Un été de chômeur
Posté devant son écran télé, il regarde seul la finale de la Coupe du Monde opposant lesPays-Bas à lEspagne. Une rencontre mettant en scène vingt-deux acteurs en hautde laffiche et que tout joueur envie. Disputer une finale dun Mondial etespérer rentrer dans lhistoire en soulevant le trophée en or, synonyme deconsécration suprême. Silencieux pendant une bonne demi-heure, il finit par lâcher« Ca, cest le gratin du football ». Lundi, lui ira au pôle emploi
Ce week-end, il était de ceux présents pour affronter léquipe deCaen en match davant-saison. Une vingtaine de joueurs sélectionnés par unagent inscrit à la F.F.F.Parmi ces joueurs sans club, Kamel Larbi, ex avant-centre de lOGN Nice. A 24ans, lancien Aiglon est passé de lautre côté du miroir. Les deux formationsse sont séparées sur un large score (5-4), Caen sortant vainqueur. Mais lavictoire est presque insignifiante pour Franck Dumas, le technicien caennais.« Cétait un entraînement grandeur nature », tempère-t-il, « etil y avait énormément de fatigue. Jai vu de bonnes choses dans les intentions,dautres moins bonnes, mais cest dû à la fatigue physique. » Unépuisement sûrement décuplé pour les joueurs chômeurs, éreintés en fin departie. « Cela fait trois mois que je ne mentraîne plus avec une équipe.Alors pour garder la forme, je cours tous les jours en forêt »,indique-t-il. Un programme bien dérisoire face au rythme infernal que doiventsubir les joueurs caennais, en cette période de reprise.
Un avenir sans lendemain
Comme ce jeune milieu gauche de 23 ans, un grand nombre dejoueurs se retrouve chaque année sans club, mangeant leur pain noir.Généralement, après avoir effectué leurs classes au sein de clubsprofessionnels, ces jeunes se retrouvent à jouer dans des équipes de secondezone, parfois à létranger, où ils ne sont pas toujours payés. Les moinschanceux passent quelques fois une année sans club. Les cas à la Ribéry font figure dexception.
A voir les vedettes du ballon rond évoluer dans les plusgrandes équipes dEurope, le foot et ses millions font rêver. Mais sa réalitéest parfois cruelle. On compte pour cette saison 265 joueurs professionnels auchômage. Plus si lon prend en compte ceux ayant évolué à létranger et nayantjamais obtenu le statut professionnel en France. Seule une poignée dentre euxretrouveront un employeur pour la saison à venir *. Car des joueurs « sortisdu système », il y en a ! Combien de jeunes se font chaque annéerecaler des centres de formations ? Combien se retrouvent sans club etsans diplôme ? Enfin, combien arrivent à ouvrir les portes du mondeprofessionnel ? Il ny a pas à dire : les Cristiano Ronaldo etconsorts ne représentent quune infime partie du monde du football. La partievisible de liceberg. Lautre, celle plongée dans les bas-fonds de leau glaciale,nest pas forcément belle à contempler.
Par Rayan Ouamara
* Considéré comme libre de tout contrat, un joueur auchômage peut signer dans un club quelque soit la période de la saison.
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