Transferts suspects de l'OM : Labrune devient témoin assisté
Le président de l'Olympique de Marseille, Vincent Labrune, a été entendu mercredi par un juge dans le cadre de l'enquête sur des transferts présumés douteux au club marseillais, une audition à l'issue de laquelle il a été placé sous le statut de témoin assisté, aucune charge n'ayant été retenue contre lui. "Au terme de cette audition, où il était assisté de ses avocats Pierre Haïk et Sébastien Schapira, aucune charge n'a été retenue contre lui et il bénéfice du statut de témoin assisté", ont écrit ses avocats dans un court communiqué mercredi soir. Il y a trois mois, un de ses prédécesseurs à la présidence de l'OM, Jean-Claude Dassier, avait été mis en examen dans cette enquête qui porte notamment, selon une source proche du dossier, sur 18 opérations de transfert ou de prolongation de contrats de joueurs passés par l'OM. Parmi les opérations dans le collimateur de la justice figureraient celles concernant Lucho, Mbia, Diawara, Abriel, Niang, Azpilicueta, Rool, Morientes, Kaboré, Rémy, Gignac, Cheyrou, Ben Arfa ou Heinze, avait précisé cette source début octobre. La justice soupçonne dans ce dossier des opérations surévaluées, qui auraient pu donner lieu à des commissions indues versées à des agents ou des intermédiaires, au préjudice de l'actionnaire du club, pour un montant de 55 millions d'euros.
Au vu du dossier, qui a déjà conduit à plusieurs mises en examen, l'audition de Vincent Labrune était "tout à fait logique", avait estimé mercredi matin une source proche du club, jugeant "impossible qu'il y ait eu de sa part des transferts maquillés au préjudice de l'actionnaire". La justice s'intéresse également au système de gestion des abonnements du club, cédée depuis 1990 aux groupes de supporters eux-mêmes, et qui est source d'un important manque à gagner financier pour l'OM. Après les incidents lors d'un match l'opposant à l'Olympique Lyonnais, le club marseillais a d'ailleurs annoncé son intention de réformer ce mode de commercialisation de ses abonnements.
D'"extorsion" à "abus de biens sociaux"
A l'origine, une information judiciaire a été ouverte en juillet 2011 pour "extorsion de fonds, blanchiment et association de malfaiteurs". Les enquêteurs soupçonnaient à l'époque des extorsions au préjudice du club, sous la forme de versements indus de commissions au profit de membres du milieu à l'occasion de transferts importants. Des perquisitions avaient déjà eu lieu au siège de l'OM en janvier 2013, au cours desquelles des documents avaient été saisis. Les locaux marseillais de l'agent Jean-Luc Barresi avaient également été perquisitionnés. En novembre 2014, puis en janvier 2015, des vagues de mises en garde à vue avaient conduit dirigeants de l'OM, intermédiaires et agents de joueurs à s'expliquer devant les enquêteurs, notamment l'actuel président du club, Vincent Labrune, et ses prédécesseurs Jean-Claude Dassier et Pape Diouf. Les gardes à vue des dirigeants avaient alors été levées sans charge.
Mais le dossier avait ensuite été réorienté vers une affaire "plus classique" d'abus de biens sociaux, conduite par le juge spécialisé dans les affaires économiques et financières, Guillaume Cotelle. Elle a déjà donné lieu à la mise en examen de l'ancien président du club Jean-Claude Dassier (2009 à 2011) et de l'ancien directeur général Antoine Veyrat (2008-2011), à l'issue d'une convocation chez le juge. Interrogé sur ce que lui reprochait précisément le juge, M. Dassier avait répondu après sa mise en examen: "Si j'ai bien compris, je suis coupable - en attendant d'autres - d'avoir, parce que nous avons acheté et vendu des joueurs, signé en même temps des conventions d'agents et donc alimenté quelque part un marché où se passeraient des choses répréhensibles". M. Dassier avait assuré avoir "toujours agi dans l'intérêt du club" et avait mis en avant la méconnaissance qu'avait le juge du milieu du football. "Je ne nie pas qu'à Marseille, il y ait une population qui soit parfaitement soupçonnable ou répréhensible", reconnaissait volontiers l'ancien dirigeant. Selon lui, vérifier ce qui se passe dans le milieu n'incombait pas toutefois aux dirigeants du club. "Si ça continue comme ça, il n'y aura plus de candidat à la présidence non seulement de l'OM, mais même des autres clubs", ironisait-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.