois, de connaître cette ville ? C'est important aussi pour réussir à votre poste.

J'ai toujours cherché à connaître les villes où j'ai vécu. Je connais Turin, je suis un amoureux de cette ville. Je connais bien Valence où j'ai acheté une maison. Depuis que je suis arrivé à Marseille, pour moi c'est quelque chose de spécial. C'est une ville magnifique. J'ai décidé d'habiter en ville pour sentir toute sa magie, pour mieux la comprendre. En Espagne, on dit que l'OM est un club spécial. Il faut comprendre l'histoire du club. Il faut comprendre l'identité du club. Il faut comprendre aussi la ville et ses supporters. C'est la question la plus importante parce que pour moi, un dirigeant doit faire du foot pour ses supporters.

"J'ai un feeling spécial avec Marseille, avec la ville, avec les gens du club, avec ses supporters. C'est quelque chose de magique."

Pablo Longoria

à franceinfo

Je ne peux pas dire que je comprends bien la ville parce que je suis ici depuis six mois. Mais je suis en train de bien comprendre et bien prendre toutes les informations depuis le premier jour.

Vous parliez des supporters, Pablo Longoria. Le propriétaire Frank McCourt est venu à Marseille en début de semaine renouveler sa confiance et son ambition de gagner la Ligue des champions. Mais comment ? De quelle manière ? Est-ce qu'il va investir à nouveau ?

C'est une bonne question. Première chose, le fair-play financier bloque de nouveaux investissements. Le passé nous a montré que Frank McCourt est quelqu'un d'ambitieux. Je pense qu'on doit lui faire croire au projet. Il a passé trois jours ici à Marseille. C'est un amoureux de la ville, du club. C'est un club avec beaucoup de potentiel, beaucoup de passion, beaucoup de possibilités pour faire quelque chose de solide pour le futur. C'est normal de poser la question de plus d'investissements ou pas d'investissement. Je crois qu'on doit sortir de cette perspective d'attendre du propriétaire qu'il remette de l'argent. On doit créer à l'intérieur d'un club tous les moyens pour agrandir le club, pour changer les choses. Je vous donne un exemple : en deux saisons, nous sommes passés à Valence de 87 millions de budget à pratiquement 200 millions d'euros. Ça veut dire que la performance sportive sert à agrandir aussi les possibilités d'un club. 

Mais les supporters peuvent douter de la capacité de Frank McCourt à investir et développer le club.

Ce n'est pas à moi de parler à la place de M. McCourt pour dire "il va investir". Comme président du club, je suis là pour lui montrer le meilleur projet possible avec des équilibres financiers. C'est une nécessité dans les circonstances actuelles. En particulier parce que je crois qu'un club de football doit générer de l'argent. Les possibilités que j'ai vues à l'OM depuis je suis arrivé sont incroyablement grandes.

Concernant les supporters et les présidents des groupes que Frank McCourt est venu rencontrer en début de semaine, vous souhaitez mettre en place un nouveau mode de fonctionnement ?

Je crois que le fonctionnement avec les supporters doit être basé sur le respect mutuel. On fait du foot pour les supporters. Il faut écouter les supporters. De la même façon, lors de la rencontre des sept groupes de supporters, j'ai vu un grand respect pour le propriétaire du club. On doit travailler ensemble. On doit créer la symbiose entre les supporters et le club.

Vous étiez présent lors de l'envahissement du centre d'entrainement de l'OM le 30 janvier par des supporters. Tout ça, c'est pardonné ?

Ce qu'on a vécu le 30 janvier c'est impardonnable. Et on doit éviter de nous trouver dans la même situation et tout faire pour éviter de voir de nouveau ces images. Ce n'est pas l'image des supporters de l'OM. Ce n'est pas l'image de l'OM. Et surtout, je crois que ce ne sont pas de vrais supporters de l'OM.

L'image de l'OM, justement, c'est aussi l'entraineur Jorge Sampaoli qui arrive. Il a une réputation assez sulfureuse. Cela se termine rarement bien avec les clubs ou les sélections où il est passé. Vous n'avez pas peur que ça se termine mal à l'OM ?

Le jour où Jorge Sampaoli partira de Marseille, j'espère lui donner comme le président brésilien de l'Atletico Mineiro [son précédent club] un maillot avec tous les matchs qu'il a fait, dans le respect de ce qu'il a fait pour le club. Tous les commentaires qu'on a eu des clubs où il a travaillé font état d'une personne très correcte, très humaine et passionnée, pleine d'énergie. Je crois que ça va bien se passer et j'ai vraiment envie de travailler au quotidien avec lui. Cela va être un nouveau chapitre dans notre histoire qui va être très positif. 

Avec quel style de jeu ? Qu'attendez-vous de lui à ce sujet ? Un jeu qui corresponde aux supporters marseillais ?

Vous allez voir que c'est un entraîneur avec une philosophie de jeu offensive, agressive.

"On va voir une équipe avec son identité. Jorge Sampaoli a amené à toutes les équipes qu'il a entraînées sa propre mentalité, sa propre identité du football, qui est très particulière. Je crois que c'est un vrai Marseillais."

Pablo Longoria

à franceinfo

Vous louez les qualités de Jorge Sampaoli. Les commentaires sont unanimes aussi concernant Nasser Larguet, votre directeur du centre de formation qui assure l'intérim depuis le départ d'André Villas-Boas. Vos relations seraient fraîches et il est annoncé sur le départ. Qu'en est-il ?

Je suis déçu de ce que j'ai vu, lu ou entendu dans les médias. Nasser respecte énormément le club. Il a pris l'équipe dans un moment difficile. Le club a beaucoup de respect pour Nasser. Il a des valeurs humaines et des compétences sportives de très haut niveau. Quand j'étais à l'Atalanta Bergame, il y a dix ans, on voulait faire venir Nasser pour s'occuper du centre de formation. Il est un des meilleurs formateurs en Europe. Il va continuer à l'OM, c'est notre intention, la saison prochaine et pour le futur. Nous sommes contents de son travail et de partager encore avec lui. Il est l'homme parfait pour l'OM. Je n'ai vu personne d'autre avec les valeurs de l'OM et ce niveau de compétences très haut. C'est vraiment une personne qu'on veut.

On lit pourtant que vous ne vous entendez pas, c'est faux ? 

Je crois que c'est chercher des problèmes et de la déstabilisation. La première personne avec laquelle je suis allé dîner à Marseille c'est Nasser, pour le plaisir de le connaître parce qu'il est un vrai maître du football. J'ai appris beaucoup de choses du football français. Merci à Nasser. On a dit beaucoup de choses pour chercher des conflits. Vraiment, ce sont des rumeurs sans fondement. J'ai du respect pour Nasser, pour ce qu'il a fait dans le football français et dans le football marocain. Le reste est hors de discussion.

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