Paris à l'arrêt, Bordeaux mate Lyon
L'affiche tenait le haut du pavé depuis quelques saisons. En Ligue 1 comme en Ligue des champions, Bordeaux et Lyon se tiraient la bourre. Depuis août, ils sont plutôt à la bourre dans leur opération reconquête. Ils ne sont pas les seuls mais après cinq journées, le retard s'accumule et fait mauvais genre. Relégables avant la rencontre, les Girondins étaient les plus à plaindre d'autant le projet de Tigana prend du temps à se mettre en place. Heureusement, le coach bordelais dispose d'un secteur où son équipe n'a pas besoin de travailler : les coups francs. A plusieurs reprises la pression girondine venait de ces actions arrêtées (13e, 45e). L'inévitable se produisait au retour des vestiaires. Gourcuff parti à Lyon, c'est Plasil qui tire les coups francs. La qualité de frappe est la même et le coup de tête de Diarra aussi. Le capitaine déviait habillement au 2e poteau de Lloris (1-0, 60e).
A l'image de son meneur, transfuge de Bordeaux et sifflé par une partie du public, l'OL a trop peu osé pour bouger son adversaire. Un cadre de jeu plutôt rigide et devenu caduque une fois le but bordelais inscrit. L'absence de Lisandro commence à peser dans le système de Puel. Titulaire au coup d'envoi, l'Argentin a raté son unique duel avec Carrasso (31e) avant de sortir à cause d'un tendon redevenu douloureux. Malgré sa puissance de feu, Lyon n'allait pas cadrer un seul tir. Malheureux, Gomis voyait ainsi son tir légèrement dévié sur la barre par Carrasso (89e). Libérés par Diarra, les Girondins avaient plusieurs fois l'occasion d'aggraver le score. Maazou marquait mais il était hors-jeu tandis que Gouffran tombait sur un grand Lloris, le seul lyonnais décisif (75e). Le portier rhodanien ne pouvait rien face au funambule Jussiê. Après deux crochets, le Bordelais enroulait son ballon pour le 2-0 (92e). Une superbe conclusion pour le premier match référence des hommes de Tigana. A une semaine du derby face au leader stéphanois, Lyon reste dans le doute.
Auxerre le maudit
Au Parc des Princes comme au Stadium Nord, on s'est ennuyé ferme. Les derniers rayons de soleil de l'été ont certainement anesthésié les équipes qui manquaient de punch. Relancé par sa victoire sur Arles (4-0) et son bon coup à Séville (0-1), le PSG recevait Rennes avec l'envie de poursuivre sa série. Mais les Bretons, qui visaient la première place des Verts, avaient décidé de s'opposer en bloc aux attaques parisiennes. D'un côté comme de l'autre, les intentions ont manqué. Les occasions aussi. Seule une reprise de volée de Erding après remise de Hoarau aurait pu briser la défense bretonne (57e). Mais l'attaquant turc avait sa tête des mauvais jours... Le Parc n'a pas apprécié cette sortie ratée et s'est surtout démarqué par son silence. L'opération séduction des dirigeants parisiens ne passera qu'avec des résultats.
Avec une seule victoire et quatre nuls, Lille avait un grand besoin d'avancer. Encore plus mal en point, Auxerre débarquait dans le Nord pour faire mieux qu'à Milan (2-0). Il allait manquer quatre minutes aux Bourguignons pour ramener un point. Jusqu'à la 89e minute, le bloc auxerrois avait tenu le choc. Mais sur une ultime tentative d'Obraniak à droite, le centre du lillois trouvait la tête de Gervinho. L'Ivoirien déviait pour Sow qui pouvait tromper Sorin en toute tranquillité. Le hic, c'est que le Lillois était nettement hors-jeu. L'erreur d'arbitrage est énorme mais elle fait l'affaire de Lille, revenu au 6e rang de la L1.
REACTIONS
Frédéric Antonetti (entraîneur de Rennes): "Le score reflète parfaitement la physionomie du match. En première période, il y avait plus de place pour nous mais on n'a pas joué simple, on a joué trop compliqué. Paris a eu la mainmise après en seconde période avec un jeu long sur Hoarau et nous on perdait la balle trop vite. Sur le plan athlétique, c'était costaud mais le match a été pauvre sur le plan technique. On a solidifié l'équipe et on a perdu de la créativité. Mais Paris, qui s'était procuré beaucoup d'occasions lors des derniers matches au Parc, n'a pas eu beaucoup d'occasions ce soir. (A propos de la première place que pouvait occuper Rennes en cas de succès) On va attendre la 38e journée. J'ai cru entendre des tribunes qu'on était des paysans. Donc c'est un bon point pour nous, les paysans."
Antoine Kombouaré (entraîneur du Paris SG): "Le déplacement à Séville nous a pompé de l'énergie mais sur le plan défensif on a été énormes et on a concédé zéro occasion. Rennes n'a jamais été dangereux et il nous a manqué de la fraîcheur pour mettre l'étincelle dans ce match. On a été solides et c'est un bon point de pris. Mais il faut aussi poser la question à l'arbitre qui n'a pas sifflé penalty sur une main flagrante. On ne demande pas que l'arbitre nous aide mais quand il y a main ou faute, il faut les siffler."
