Première arbitre femme en Ligue 1, Stéphanie Frappart veut "susciter des vocations"
Sur la photo de groupe, elle semble bien seule, assise au premier rang : après cinq ans en deuxième division, l'arbitre centrale Stéphanie Frappart a été promue en Ligue 1, où elle sera la première et unique femme à officier cette saison. "Je ne suis pas seule, on forme un groupe", balaye l'intéressée à l'AFP, avant de s'enthousiasmer sur sa nomination : "Cela fait partie de mon rôle de susciter des vocations. C'est un réel plaisir de montrer que c'est possible. Maintenant, on pourra voir des femmes arbitres à la télé, c'est une fierté."
Arbitre de la finale de la Coupe du monde féminine
Entre ses débuts en Ligue 2 en 2014 et la finale de la Coupe du monde féminine cet été qu'elle a dirigée, la Francilienne de 35 ans s'est fait une place, en éclaireuse, dans le milieu du foot, parfois raillé pour son machisme. "C'est à la fois un privilège, un honneur et une responsabilité. J'espère que mon parcours va encourager les jeunes filles à s'engager dans l'arbitrage", avait-elle réagi en juin, au moment de sa désignation par la Fédération française (FFF) pour la saison à venir.
Cette pionnière a fait voler en éclats toutes les barrières, devenant la première femme à diriger un match de Ligue 1 en avril, lors d'Amiens - Strasbourg (0-0), puis Nice-Nantes (1-1) en mai. Elle a également dans son bagage 76 matchs de Ligue 2 et deux Coupes du monde féminines.
"Le plus dur commence"
Pour le stage de reprise en juillet à Clairefontaine, la FFF n'a pas adapté ses contrôles de rentrée aux femmes. Frappart passe ainsi "les mêmes tests physiques que les garçons", car "les joueurs ne vont pas moins vite quand j'arbitre, donc les exigences ne doivent pas être moindres", justifie-t-elle.
Un moyen de prouver ses qualités, malgré la finale de la Coupe du monde féminine et les deux matchs de Ligue 1 de la saison passée. "J'ai accompli deux de mes objectifs en deux mois", sourit Frappart. "Le plus dur commence, je sais que je suis attendue. Je vais devoir faire ma place comme en Ligue 2, comme tout arbitre".
L'arbitre s'attend également à être mise à l'épreuve par les joueurs: "Ils vont tester mes compétences, et il y aura aussi de la contestation", même s'il y a "une différence dans les mots, les gestes, la virulence. On ne s'adresse pas de la même manière à un homme ou à une femme".
Dans le gotha de l'arbitrage féminin mondial
"(Lors d'Amiens-Strasbourg) J'ai trouvé que, dans le comportement des joueurs vis-à-vis de Stéphanie Frappart, il y avait énormément de respect, de courtoisie. Un arbitre féminin, peut-être, va rendre les garçons plus courtois, plus respectueux des lois du jeu", estime Didier Quillot, le directeur général de la Ligue (LFP).
Le fait d'être la seule femme dans ce milieu d'hommes ne l'effraie pas. "Chacun a une approche, une gestion différente des matches. Pour moi, il n'y a pas de différence entre un homme et une femme".
La Française fait déjà partie du gotha de l'arbitrage féminin mondial, dans les pas de de Bibiana Steinhaus, la première femme à avoir dirigé un match de Bundesliga, et ceux de Nelly Viennot, qui a officié en première division mais du bord de la touche, comme arbitre assistante. Et qui pour suivre les traces de Frappart à l'avenir ?
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