François Bayrou: "Je ne freinerai pas les ambitions du Pau FC !"
Monsieur le Maire, on savait que Pau était une ville de rugby et de basket. Si le Pau FC continue sur sa lancée, on pourra bientôt y ajouter le football ?
François Bayrou : "Oui et n’oublions pas le handball avec le Billère Pau Pyrénées (Proligue, 2ème division, NDLR)! C’est vrai que ces quatre clubs ont leur importance dans la cité, avec naturellement la Section paloise en rugby et l’Elan béarnais en basket qui sont des clubs du premier niveau national, chargés d’histoire. Désormais il faudra aussi compter avec le Pau FC qui vient de monter en Ligue 2, ce qui est très important pour la région. La saison passée, nous avons éliminé Bordeaux en Coupe de France; performance qui est venue confirmer les bons résultats obtenus en championnat. Et nous avons opposé une résistance très honorable au PSG en 8èmes de finale (défaite 0-2). Avec le football, s’ouvre un nouveau volet du sport collectif à Pau avec beaucoup plus de licenciés que dans les autres sports et c’est une grande satisfaction."
Y a-t-il la place pour trois voire quatre clubs de haut niveau dans une ville comme Pau ?
FB : "Moi j’ai toujours cru à ce vieux proverbe français : "Abondance de biens ne nuit pas." Plus vous avez de richesses, plus vous êtes attractifs ! Et c’est l’attractivité qui fait le développement de la ville. Nous avons commencé à construire, et continuons à le faire, des équipements sportifs de qualité pour tous les clubs. Et j’ai bien l’intention d’aller plus loin encore avec la création d’un grand centre médico-sportif ouvert à tous, professionnels et amateurs, et des équipements spécifiques pour la préparation physique qui seraient mutualisés entre les clubs. Tout ça au bénéfice de la ville, de son image et de son attractivité."
"Continuer à progresser"
Ça paraît étonnant que, jamais dans son histoire, le Pau FC n’ait encore évolué à un niveau professionnel, non ?
FB : "C’est vrai que nous ne sommes pas, de tradition, un pays de football - encore que Jean-Michel Larqué (né à Bizanos, NDLR) a prouvé que de grands joueurs pouvaient être issus de notre région - mais il est important de continuer cette progression. Une ville comme Pau, capitale d’une petite région, moins peuplée que d’autres métropoles (80000 habitants intra-muros, NDLR), se doit de continuer à progresser dans tous les domaines, parmi lesquels le football. C’est comme pour le vélo. Si vous arrêtez de pédaler, vous finissez par tomber. Si vous continuez à avancer, de nouveaux paysages s’offrent à vous. Donc bienvenue aux ambitions du Pau FC."
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Le parcours en Coupe de France et la montée en Ligue 2 ont commencé à créer une vraie effervescence autour du club ?
FB : "Oui et nous faisons tout pour pouvoir accueillir les spectateurs dans de bonnes conditions pour voir un beau spectacle. Le Stade du Hameau va ainsi bénéficier d’une pelouse qui sera la même qu’au Stade de France et servira à la fois au rugby et au football pendant les premiers mois de la prochaine saison. Et à partir de janvier, quand les travaux seront terminés, le Pau FC pourra retrouver son stade, le Nouste Camp ("Notre terrain" en béarnais) dont la capacité d’accueil sera portée à 4200 places. Les deux clubs (la Section paloise et le Pau FC, NDLR) seront ainsi placés dans les meilleures conditions pour pouvoir continuer leur développement."
Avoir un stade conforme au cahier des charges de la LFP pour la Ligue 2 n’est-il pas trop contraignant en termes d’investissements pour une ville comme Pau ?
