Forts soupçons de matches truqués en Ligue 2
C'est presque par hasard que les enquêteurs sont tombés sur cette affaire. Alors qu'ils surveillaient le cercle de jeux parisien Cadet pour blanchiment en bande organisée, abus de confiance et travail dissimulé, des écoutes téléphoniques ont mis à jour des tentatives de corruption dans le football français. Les juges Tournaire et Robert suivaient principalement Serge Kasparian, patron du cercle de jeux et actionnaire du Nîmes Olympique, qui a d'ailleurs été mis en examen en octobre et placé en détention provisoire. Les écoutes de Kasparian avec le président des Crocodiles Jean-Marc Conrad et des proches auraient révélé des tentatives de corruption auprès de plusieurs clubs de Ligue 2. On leur aurait demandé de lever le pied en échange de contreparties. Les enquêteurs ont des doutes sur plusieurs rencontres : Bastia-Nîmes (11 avril : 0-0), Dijon-Nîmes (25 avril : 5-1 pour Dijon), Angers-Nîmes (6 mai : 2-3) et Nîmes-Caen (13 mai 2014 : 1-1). Selon notre confrère Thierry Vildary, "certains club auraient refusé mais au moins un président aurait conclu un marché, il s'agirait de Jean-François Fortin (SM Caen)".
Un maintien qui sent le soufre, Caen dans la tourmente
Le 13 mai dernier, à l'issue de Caen-Nimes, l'avant dernier match du championnat de L2, les deux équipes se séparaient sur un score nul 1-1 au terme d'une parodie de match de foot, sifflée par le public. Ce résultat validait quasiment la montée en L1 pour Caen et assurait le maintient des Crocodiles en L2. Si elle est avérée, cette affaire de corruption pourrait faire des dégâts dans le football français. Parmi les personnes arrêtées ce matin, on retrouve notamment le président de Caen Jean-François Fortin et un salarié du club normand. L'ex-international devenu dirigeant du club normand, Xavier Gravelaine, et le manager malherbiste Patrice Garande ont eux été entendu mais sans placement en garde à vue. L'entraîneur de Dijon Olivier Dall'Oglio, le président de Nîmes Jean-Marc Conrad et le président d'un club amateur des Hauts-de-Seine sont placés en garde à vue.Quant à Serge Kasparian, il devait être extrait de sa cellule pour être entendu.
Face à ce "poison mortel", Thiriez prêt à sanctionner
A la Ligue professionnelle de Football (LFP), le président Frédéric Thiriez n'a pas tardé à réagir, d'autant qu'une autre affaire financière touche au même moment les dirigeants actuels et anciens de l'Olympique de Marseille. "Si ces soupçons sont avérés, il s’agit d’une affaire extrêmement grave pour le football dans son ensemble, pour la LFP, organisatrice du championnat et pour moi-même, à titre personnel, car j’ai toujours placé l’éthique et l’intégrité du football au cœur de mon action", a-t-il réagi en conférence de presse. La corruption, ou même le simple soupçon de corruption ou de trucage sont un poison mortel pour le sport en général et le foot en particulier. A quoi servons nous si le public, les fans, les supporters n’ont plus confiance dans la sincérité des résultats !" Le président de la LFP, qui va se constituer partie civile avec la FFF, attend désormais que la police et la justice rendent leur conclusion pour engager des poursuites. "Si des faits de corruption, de trucage, d’arrangements ou même de simples tentatives sont avérés, les instances de la LFP prendront les sanctions disciplinaires ou administratives, individuelles ou collectives, qui s’imposent avec la plus grande fermeté", ajoute-t-il.
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