Quelle ambiance pour le retour de Neymar au Parc des Princes ?
“Ca ne sera pas Fiorèse qui fait son retour au Parc, mais presque, sauf que Fiorèse était revenu avec le maillot de l’OM, alors que Neymar porte toujours le nôtre...” prévient d’entrée Jérôme, 39 ans, abonné du virage Auteuil depuis 1997. Et dans le petit monde des tribunes parisiennes, le cas Fabrice Fiorèse est une référence en matière de conspuation et d’intimidation. Autant dire que Neymar est prévenu.
De nouvelles banderoles à prévoir ?
Tout a commencé le 11 août dernier, lors de PSG-Nîmes, premier match de la saison au Parc des Princes. Ce jour-là, en l’absence de Neymar, des banderoles fleurissent dans le virage Auteuil. Auteur de celle “Neymar casse-toi”, Jérôme justifie sa démarche : “On cherchait à faire quelque chose pour marquer notre opinion par rapport à ce feuilleton. On voulait un message simple, pour résumer ce qu’on pensait, sans injurier”, raconte ce membre du Collectif Ultra Paris (CUP). Il poursuit : “On a soumis l’idée aux responsables du groupe, et voilà. Je n’ai aucun regret. Si c’était à refaire, je le referais”.
Mais justement, pour le retour de Neymar, le Parc va-t-il remettre cela ? À en croire Jérôme, étonnamment, non : “On a fait passer notre message contre Nîmes. Finalement il est toujours au club, on ne va pas non plus sortir des dizaines de banderoles pour lui. Il n’en vaut pas la peine”. Ce fidèle du virage Auteuil va même jusqu’à se demander si “la meilleure des solutions ne serait-elle pas de l’ignorer ? Avec son égo, ça le vexerait”. Possible, mais difficilement imaginable tant le Parc est remonté contre son ex-protégé. Au point que les maillots floqués au nom du Brésilien se font rares aux abords du stade, et même dans les armoires de certains supporters qui en ont aujourd’hui honte.
Ironiser, injurier ou ignorer ?
Au delà des banderoles, contre Nîmes des chants injurieux envers Neymar avaient interpellé. “Ce n’était pas prévu, c’est parti de quelques mecs dans le virage, on ne sait pas trop où, et c’était loin d’être le truc le plus intelligent qu’il y ait eu ce soir-là”, regrette d’ailleurs Jérôme. Lui aussi membre du CUP, Antoine avoue s’être laissé porté par le contexte : “C’est rarissime que je siffle mes joueurs, même les Marseillais je ne les insulte pas, c’est dire. Mais Neymar nous a trop manqué de respect, donc ce chant, je l’ai chanté, et c’est possible que je le refasse”.
Là est toute la question : Neymar doit-il s’attendre aux foudres vocales des supporters, ou à être ignoré ? Indécise, la réponse est entre ses pieds. “S’il rentre, il y aura une bronca énorme, c’est sûr. Il va se faire pourrir sur ses premiers ballons, mais c’est moindre mal vu ce qu’il a fait. Après, ça va vite se calmer”, pense Jérôme. Suiveur du club influent sur Twitter, et souvent présent au stade, Piotr craint de nouvelles provocations : “Ça fait partie du jeu quand on se comporte aussi mal avec son club. Tout ce que j’espère, c’est que ce soit fait avec plus d’ironie. C’est toujours plus incisif et intelligent avec une pointe d’humour”. Lui aussi abonné de longue date, Rudy précise : “Ça ne viendra pas que des virages, une bonne partie du stade l’a dans le collimateur même si beaucoup de supporters n’ont pas accepté les chants et les banderoles contre Nîmes. Ça va être très variable”.
Une haine partie pour durer ?
Si le public du Parc est partagé sur l’accueil à réserver à Neymar, un point fait presque consensus : les excuses. “Le terrain ne suffira pas à mes yeux. Il faudra des excuses publiques, verbales. Et ensuite, qu’il la ferme et qu’il cartonne sur le terrain. Sans ça, il risque de passer une sale saison au Parc” prévient ainsi Jérôme. “Cela mettra du temps, mais le virage lui pardonnera s’il s’excuse. En revanche à son départ, on oubliera vite l’homme, peu importe ce qu’il apportera sportivement”, complète de son côté Antoine. Quant à Rudy, il résume : “Il a fait beaucoup de mal au club hors du terrain, donc il doit s’excuser hors du terrain”.
Au-delà du virage Auteuil, la pilule pourrait passer plus rapidement. “Certains veulent des excuses au nom de l’institution, mais au nom de l’institution, il faut aussi se réjouir qu’il reste. D’un point de vue sportif, c’est une escroquerie intellectuelle de penser le contraire” affirme Piotr. Habitué de la tribune Paris, il pense même que Neymar sera vite pardonné par la majorité : “Les excuses verbales : c’est de la com' on s’en fout, ce n’est pas ça le foot. Moi, j’attends un joueur impliqué sur le terrain et c’est tout. Je ne dis pas qu’il sera ovationné par le kop, mais d’un point de vue médiatique et populaire, deux doublés et ce sera fini”.
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Qu’il le pardonne, qu’il sorte de nouvelles banderoles ou , qu’il le conspue à chaque match ou non : une chose est sûre, le Parc des Princes gardera longtemps les séquelles de cet été 2019. “Est-ce que j’aimerais gagner la Ligue des Champions avec un triplé de Neymar en finale ? Je suis incapable de répondre”, ose ainsi Antoine. Plus que la relation entre un joueur et son public, finalement cet épisode met surtout en lumière les différences entre supporters du PSG. “Il faut trouver le juste milieu pour défendre l’institution sans cracher dans la soupe” conclut Antoine. “Juste” et “milieu", voilà deux termes qui collent plutôt bien à Neymar.
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