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Rennes prend le pouvoir

La 8e journée a porté une nouvelle équipe en tête de la L1. En étrillant Toulouse (3-1), le Stade Rennais prend les commandes du championnat. Danzé, Mangane et Marveaux sont les héros rouge et noir du soir. Les Bretons devancent désormais Saint-Etienne d'un point. Lille, vainqueur de Montpellier (3-1), et Toulouse sont déjà pointés à quatre longueurs du nouveau leader. Le PSG a été tenu en échec par Nice (0-0).
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
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Rennes, leader réaliste

La Ligue 1 adu mal à se stabiliser. Après avoir été prise d'une fièvre verte, elle a choiside mettre cap à l'Ouest. Saint-Etienne avait attendu 28 ans avant de trônertout en haut du football français. Rennes a mis fin à 40 ans d'attente. Et pourdonner encore plus de joie au peuple Rouge et Noir, les joueurs de FrédéricAntonetti ont étrillé Toulouse (3-1). Un score en trompe-l'œil car lesHauts-Garonnais n'ont pas démérité, notamment en première période qu'ils ontlargement dominée. Mais moins bons techniquement et moins efficaces en attaque,ils ont été surpris au moment où ils s'y attendaient le moins. Comme un symbolede la prise de pouvoir bretonne, c'est un pur produit régional, Romain Danzé leFinistérien, qui montrait la voie à suivre d'une frappe sublime à l'entrée dela surface (1-0, 45e).

Coup de froid sur le TFC qui bousculait pourtant sonadversaire et dominait le milieu de terrain, devant son rideau de fer défensif.La blessure d'entrée de jeu de la plaque tournante Etienne Didot était presqueannonciatrice de la mauvaise soirée qui se profilait à l'horizon (13e).Antonetti l'avait compris et ne cessait de donner de la voix pour mobiliser sesjoueurs qui n'arrivaient à rien jusque-là et étaient même tout près de voirSissoko ouvrir la marque (30e). Mais tout réussit à des Rennaistoujours invaincus (5 victoires, 3 nuls). L'arbitre ne voyait pas la main deMangane dans la surface (44e), juste avant l'ouverture du score.


Si Rennes balbutiait son football en première période sur une pelouse renduedifficile par les trombes d'eau, la bande à Dalmat haussait le ton au retourdes vestiaires, justifiant pleinement son avantage au score. Mais Valverderepoussait l'échéance face à Montano (58e) et Marveaux (69e)ou pouvait compter sur Cetto pour protéger la ligne (56e). Taferregrettera lui sans doute longtemps la balle d'égalisation qu'il expédieraau-dessus (67e). En patron, les Rennais alourdissaient la marque parMangane de la tête (2-0, 77e) et, dans la foulée, sur un penalty deMarveaux (3-0, 80e), passeur décisif sur le premier but. Seulefausse note pour les Rouge et Noir, la réduction du score de Sissoko sur le relâchementde la défense (3-1, 88e). Pas de quoi assombrir la soirée: Rennesretrouve les sommets de la L1, pour un point devant Saint-Etienne. Derrière lesurprenant duo, la concurrence emmenée par Lille est déjà à quatre points.

Lille engrange

Sans faire de bruit et après un début de championnat quelconque (5 matches nuls pour seulement 3 victoires), le Losc est en train de retrouver le chemin du podium. Dépassés in extremis par Auxerre en mai dernier et privés de Ligue des champions, les Nordistes sont revanchards et invaincus après deux mois de compétition. Ils espèrent poursuivre sur leur lancée après la trêve internationale. La manière dont ils ont disposé des hommes de René Girard en dit long sur le potentiel de cette formation qui peut viser haut cette saison.

