Valenciennes, sur les traces du Mans ?
"Est-ce qu'il faut s'inquiéter ? Je dirais non, mais je dirais peut-être oui demain. Je ne pense pas qu'une rétrogradation administrative soit le risque réel aujourd'hui". Jean-Raymond Legrand affichait une confiance toute relative le 22 avril dernier. Presque quinze jours après, le président de VA a acquis une certitude: son club évoluera en Ligue 2 la saison prochaine. A-t-il également trouvé des motifs d'espoirs, notamment sur le plan financier ? Dans le courant de la semaine, il en dira plus cette semaine lors d'une conférence de presse, probablement vitale pour l'avenir d'un club déficitaire.
Il y a deux semaines, l'homme qui a mis 13 millions d'euros de sa poche dans le club a été très clair: "J'ai fait suffisamment pour Valenciennes. Il faut dire stop un jour, je ne peux pas me mettre sur la paille pour un club de foot. Il faut trouver des gens qui viennent aider le club. Il y a de l'usure, de la fatigue, mais je ne jetterai pas l'éponge en abandonnant le club. Je l'ai sauvé plusieurs années de suite, je ne vais pas le laisser tomber comme ça, mais aujourd'hui les investisseurs doivent un peu se bouger le cul (SIC)." Les acteurs économiques et institutionnels ont-ils entendu le message ?
12 joueurs en fin de contrat
Car au-delà du sportif, VA doit trouver des fonds pour équilibrer ses comptes cette année, avant de passer devant la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) à la fin de la saison. "Il y avait déjà un déficit au prévisionnel et on avait prévu une douzième place. Nous n'avons jamais réussi depuis qu'on est en L1 à être à l'équilibre sans vendre", expliquait le président du club. "On a eu de grosses pertes cumulées les dernières années qui font mal au club. Il faut assumer et essayer de trouver des solutions. C'est ce que je tente de faire." Douze joueurs en fin de contrat (sur un groupe de 30 professionnels) vont directement abaisser la masse salariale, "une des plus basses masses salariales de Ligue 1, c'est quasiment celle d'une équipe de Ligue 2", signale le président.
Entre combler le déficit actuel (entre 8 et 10 millions d'euros selon L'Equipe), discuter avec les joueurs encore sous contrat pour réduire jusqu'à 50% leurs salaires (s'ils refusent ils partent libres), et baisser les effectifs globaux du club, VA s'apprête à vivre des semaines difficiles. Jean-Raymond Legrand ne veut pas l'abandonner, mais il ne veut plus supporter le poids des déficits. L'équilibre des comptes passe par un nouvel équilibre à la tête du club. Et le temps presse, avec un budget à la baisse à concevoir pour la saison à venir en L2, un entraîneur (Ariel Jacobs) sous contrat mais qui attend un projet solide, un effectif à reconstruire et un divorce terrible entre les supporteurs et leur équipe.
Le Mans, l'exemple à éviter
Pour n'avoir pas envisagé de rester en L2, Le Mans a explosé. Premier club en France à utiliser le naming (MMArena) pour son nouveau stade lors de son inauguration en 2011, appuyé sur un montage financier public-privé et une concession de 35 ans en faveur de Vinci, la MMArena n'a désormais plus de club résident. Le Mans FC, qui avait quitté La Ligue 1 avant même de mettre un pied dans l'enceinte, s'est englué dans les problèmes financiers. Et son échec dans la remontée en L1 dès la saison 2010-2011 n'a fait qu'accentuer son agonie, conclue en octobre 2013 par une rétrogradation en Division d'Honneur, après sa mise en liquidation judiciaire. Désormais, la ville du Mans doit assumer, financièrement, l'absence de club résident. Une chute comparable est également arrivée à Grenoble, relégué en L2 en 2010, puis en National la saison suivante, avant de se trouver relégué administrativement (pour cause de problèmes financiers) jusqu'en CFA2 d'où le club est reparti en 2011.
Si Valenciennes dispose également d'une enceinte aussi récente que la MMArena, ce sont les pouvoirs publics qui ont pris en charge sa construction (Communauté d'agglomération de Valenciennes Métropole et la Région Nord-pas-de-Calais). Pas de concession, pas de rétribution, mais un probable manque à gagner par rapport aux projections avec une équipe évoluant en L2 et non en L1. Les cas ne sont pas les mêmes, mais si Jean-Raymond Legrand ne trouve pas de soutiens financiers, et qu'il ne veut plus mettre son argent personnel, l'avenir pourrait s'assombrir. Après huit années passées dans l'élite, VA va redécouvrir la vie en L2, et une intense concurrence pour reprendre l'ascenseur. La DNCG, qui a le pouvoir de rétrograder un club de façon administrative, pourrait ne pas être clémente lors de son audition.
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