Philippe Piat (UNFP) : "Peut-être qu'on a fait fausse route, mais on le saura à la fin"
"On est vraiment trop cons", pestait encore Jean-Michel Aulas samedi, toujours aussi remonté après l'arrêt définitif de la saison 2019/20 acté par la LFP le 30 avril dernier. Le président de l'OL, accompagné des autres présidents de clubs s'estimant lésés, ne cesse de faire pression pour que les instances réfléchissent à reprendre le championnat. S'appuyant sur la position de l'UEFA, il fonde une partie de son argumentaire sur les stratégies adoptées par les pays voisins. Alors que la Bundesliga a repris depuis une semaine, l'Espagne a fixé samedi sa rentrée au 8 juin prochain.
La crainte du vilain petit canard européen
"C'est sûr que si tout le monde reprend sauf nous, la question peut se poser", a concédé Philippe Piat dans les colonnes de L'Equipe dimanche. Le co-président de l'UNFP était en première ligne d'un mouvement qui avait demandé à la LFP d'arrêter la saison. Le 20 avril dernier, l'autre président de l'UNFP, Sylvain Kastendeuch, insistait auprès du Monde : "L'urgence économique ne doit pas prendre le pas sur l'impératif de santé publique". Un autre argument s'appuyait sur les "risques physiques élevés" sur la santé des joueurs d'une reprise trop anticipée.
"Il y a encore un mois il y avait des centaines de morts par jour en France. C'est facile de dire maintenant que nous avions tort. (...) La question d'une deuxième vague est toujours d'actualité. Ceux qui reprennent font un pari sur l'avenir", estime Philippe Piat, appelant à la plus grande prudence. D'après lui, trois facteurs ont fait que l'idée d'une reprise de la saison a été abandonnée en France, et pas en Angleterre, en Espagne, en Italie ou en Allemagne.
La réalité de l'instant
"Il n'y a pas eu non plus les mêmes prises de position du gouvernement à l'étranger", rappelle-t-il, se référant au discours prononcé par le Premier ministre Edouard Philippe devant l'Assemblée nationale le 28 avril dernier. "La saison 2019/2020 ne pourra pas reprendre", avait énoncé explicitement le chef du gouvernement. Le deuxième argument concerne les tests sérologiques. "Chez nous, on n'avait pas l'assurance d'être testés régulièrement", assure Piat.
Enfin, il insiste sur le rôle crucial de Canal + dans l'arrêt de la saison. "C'est le courrier de Canal + annonçant la rupture du contrat sur les droits télé (le 30 avril), peu avant un conseil d'administration, qui a été la goutte d'eau. Et ce même si le championnat allait au bout. Si c'était pour reprendre avec le risque sanitaire, à huis clos et sans l'argent des droits télé, certains se sont dit, à quoi bon ?", analyse-t-il.
Le ralentissement de la progression du Covid-19 en France et la peur de faire figure d'exception en Europe ont jeté le flou sur une décision que la majorité semblait appuyer à l'époque. Pour Philippe Piat, ce n'est pas le moment d'émettre un avis tranché. "Peut-être qu'on a fait fausse route. Mais on le saura à la fin", insiste-t-il. La réalité du moment ne sera peut-être pas celle de demain.
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