Le début de rencontre était assez tranquille mais les chocs se faisaient de plus en plus rudes au fur et à mesure. Lille commençait à dominer et les Languedociens, fidèles à leur réputation, commettaient de nombreuses fautes. Cela énervait Rudy Garcia qui n'appréciait pas deux charges irrégulières sur Debuchy et Frau (victimes de deux coups de coude de Camara, qui aurait pu récolter un carton rouge). Heureusement pour les Lillois, Moussa Sow ouvrait le score à la 19e minute. Un long centre de Cabaye au troisième poteau trouvait la tête de Rami qui remettait dans l'axe: Sow trompait Jourdren en deux temps (1-0). Montpellier égalisait juste après sur un penalty de Giroud consécutif à une poussée de Debuchy sur Camara (1-1, 2e). Le match s'animait carrément. Dans la foulée, un tir splendide de Cabaye s'écrasait sur la barre transversale alors que Jourdren était lobé (26e). Moussa Sow redonnait toutefois l'avantage aux Dogues. Sur une longue ouverture, l'ancien Rennais grillait la politesse à Emir Spahic et trompait Jourdren, sortie à sa rencontre, d'une petite frappe croisée (2-1). Il offrait même l'occasion du K.O. à Gervinho mais l'Ivoirien manquait son contrôle alors qu'il était seul devant le portier adverse. Lille menait logiquement à la pause.

Et Lille débutait très bien la seconde période. Après un bon tir de Frau (48e), les Nordistes se procuraient une magnifique opportunité. Gervinho coulissait avec Emerson côté gauche: le latéral centrait et la défense sudiste se dégageait mal. Mavuba récupérait le cuir en bonne position mais Spahic intervenait in extremis. Puis Montpellier réagissait. Le très fin Belhanda sollicitait ainsi Landreau à deux reprises mais le gardien international se montrait vigilant. Et à dix minutes de la fin, le Losc crucifiait son rival sur une belle contre attaque, récupération de Mavuba et entente parfaite entre Gervinho et Hazard qui offrait un caviar à son compère pour assurer la victoire (3-1).

Le PSG bute sur Ospina

Le Paris SG, barré par un Ospina en état de grâce, a encore montré ses limites offensives du moment (0-0) même s'il étend sa série d'invincibilité contre Nice, qui enraye pour sa part sa chute après trois défaites, dimanche lors de la 8e journée de L1. Alors qu'un podium provisoire leur tendait les bras en cas de victoire, les Parisiens reculent de deux places (7e) à cause de ce 2e nul consécutif au Parc, en conclusion d'une semaine européenne après leur succès contre Lviv jeudi (2-0). Du coup, Paris en est désormais à six matches d'invincibilité sans prendre de but, mais il n'avance pas beaucoup. Et s'il montre, comme face à Rennes (0-0 aussi), qu'il sait ne plus perdre ce genre de rencontres, il serait inspiré d'apprendre à les gagner s'il veut rester dans le haut du tableau et ne pas voir ses rivaux s'éloigner.

En face, Nice, avec Clerc et Ljuboja en l'absence de Diakite et Mouloungui, dérape encore (13e) mais profite des absences de son adversaire pour reprendre de l'air après trois revers de rang et huit bus encaissés qui l'avaient vu dégringoler de la 4e à la 11e place. Mais quand Nice est dans le dur, il n'aime jamais rien autant qu'un petit match à Paris pour se relancer. Battus une seule fois lors de leur cinq derniers matches au Parc, les Aiglons ont pris un malin plaisir à le rappeler. Malchanceux contre Rennes le week-end dernier, Ospina a endossé cette fois-ci le costume de bourreau des ambitions parisiennes, notamment en fin de 1re période, lorsque le PSG commençait à prendre feu. Impeccable et même averti pour un sens du vice trop évident, le Colombien a ainsi repoussé toutes les tentatives de Hoarau (27e, 33e), Erding (34e) et Nenê (36e, 85e). Ensuite, M. Ledentu, sous la bronca, a systématiquement refusé à Hoarau (73e) ou Chantôme (63e) le penalty que d'autres auraient pu leur accorder et que, contre Rennes déjà, ils auraient dû obtenir...

