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Quand les Chinois rachètent le football français

Il est en train de se passer quelque chose d'incroyable dans le football français. Les Chinois investissent massivement en Ligue 1 et en Ligue 2.

Article rédigé par Vincent Giret, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président du club de football de Nice présente en juin 2016 quatre nouveaux investisseurs dont deux actionnaires chinois (CYRIL DODERGNY / MAXPPP)

Ce vendredi soir, en Ligue 2, Auxerre affronte Sochaux. L'affiche peut paraître banale, sauf si l'on relève qu'il s'agit une rencontre entre actionnaires chinois. En 2015, la famille Peugeot, propriétaire historique du club de Sochaux, l’avait vendu à un groupe chinois. Cet après-midi, le club d'Auxerre passera aussi en partie sous pavillon chinois.Les actionnaires minoritaires de l’AJ Auxerre vont donner leur feu vert au rachat de 60% du capital du club, celui du valeureux Guy Roux, à un groupe chinois spécialisé dans le packaging. 

La ligue 1 visée aussi par des Chinois

Ce sont  bien deux clubs de Ligue 2 détenus par des actionnaires chinois qui se rencontrent. C’est une première et ce n’est pas fini. Les investissements commencent aussi à atteindre la Ligue 1. Cet été, deux hommes d’affaires chinois alliés à deux Américains ont racheté 80% de l’OGC Nice. Et en août, c’est Jean-Michel Aulas, propriétaire de l’Olympique Lyonnais, qui a réalisé un coup de maître en réussissant à vendre 20% du club pour la somme de 100 millions d’euros à un groupe chinois.  

Du business comme dans l'industrie

On a affaire à l’émergence d’un nouvel acteur majeur dans le football mondial. Ce sont les investisseurs chinois. Ils représentent une nouvelle vague d’investisseurs dans un marché où étaient d’abord présents les investisseurs américains, parce que le sport est là-bas est une industrie qui fonctionne comme le business traditionnel. Ensuite, il y a eu des investisseurs à la recherche d’une reconnaissance internationale. On peut citer les oligarques russes et les représentants du Moyen-Orient et du Golfe. A présent, on assiste à l’arrivée tonitruante de groupes chinois totalement inconnus pour nous, mais qui ont de très gros moyens.

Un engouement calculé

Les Chinois ne font jamais rien à moitié. Le régime chinois a décidé, il y a quelques années déjà, que le football, était une priorité nationale, en raison de la puissance de son rayonnement international, de la place qu’il occupe dans la mondialisation. Ils ont d’abord bâti un championnat qui commence à tenir la route. Ils ont attiré beaucoup de joueurs européens en fin de carrière et leurs stades commencent à être pleins. La deuxième phase du plan, c’est l’investissement dans le football mondial. 

L'attrait du football français

Notre marché est totalement et injustement sous-valorisé. Les Chinois ont obtenu l’AJ Auxerre et son célèbre centre de formation pour sept petits millions d’euros. Un avocat spécialisé me disait hier soir qu’il était désormais approché par des entreprises chinoises totalement inconnues et improbables. C’est une entreprise de packaging qui rachète Auxerre, une entreprise comme il y en a des milliers en Chine.

Les règles du jeu européennes vont souffrir

On est au début d’un mouvement qui va transformer le marché du football, et en Europe à coup sûr. Ce n’est pas sans poser plusieurs problèmes à long terme. Les règlements sportifs n’autorisent pas les multipropriétés. Autrement dit, un actionnaire ne peut pas être propriétaire de plusieurs clubs susceptibles de s’affronter dans une même compétition, pour des raisons évidentes d’éthique. Mais le problème avec le capitalisme chinois, c’est que l’Etat est à peu près présent partout dans l’économie. Ça sera donc aussi un sacré défi pour le football mondial.  

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