FB : "Non, les investissements ne me gênent pas et ne m’ont jamais gêné car les générations futures vont bénéficier de ces équipements pendant au moins vingt ans. Ce qui est plus contraignant et impactant financièrement, ce sont les charges de fonctionnement dans la vie de tous les jours. Ça, c’est plus difficile à supporter. Ceci dit, le travail de la ville n’est pas d’être engagée dans le fonctionnement mais dans l’investissement qui permet aux clubs de se développer avec leur dynamique propre. C’est le principal enjeu pour nous: construire de beaux stades, de bons équipements de préparation. Et faire en sorte de les mutualiser, de les partager. C’est pour moi le meilleur moyen d’aider les clubs de haut niveau."
"Je soutiendrai les ambitions du Pau FC"
L’objectif, à terme, c’est la montée de Pau en Ligue 1 ?
FB : "Je ne sais pas mais en tout cas, ce n’est pas moi qui freinerai les ambitions du club. Je les soutiendrai. Mais toujours suivant le même proverbe: "Aide-toi et...nous t’aiderons." Inventez, surprenez-nous et nous serons là pour investir."
On parle football, mais vous avez toujours été plus attiré par le rugby n’est-ce pas?
FB : "Oui j’aime beaucoup le rugby et je vais au stade voir les matches depuis mon enfance. C’est une passion partagée. Ici on a le cœur vert et blanc (couleurs de la Section paloise, NDLR). Mais en même temps, je vois bien le potentiel d’attractivité et de fascination qu’a le football, sur le jeune public notamment. Encore une fois, je crois vraiment qu’on peut multiplier les publics sportifs. Il y a des gens qui pensent que l’un va manger la part de l’autre: ils se trompent complètement. Ce qu’il faut c’est augmenter le nombre de parts. Et faire en sorte que se développe l’esprit sportif. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’en 2018 nous avons obtenu le label de ville européenne du sport. Et à Pau, il n’y en a pas que pour les sports les plus populaires. Nous avons un stade d’eau vive de canoë-kayak qui est sans doute le plus beau du monde, une salle pour la pelote basque qui est unanimement reconnue par les spécialistes. Notre capacité d’attraction est devenue importante, y compris pour des sports qui ne sont pas considérés comme très grand public."
La crise sanitaire a révélé que l’économie de certains sports collectifs comme le rugby et le basket étaient très fragiles. Avez-vous craint pour la survie de certains clubs historiques du paysage palois ?
FB : "C’est vrai qu’en rugby la billetterie, les buvettes et les produits dérivés représentent 85% du budget des clubs, c’est dire à quel point c’est important. Ce n’est pas la même chose en football où les droits télévisés sont beaucoup plus conséquents. Y aura-t-il à l’avenir des mutations dans les budgets de tous ces sports-là? Je pense que oui. Pour le football et dans une moindre mesure le rugby, les droits télévisés vont prendre à mon sens une place encore plus prépondérante dans les années à venir."
"Un drop à la dernière minute peut tout changer"
La Section paloise a du mal à s’extirper de la deuxième moitié de tableau en Top 14 et l’Elan Béarnais n’a plus remporté de titre de champion de France de basket depuis 2004. Ces deux monuments du sport palois n’ont-ils pas atteint les limites de leur progression ?
FB : "Non, je pense que ces deux clubs ont le potentiel pour continuer à avancer: ils ont l’histoire, l’enracinement, la reconnaissance et tout ce qu’il faut pour trouver un nouveau développement. Mais vous savez à quoi tient parfois une saison sportive? À un drop à la dernière minute d’un match capital qui peut entraîner par la suite une chaîne de conséquences pas toujours positives. C’est l’incertitude du sport, il faut l’accepter. Donc je préfère être optimiste pour la saison à venir que d’avoir des regrets pour celle qui s’achève."
En raison de la crise sanitaire, le Pau FC n’a pas pu fêter véritablement sa montée historique en Ligue 2. Vous comptez vous rattraper avec le maintien ?
FB : "Je ne suis pas l’inventeur du Covid-19 donc difficile de savoir combien de temps tout cela va durer mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir lors de l’inauguration en janvier du nouveau stade réaménagé pour célébrer comme il se doit la montée du club en Ligue 2 et, je l’espère, les résultats qu’il aura obtenu lors des premiers matches de la nouvelle saison."
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