Paris à bout de nerfs
L'ambiance était à la fête. Le Parc des Princes s'était rempli pour fêter les champions de France. Il eut droit aux handballeurs du PSG, quasiment imbattables depuis le rachat par QSI. La greffe des stars a pris plus vite dans l'équipe de Philippe Gardent que dans cette d'Ancelotti. Trop juste pour Montpellier la saison dernière, Paris a finalement pris son inexorable envol et attendait un sacre virtuel dès ce soir. En effet, en cas de succès parisien sur Valenciennes, Marseille n'avait aucune chance de renverser l'écart abyssal qui existe entre les différences de buts des deux équipes (+41 contre +7 avant le coup d'envoi). Une semaine après sa fin houleuse à Evian, le PSG avait plus qu'un titre à gagner ce soir. Il y avait aussi une image écornée à redorer. Quitte à dominer la Ligue 1, il faut que ce soit de manière exemplaire et pas dans l'affrontement permanent ou le délire de persécution. Tenu en échec 1-1 par Valenciennes, Paris est encore loin de son objectif.
Leonardo en colère
"Je suis le mal aimé", le refrain va trotter longtemps dans la tête de Leonardo. Le directeur sportif parisien est encore tombé de son siège à la fin de la première mi-temps. Le litige vint d'un "accrochage" entre Thiago Silva et l'arbitre M. Castro. Mécontent sur une action anodine, le Brésilien retint légèrement l'arbitre dans sa course. Ce dernier appliquait le règlement qui veut qu'on ne doit pas toucher un arbitre. Une exclusion très sévère dans la mesure où le défenseur parisien n'avait mis aucune agressivité dans son geste. Mais M. Castro s'était senti menacé et a réagi dans l'instant, le règlement avec lui. L'incompréhension a laissé place à des demandes d'explications. A la pause, Leonardo puis Blaise Matuidi ont investi le vestiaire des arbitres. Un peu de pédagogie ne fait jamais de mal, même pour expliquer l'inexplicable.
Dans son vestiaire, Carlo Ancelotti fit lui aussi un peu d'enseignement. Avant le carton rouge, ses joueurs étaient menés 1-0 après un but en contre de Danic qui avait repris un tir d'Aboubakar repoussé par Douchez (0-1, 17e). Un but encaissé par le PSG, ça reste un évènement cette saison. De plus, Paris avait eu un nombre élevé de situation devant les filets de Penneteau. Sur un coup de génie, Ibrahimovic s'était ouvert le but mais le Suédois s'était raté dans le coup de l'aile de pigeon (13e). Pastore et Lavezzi avaient eux buté sur le portier nordiste (16e, 21e) tandis que Thiago Silva n'avait pas réussi à cadrer (28e, 38e). Pour autant, Valenciennes n'avait pas volé son ouverture du score grâce à une belle exploitation des largesses du bloc défensif parisien.
Alex en sauveur
Au creux de la vague plusieurs minutes, le PSG se réveilla dans les vingt dernières minutes. Alors ce fût une vraie déferlante plus conforme à l'image d'un futur champion. "Ibra" hors cadre sauf dans les barrières publicitaires, "zlatanées" à cause de la frustration (73e), Paris mettait la pression via Alex. Penneteau était en état de grâce. La main ferme quand il fallait et la baraka comme sur cette tête du défenseur brésilien sauvée sur sa ligne par Melikson (75e). Mais Alex insistait et égalisait sur corner d'une tête entre la barre et le crâne de Danic (1-1, 84e). Paris finissait en trombe. VA aussi mais les deux équipes en restaient là. Ni champion virtuel, ni sauvé de la relégation. Sur la pelouse et dans les couloirs, M. Castro subissait à nouveau les charges des Parisiens et leur directeur sportif. Il est temps que ce grand cirque se termine pour tout le monde.
Réactions
Carlo Ancelotti (entraîneur du Paris SG): "C'était bizarre et difficile. On n'a pas bien commencé. On était un peu énervés. En 2e période, l'équipe a montré du caractère, qu'elle était solidaire et elle a égalisé. Je ne sais pas ce qui arrive. On doit peut-être apprendre un peu mieux l'arbitrage. Dans le foot mondial, l'équipe qui a le plus la possession de balle est celle qui prend le moins d'avertissements et d'exclusions. Pas nous. Ici, c'est le contraire. On a renversé la statistique. Je pense qu'en France les arbitres sont très sévères. Surtout avec nos joueurs. Je ne pense pas que Silva méritait le rouge. Autant j'étais en colère contre Verratti la semaine dernière, autant là je ne peux pas en vouloir à Silva. La décision de l'arbitre nous a mis encore plus en difficulté. On a peut-être aussi un petit peu d'inquiétude car le titre est tout proche. Mais maintenant, tous les matches peuvent nous le donner. On en est encore plus proche. A Lyon, on aura quelques suspendus mais aussi quelques retours comme Motta ou Beckham. Ils vont jouer pour la C1 et nous pour le titre. J'ai vu l'OL bien jouer cet après-midi et décrocher une victoire très importante. C'est vrai que tout le monde attendait une victoire. Elle n'est pas venue, mais je pense que ça ne va pas tarder. Je ne sais pas si mes joueurs sont énervés. Quelques fois peut-être. Peut-être qu'en fin de saison ils n'ont pas la lucidité pour gérer la situation. Peut-être aussi que les arbitres eux-mêmes sont fatigués en fin de saison".
Daniel Sanchez (entraîneur de Valenciennes): "La satisfaction et la joie l'emportent. On aurait même pu prendre les trois points. On a eu les occasions pour faire le break. On aurait aussi pu encaisser ce but avant. Ca reste un bon point et un nul satisfaisant. Mes joueurs ont dit que Silva avait bousculé l'arbitre. A partir du moment où il le touche, si ça s'est passé comme ça, l'exclusion me semble normale. On les a sentis nerveux. Il y a eu pas mal de contestations. Est-ce qu'on les a contrariés un peu ? En menant, on pouvait attendre et contrer. Ils se sont un peu impatientés et énervés. En 2e période, on a manqué de précision et de justesse car on a eu les occasions de breaker. On n'a pas su le faire. On savait que ce serait un match difficile dans un contexte particulier. Cette nervosité venait peut-être de là aussi. Nous, on ne s'est pas désuni. On a 7 points d'avance sur Evian, ça parait bien parti pour le maintien. Quant à Paris, je ne pense pas qu'il va craquer. Il sera champion mais il ne faudrait quand même pas avoir un ou deux expulsés à chaque match. Nous on a essayé de jouer, c'est un principe auquel je tiens."
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