Pourquoi Rennes n'arrive pas à changer
François Pinault, le richissime propriétaire du Stade Rennais, sait bien qu'en football, l'argent ne fait pas toujours le bonheur. En 2000, L'homme d'affaires français casse son cochon-tirelire et dépense 58 millions d'euros sur le marché des transferts, dont 21 pour le goleador brésilien Severino Lucas, et 12 pour le prometteur argentin Mario Turdo. Mais la mayonnaise ne prend pas et très vite, le milliardaire comprend que son argent a été dilapidé. Alors, échaudé par ce camouflet, Pinault décide que la politique économique et sportive du Stade Rennes ne s'axerait plus tellement sur l'achat de pseudo-stars mais plutôt sur la formation et revente des jeunes joueurs talentueux. Sur le long terme, la stratégie n'a pas vraiment payé. Actionnaire majoritaire des Rouges et Noirs depuis 1998, le mécène n'a vu aucun trophée prendre place sur les étagères du club (depuis 1983 et le titre de champion de L2). Pour un club qui pourrait potentiellement être aussi puissant que Monaco et Paris, c'est peu.
L'arrivée en 2013 de Philippe Montanier, élu meilleur entraîneur de Liga avec la Real Sociedad la saison passée, a enthousiasmé le boss breton, qui s'est enfin décidé à réinvestir. Mais aujourd'hui, alors que son club pointe à la 16e place de L1, il pourrait bien se diriger vers le même fiasco.
Outre le PSG, l'un des plus beaux effectifs de L1
Pourtant, le début de saison rennais ne laissait pas présager une telle débâcle. 5e après 7 journées de Ligue 1, les Bretons signaient, à défaut d'être flamboyants, un début de saison correct. Emmenés par les talentueux Julien Féret, Jonathan Pitroipa, Romain Alessandrini et Nelson Oliveira, les hommes de Philippe Montanier ambitionnaient discrètement les places européennes. Quelques mois plus tard, les Rouge et Noir, qui restent sur trois défaites consécutives face à Guingamp (0-2), Valenciennes (2-1) et Toulouse (2-3), luttent pour le maintien.
La situation sportive du Stade Rennais, 15e à la trêve, oblige François Pinault à mettre la main à la poche. Le grand espoir français Paul-George Ntep, convoité par de gros clubs anglais, rallie la Bretagne en janvier, un peu contre toute attente. De même pour les plus méconnus mais non moins talentueux Grosicki et Toivoinen, qui viennent compléter une force de frappe inhabituelle pour un club embourbé dans le ventre mou. Pour quel résultat ? En 5 matches disputés, la pépite formée à Auxerre a marqué 1 but et semble avoir quelques difficultés à se fondre dans le collectif. Grosicki et Toivoinen, eux, ont déjà pleinement convaincu Montanier. Virevoltant et techniquement très à l'aise, l'ailier polonais a déjà poussé Pitroipa sur le banc. Quant au géant suédois (1m91), il a aisément éclipsé l'espoir portugais Nelson Oliveira, et a déjà trouvé le chemin des filets à 5 reprises en 8 apparitions.
Le discours de Montanier passe t-il ?
Potentiellement, les joueurs recrutés par Rennes sont de très bons joueurs de ballons. Si le camouflet rennais ne s'explique pas par les erreurs de casting, peut-être est-ce le projet de jeu prôné par Montanier qui pose souci. Adepte d'un jeu de mouvements fait de passes courtes, le coach breton tarde à appliquer un dispositif qui avait bien fonctionné à Valenciennes puis à la Real Sociedad. Sauf qu'en ce moment, Alessandrini, Pitroipa et consorts ne paraissent guère inspirés. Contre Toulouse (2-3), Phlippe Montanier a tenté d'expliquer la défaite des Rouge et Noir par la déveine: "c’est une sale soirée mais il y a encore neuf matchs, on ne va pas s’arrêter là", avait-il confié à l'issue du match contre le TFC. "Il faut casser cette spirale et provoquer la réussite qui actuellement nous fuit". Samedi dernier, l'attaquant Ola Toivoinen avait marqué contre son camp. Quelques heures avant le match, Grosicki, véritable dynamiteur de défense, déclarait forfait. On a déjà vu entraîneur plus verni.
Mais peut-être Montanier a t-il juste besoin de temps. Après tout, n'avait-il pas frôlé la relégation lors de sa première saison avec la Real Sociedad ? Un an plus tard, il qualifiait les "Errealas" pour la Ligue des Champions. François Pinault le sait bien, et c'est sans doute pour cela qu'il est aussi indulgent avec l'entraîneur rennais.
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