Le Mans en sortie de piste ?
Tout a basculé au printemps 2011. Installé dans son nouveau stade depuis janvier, Le Mans FC surfe sur cette dynamique pour remonter parmi l'élite. Le club est dans le tiercé gagnant jusqu'à la 36e journée. Lors de l'avant-dernier match, le château de carte s'écroule à Vannes où après avoir mené 2-0 puis 3-2 à la 85e minute, les Bretons renversent la vapeur et s'imposent 4-3. Une ultime victoire contre Nantes 3-2 n'y change rien, les Manceaux échouent à la 4e place, tout juste devancés par Dijon à la différence de buts (+15 contre +11). Le Mans, qui ambitionnait la remontée immédiate avec sa MMArena flambant neuve (elle a coûté 103 millions d'euros dont 34 aux collectivités locales, ndlr), doit revoir tous ses plans. Viable en L1, le projet sarthois ne tient plus dans l'anonymat de la L2. L'enceinte de 25.000 places plombe Le Mans qui s'enfonce jour après jour sous les factures. Le constructeur Vinci, qui a obtenu une compensation pour le manque à gagner en cas de descente de L1, perçoit ainsi 15% des recettes de billetterie des matches du Mans... sur lesquels le club perd déjà de l'argent puisqu'il lui faudrait une affluence moyenne de 12.000 spectateurs pour commencer à en gagner. Or elle stagne à 6.000 spectateurs depuis le début de saison. Vinci perçoit aussi un loyer annuel dont la part du club s'élevait à 1,2 M EUR la saison dernière, avant d'être abaissé. "Le Mans FC et la ville ont voulu faire les choses en grand. Ils se sont vus trop beaux", résumait Jean-Pascal Gayant, agrégé de sciences économiques et vice-président de l'université du Maine de 2002 à 2006, à l'AFP.
Pari perdu
Le pari de la remontée perdue, il a fallu assumer la baisse du budget et les salaires importants de certains joueurs. Sauf que les droits TV en L2 sont très loin de ceux de la L1 (5 millions d'euros). "Le problème, c'est que le club a alors gardé un budget de Ligue 1, le plus important de L2, de l'ordre de 25 millions d'euros, en pensant remonter immédiatement", explique Jean-Pascal Gayant. Face à l'échec sportif, la crise financière devient presque automatique. "Là, c'est l'engrenage. Le club avait pris l'habitude d'un train de vie plus calqué sur la L1 que sur la L2, notamment au niveau des salaires de certains joueurs, qu'il a fallu assumer. Les charges n'étaient absolument pas susceptibles d'être couvertes par les recettes de billetterie ni les droits TV, moindres en L2. Mais si le club remontait, il pouvait retrouver rapidement l'équilibre financier. Ce qui n'était plus possible à partir de la deuxième année en L2", ajoute-t-il. Depuis, Le Mans FC ne cesse de vendre ses meilleurs éléments en attendant un retour à l'équilibre. Faute d'une moyenne de spectateurs suffisante, le déficit s'est creusé et ce n'est pas l'acquisition et la construction de la Pincenardière (centre d'entraînement et siège du club, ndlr) qui a allégé la trésorerie mancelle. Sauvé in extremis de la relégation administrative via le CNOSF , Le Mans n'avait gagné qu'un sursis.
La vente ou le KO
Président et actionnaire principal, Henri Legarda n'était pas au bout de ses peines. Tout sourire en tribune, le dirigeant manceau grimaçait en coulisse. Malgré une recapitalisation, le déficit a continué à croître. Aujourd'hui, il est estimé à au moins 7 M EUR. La situation est tellement désespérée qu'en janvier, la DCNG a refusé l'homologation du contrat d'Abdeslam Ouaddou alors qu'il avait signé pour le salaire minimum en Ligue 2. "Je ne venais pas pour l'argent mais pour jouer au football. J'avais donné mon accord au Mans pour jouer au tarif de la charte en Ligue 2 (NDLR : autour de 2 200 € brut par mois)", indiquait le joueur dans les colonnes de Ouest-France. Plus très loin de la cessation de paiement, Le Mans doit trouver de nouveaux partenaires où il va disparaître du monde professionnel comme c'est arrivé pour Strasbourg et Grenoble (En 2011, le GF38 a perdu le statut pro pour un déficit de 2,9 M EUR. Le RC Strasbourg, pour 4,5 M EUR, ndlr.). Du côté de la Mairie du Mans, le rachat de la Pincenardière a été entériné pour 2 M EUR à la condition que le club trouve un partenaire aux reins solides. Il y en a mais le président Legarda joue la montre.
Moulin en piste ?
Alors qu'un oral auprès de la DNCG est prévu jeudi, deux pistes existent. Celle de Michel Moulin, le fondateur de "Paru-Vendu" et ancien manager bénévole du club, qui viendrait avec l'argent d'un autre investisseur Jean Fabre (à hauteur de 2,5 M EUR) et quelques célébrités du foot (Gravelaines, Olmeta, etc). Moulin, qui veut les rênes du club après ses échecs dans les reprises de Nantes et Tours, promet également un apport de 3 M EUR. Cette proposition a la préférence de la mairie mais pas celle de Legarda qui indique que les garanties bancaires sont absentes du projet deux fois repoussé. Legarda souhaite garder la main et avance l'arrivée de Jérôme Ducros, président du groupe immobilier JD Production. Ce dernier, par ailleurs président du club de National Luzenac, investirait 1,5 M EUR. Dans les deux cas, les sommes annoncées sont insuffisantes en regard du déficit mais cela permettrait au moins de finir la saison. Sur le terrain, les hommes de Denis Zanko continuent eux de se battre et sont à une 14e place bien méritoire.
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