Signe que la fébrilité gagne peut-être du terrain, même Nenê, impeccable jusque-là pour masquer un passage à vide qui dure chez Hoarau et Erding, a fait preuve de gourmandise en gâchant plusieurs situations favorables. Finalement, Paris peut regretter son manque de vivacité et d'inspiration qui ne lui a pas permis d'asseoir sa domination face à un adversaire qui a laissé des espaces malgré sa préoccupation à défendre. Pourtant, si les Parisiens, sous les yeux de leur ex-goleador Bianchi, sont "poissards" devant ces temps-ci, ils ne sont pas malheureux derrière, à l'image de ces ratés successifs niçois au retour des vestiaires (49e, 52e) face à un but quasiment vide.

Réactions

Rudi Garcia (entraîneur de Lille): "Je n'ai jamais perdu contre le LOSC. On a fait un très bon match, surtout la première période. On a retrouvé nos enchaînements. On a été efficace même si on a manqué de réussite avec deux tirs sur la barre. Nos attaquants ont marqué. On se devait de faire mieux. On a démontré qu'on était capable de hausser notre niveau. On a été très bon dans la gestion de notre baisse physique en début de seconde période. On a su gérer nos temps faibles. On a su mettre un troisième but à dix minutes de fin qui nous a permis de l'emporter plutôt largement. C'est le match qu'on souhaitait faire et qu'on a fait. Il y a vraiment de quoi être satisfait. On a quinze jours pour préparer une série de neuf matches. Il va falloir récupérer tout l'effectif. C'est vrai que cette victoire nous permet de rentrer dans les cinq premiers. On est sur une série positive. Je me dois d'être exigeant. Quand j'estime qu'il y a la possibilité de gagner je le dis. Mon rôle, c'est de le leur dire".

Moussa Sow (Lille): "Pour moi, c'est mon meilleur match de la saison. Collectivement, je pense que c'est aussi le meilleur match mais avec celui de Toulouse (1-1). On a su concrétiser nos actions. On a joué vers l'avant. On a su marquer des buts. L'entraîneur nous a bousculés le lendemain de Gand. Il a dit qu'on avait bien joué mais on n'avait pas concrétisé. Ce soir (dimanche), c'est chose faite. On a répondu à ce qu'il nous a demandé".

Clément Chantôme (milieu du PSG): "C'est bien de ne pasavoir encaissé de but encore, mais on s'est créé beaucoup de situations alorson est forcément déçu. Leur gardien leur sauve le match. Il a tout arrêté.Nous, on a manqué de précision dans le dernier geste. L'an passé, on n'avaitpas autant de maîtrise sur un match. C'est quand même encourageant. On n'atoujours pas pris de but, il faut continuer comme ça. Les organismes sont fatiguéset la trêve est une bonne chose".

Eric Roy (entraîneur de Nice): "On vient toujours pourgagner, mais vu la configuration du match, c'est un bon résultat. C'est biend'arrêter la spirale. Le faire au Parc, ça rehausse notre performance. Le matcha été parfois déséquilibré mais on a su tenir et on a vu un grand Ospina. Je nesuis pas étonné, c'est un gardien de grande qualité. Je suis presque plusétonné par Clerc. Je ne pensais pas qu'il tiendrait 90 minutes. Avec Digard,ils ont tenu et ça renforce mon sentiment de fierté dans mes joueurs. On a eula réussite que l'on n'avait pas eue lors des trois derniers matches."

Frédéric Antonetti(entraîneur de Rennes): "Je suis passablement énervé ce soir. Il fautsavourer la 1re place, être content, c'est bien d'être premier, avoir 18 pts en 8 journées c'esttrès bien mais il faut être lucide et clairvoyant. Je ne peux pas ne pas parlerdu contenu ce soir. L'analyse est importante, on doit mieux maîtriser le match.Cela veut d'abord dire récupérer le ballon, tout le monde doit être plusvigilant. A la décharge des joueurs, Toulouse jouait à cinq milieux. Mais ondoit tout de suite répondre à la situation. Il y a un goût d'inachevé pour moi,après, on a fait de beaux contres. Sur les occasions de but, on mérite notrevictoire. Mon expérience me fait dire qu'il faut savourer mais aussi êtrelucide et clairvoyant."

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