Moussa Sow (Lille): "Oui. Je pense que j'étais hors-jeu. Gervais touche le ballon. Peut-être que l'arbitre a été masqué. Et il n'a pas levé son drapeau. On n'avait pas encore gagné à domicile. C'est arrivé. On a pris trois points. C'était difficile car Auxerre est une très bonne équipe. Elle est bien regroupée et joue en contre. Mais on a poussé jusqu'à la fin. Je n'ai pas fait un super grand match. Je le dis. Je me cherche encore, par rapport à l'équipe. Je pense que petit à petit, je vais réussir à m'imposer."
Rudi Garcia (entraîneur de Lille): "C'est important de gagner à la maison. On a fait un match intelligent. On a fait preuve de maturité. On connaissait la stratégie qui nous attendait. Il a fallu être patient. On avait encore en travers de la gorge, la défaite la saison dernière car c'était sur un terrain impraticable. Comme les deux équipes se ressemblent par rapport à la saison dernière, on voulait démontrer que sur un terrain normal on peut développer notre jeu. On a dit qu'on voulait faire une série. On l'a commencée à Lens. Pour l'instant elle est en cours. Je n'ai pas vu les images. Je ne sais pas si Sow était hors-jeu. Si c'est le cas, on a eu un peu de chance. Mais on avait pris un but hors-jeu à Rennes et on ne s'était pas plaint. Je vous accorde que ce n'était pas un match extraordinaire à regarder. Mais bon: c'est ce genre de match qu'il faut savoir remporter. Et même tardivement. Plus c'est dur, meilleur c'est (rires) !"
Claude Puel (entraîneur de Lyon): "J'ai des regrets. Je pense qu'il y avait matière à faire autre chose au niveau du résultat. C'était un match bloqué avec parfois des choix crispés. On savait qu'il fallait être vigilant sur coups de pied arrêtés. Il nous fallait ensuite mettre le pied sur le ballon. Finalement, le scénario tourne mal pour nous. Il nous a manqué quelques petits gestes ou des lachers de ballon plus rapides. Il y avait de la place pour ramener un point. La Ligue des Champions était évacué, on a eu cinq jours pour récupérer. On sentait que l'équipe qui aller mener à la marque allait avoir un ascendant psychologique. Je suis inquiet sur le plan comptable car on enchaîne des matches importants comme le derby (contre Saint-Etienne, l'actuel leader, ndlr) et la Coupe d'Europe. Les choses ne tournent pas dans le bon sens".
Jean Tigana (entraîneur de Bordeaux): "C'est notre première victoire à Chaban-Delmas. J'ai eu plaisir à voir le public comme ca, c'est important pour nous. On a essayé de jouer. J'avais fait une équipe assez offensive, cela a payé ce soir. C'était important de ne pas être derrière. Le déclic, ce sera les enchaînements de matches, c'est pour cela que le match de Caen est maintenant déterminant comme l'était celui de Nice. Je sais que contre les grosses équipes, on est présent. Paris, Marseille, Lyon, il n'y a aucun problème. Il faut reproduire les mêmes prestations contre des équipes aussi valeureuses que nous et très efficaces. Pour cela, il fallait avoir les joueurs disponibles. Jussiê n'a fait qu'un match à Paris et après il s'est blessé. Wendel pareil. Je ne vais pas sauter au plafond. Ce n'est qu'une étape, c'est bien mais c'est à la fin que ça compte. Si on avait perdu ce soir, cela aurait été catastrophique. Cela nous permet de continuer à travailler sur les mêmes bases. Je n'ai donné aucune consigne concernant Gourcuff. Aucun joueur en a parlé, mon équipe était prête dès jeudi. Il fallait se concentrer sur notre jeu".
Jean-Michel Aulas (président de Lyon): "Si je vous disais que je ne suis pas inquiet, vous ne me croiriez pas. Mais s'il avait fallu choisir entre le match de Schalke et le match de Bordeaux, on aurait choisi Schalke car lui est déterminant pour la qualification (pour la C1). Bordeaux avait aussi besoin de gagner et c'est ce qui est dommage quand on rencontre Bordeaux en début de championnat dans une situation difficile. Celui qui perd le match prend la pression supplémentaire. Aujourd'hui, on la prend mais on est taillé pour pouvoir y résister. Il faudra être un peu costaud pendant quelque temps. La qualité du groupe n'est pas remise en cause, l'entraîneur est un bon entraîneur et le président est un président qui a de l'expérience donc il va falloir être patient et faire en sorte que les gens qui supportent l'Olympique Lyonnais le supportent encore plus pour le 100e derby de samedi. C'était un match où on aurait pu prendre l'ascendant avec la tête de Bastos et l'échappée de Lisandro. On aurait pu revenir en 2e mi-temps, il y a trois ou quatre occasions après le but. Et on a cédé sur la fin comme cela se fait naturellement. Ceci étant, ce n'est pas une catastrophe, on est en dessous de notre plan de marche mais on reste en vie et on va avoir une volonté totale de pouvoir démontrer le bien fondé des orientations que l'on a prises".
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