Ligue 2 : la sensation Laval, leader inattendu mais ambitieux
"But à Laval !". L'expression utilisée pour moquer les fameux multiplex radios, parfois mornes, du football français est en train de prendre une tout autre signification. Etonnant leader de Ligue 2, le Stade lavallois est bien décidé à troquer son image de club du ventre mou de l'antichambre du foot français. Le club mayennais a l'occasion de poursuivre son début de saison tonitruant, lundi 23 octobre, face à Saint-Etienne, à domicile. En cas de victoire face à ces Verts ambitieux, les "Tango" signeraient une septième victoire consécutive et prendraient cinq points d'avance sur leur dauphin, Angers.
La dynamique était impossible à prévoir avant le début de la saison. Il y a deux ans, Laval évoluait encore en National, et n'est pas passé loin de redescendre au troisième échelon national, n'obtenant son maintien en L2 que lors de l'ultime journée de championnat (2-1 à Amiens) le 2 juin dernier. "Ce n'était pas lié à de la mauvaise gestion. Le sport n'est pas une science exacte", analyse Laurent Lairy, président du club depuis mars 2021, évoquant les blessures de neuf habituels titulaires. Dans une saison à quatre descentes, son équipe, tout juste promue, a tout de même bouclé l'exercice avec 46 points au compteur, à seulement une longueur de la 12e place. Un total habituellement largement suffisant pour se maintenir, mais pas assez important pour se rêver leader de Ligue 2 quatre mois plus tard.
"Se tenir prêt" pour la Ligue 1
Dans les raisons du coup de chaud lavallois, l'expérimenté Anthony Gonçalves (317 matchs avec Laval) cible en premier lieu la bonne gestion de l'intersaison, avec "un effectif quasiment au complet dès la reprise". "L’an dernier, on avait gardé une grande partie du groupe de la saison en National. Cette fois, j'ai été obligé de retaper l’effectif", raconte Laurent Lairy, pourtant attaché à la stabilité. Ce dernier a "doublé" le staff d'Olivier Frapolli, arrivé en 2019 et conservé à son poste alors qu'il n'avait que deux saisons en tant qu'entraîneur en Ligue 2, pour deux relégations avec Orléans.
Sur le pré, l'équipe s'appuie sur des joueurs très expérimentés : Mamadou Samassa (33 ans), Yohan Tavares (35 ans), Jordan Adéoti (34 ans), Anthony Gonçalves (37 ans), Jimmy Roye (35 ans) ou encore Malik Tchokounté (35 ans). Le dernier nommé est arrivé à l'intersaison et en est à déjà à cinq buts. "C'est un monstre", souffle Thierry Ruffat, commentateur historique des matchs des Tango sur France Bleu et désormais dans la cellule de communication du club. Dans sa 43e saison à suivre de près le Stade lavallois, il loue le niveau global du groupe où "le banc est au niveau des titulaires".
Un projet ambitieux et structuré
"C’est vrai que le début de saison paraît incroyable. Ce n’était pas envisagé d’être leader si vite, reconnaît Laurent Lairy, pas pour autant décontenancé par la tournure des événements. On ne va pas se voir en Ligue 1 car nous n’en sommes qu’au quart du championnat, mais on doit se tenir prêt". D'après ce chef d'entreprise à la pensée très structurée, actionnaire du club depuis 2004, "il ne manque rien" au Stade lavallois pour gagner sa place dans l'élite du football français : "Tout est une question de volonté".
“Le président, qui est très humain, sait où il veut aller. Du peu que j’ai connu de lui et d’après les sons de cloche que j’ai des joueurs qui y jouent ou qui y ont joué, ce début de saison ne m’étonne pas tellement, même si c’est une surprise pour tout le monde. Ils sont en train de construire intelligemment."
Antony Robic, ex-joueur de Laval de 2013 à 2015, puis de 2019 à 2020à franceinfo: sport
Il avait d'ailleurs annoncé avant le début de la saison que l'objectif était de terminer "dans la première partie de tableau". "Cela a dû en faire sourire certains parce que si on était descendus, on l'aurait fait dans l'anonymat le plus total", souligne Anthony Gonçalves. Même si Laval n'a plus joué les premiers rôles en Ligue 2 depuis la saison 1995-1996 (4e), les acteurs du club s'autorisent à viser haut. "Remonter, rester, rêver", voilà le projet énoncé par le club dans un document de 30 pages intitulé "Actions et vérités : cap 2025", consultable en ligne.
"Nous sommes en recherche d'un football vertueux d'un point de vue social, sociétal, économique et environnemental", écrit le président, qui veut prouver qu'un club familial a son mot à dire à l'ère du foot-business. Après avoir rouvert le centre de formation, ce dernier a demandé à ce que les parents contribuent financièrement. "Le président a repris les choses en mains avec sa vision du football et sa vision de la vie surtout. Les gens qui étaient un peu réticents au début se sont greffés à tout ça. On se rend compte que depuis deux ans, les Mayennais ont retrouvé le club à taille humaine qu'ils connaissaient", analyse Anthony Gonçalves.
Les Lavallois ont connu la Ligue 1 (13 saisons de 1976 à 1989), mais n'y évoluent plus depuis 34 ans. Laurent Lairy aimerait suivre la trajectoire de clubs comme Clermont ou Guingamp, qui ont été capables de franchir le cap de l'élite sans faire l'ascenseur.
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