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PSG, la malédiction du champion

Depuis la fin de l’hégémonie lyonnaise en 2008, les quatre clubs champions de France ont connu des remous dans la foulée d’un titre qu’ils n’ont pas su conserver. Une tendance qui n’épargne pas le PSG.
Article rédigé par franceinfo
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Le nouveau logo du PSG

« Le plus dur, c’est de confirmer ». Servie à tour de bras, cette rengaine résume bien le destin de quatre des cinq derniers clubs champions de France. Depuis la chute de l’empire lyonnais, Bordeaux, Marseille, Lille et Montpellier ont connu des succès sans lendemain. D’ailleurs seuls les clubs phocéens et nordistes, ont terminé sur le podium de Ligue 1 l’année suivant leur sacre national. S’il est impossible de préfigurer de l’avenir du club de la capitale, il présente de nombreux symptômes identiques à ceux de ses prédécesseurs. A base de conflits à la tête du club, de joueurs-cadres en partance et de recrutement compliqué.

En Gironde, les choses s’étaient déréglées début 2010. Champion de France en titre, Bordeaux filait vers une seconde couronne avec 12 points d’avance sur son dauphin marseillais à la mi-saison. Tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que Laurent Blanc soit convoité par la Fédération française de football pour prendre les Bleus en main. « Expliquer notre mauvaise deuxième partie de championnat par une perte d’autorité de l’entraîneur qui devait partir, c’est se cacher les vrais problèmes », conteste le nouvel entraîneur du PSG. Néanmoins, la relation avec le président Triaud est brouillée et le club au Scapulaire s’effondre, terminant 6e.

Crise de gouvernance et finances en berne

Le mal a mis plus de temps à se répandre mais il a également frappé du côté de la Provence. L’armoire à trophée dépoussiérée après 17 ans de disette, l’OM retombe dans ses travers. Dans la foulée du titre, le mercato d’été 2010 est un calvaire. Alors que Deschamps attend des renforts de poids pour franchir un cap, il perd son capitaine et meilleur buteur Mamadou Niang. Sans oublier une fin de collaboration compliquée avec Hatem Ben Arfa. Recruté à prix d’or, Gignac est hors du coup et les finances olympiennes virent au rouge malgré une qualification en Ligue des champions à l’issue de la saison suivante. Le président Dassier est débarqué en juin 2011. Au mois d’octobre, Didier Deschamps et José Anigo s’écharpent par voie de presse. « Tout le monde ne tire pas dans le même sens au club », affirme l’ancien milieu de terrain de l’équipe de France. « On ne peut pas toujours dire c’est la faute de untel ou untel et jouer à Caliméro », rétorque le directeur sportif marseillais. Résultat, une série de 13 matches sans victoire, une 10e place au classement, et une cure d’austérité.

La trajectoire du Losc ressemble à de nombreux égards à celle de l’OM. Tout juste le trophée de champion 2011 levé, Eden Hazard quitte le Nord, tout comme Gervinho ou Cabaye. Le club du président Seydoux cède ses deux meilleurs passeurs mais s’accroche tout de même à la 3e place la saison suivante. Le recrutement prometteur de l’été 2012 n’est qu’un écran de fumée. Kalou ou Martin ne justifient pas les sommes engagées sur eux pendant que le club nordiste empêche Debuchy de partir. « Comme tous les ans au LOSC, au moment du mercato, cela peut créer des histoires. Mais, aujourd’hui, ça va mieux même si tout n’est pas parfait », concède Rio Mavuba à l’entrée de l’automne. Les résultats sont mauvais (15e fin septembre) et le vestiaire s’effrite. Début décembre, Mickaël Landreau, titulaire indiscutable dans les buts, rompt son contrat. Sixième de L1, Lille ne verra pas l’Europe l’an prochain et s’est déjà séparé de Chedjou et Payet, deux de ses meilleurs éléments.

Le PSG doit frapper fort sur le marché des transferts

A Montpellier, il n’a pas fallu plus de trois mois pour que la crise d’après-titre ne se déclenche. «Ce qui s'est passé après le titre, les demandes de ceci de cela, de primes, de réévaluation de salaire, ça m'a gavé (…). J'en ai plein le cul des gens qui se plaignent sans arrêt, qui veulent plus, resigner deux ans, un an de plus pour avoir une réévaluation. Je trouve ça aberrant, casse-couilles, et ça m'emmerde », lâche un Loulou Nicollin remonté. Handicapé par le départ de leur sérial buteur Olivier Giroud, les Pailladins rament en championnat (16e après 9 journées). En mars, le président choisit de trancher : René Girard ne sera pas prolongé. « Je ne suis pas président délégué. Ici, c'est moi qui paie, ici c'est moi qui décide. On va donc s'arrêter là », tonne Nicollin. Revenus dans la course à l’Europe, les Languedociens s’effondrent et échouent au 9e rang.

Confronté au départ de Leonardo et de Carlo Ancelotti, le Paris-Saint Germain subit une crise de gouvernance, comme ces quatre formations avant lui. D’autant que Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic pourraient prendre la poudre d’escampette. Et la phrase de Leo de faire écho : « Il n’y a pas de culture de la gagne en France ». Choix par défaut, Laurent Blanc doit remettre de l’ordre dans la maison Rouge et Bleu. Toutefois, à la différence des équipes qui le précèdent au palmarès, le PSG a des moyens financiers illimités. Reste à ne pas imiter l’ennemi marseillais, incapable de changer de dimension en 2010 malgré des caisses remplies. Faute de quoi, le club de la capitale pourrait venir grossir les rangs des champions maudits.

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