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Ligue 2 : Quatre questions autour du rachat de Châteauroux par un prince saoudien

Après une Assemblée Générale extraordinaire, La Berrichonne de Châteauroux a officialisé, mardi 9 mars, son rachat par le groupe United World, propriété du prince saoudien Abdallah ben Moussaed. Le prince ambitionne de ramener l’actuelle lanterne rouge de Ligue 2 "au plus haut niveau français" à l’horizon 2025. France TV Sport répond à 4 questions qui se posent après ce nouvel investissement étranger dans le football français.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La Berrichonne de Châteauroux passe sous pavillon saoudien  (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

• Qui est le prince Abdallah ben Moussaed ?

Le prince Abdallah ben Moussaed est le petit-fils du fondateur de l’Arabie-Saoudite, Abdelaziz ibn Saoud. Agé de 56 ans, il a fait fortune avec une entreprise de fabrication de papier, une fortune aujourd’hui estimée à 200 millions d’euros. Il a également fondé le groupe United World, avec lequel il achète des clubs de football : Sheffield United (Angleterre) en 2013, Beerschot (Belgique) en 2018, Al-Hilal United (Emirats-Arabes-Unis) et Kerala (Inde) en 2020. C’est donc un investisseur privé, qui n’est pas lié à l’Etat saoudien, qui investit à Châteauroux : « Il n’a pas de lien avec la monarchie, ni le fonds souverain d’investissement. L’Etat saoudien a en effet une stratégie autour du sport, pour imiter le Qatar et les Emirats, mais il cherche à acheter des clubs plus importants que Châteauroux. Ils ont essayé avec Newcastle, et on leur a prêté des intentions autour de l’OM », explique Kévin Veyssière, le créateur du site Football Club Geopolitics.

• Pourquoi Châteauroux ?

Ancien et nouveau président de la Berrichonne, "Michel Denisot a poussé en faveur des négociations avec United World, pour que le club trouve un investisseur crédible et retrouve le devant de la scène", affirme Kévin Veyssière. Le club est dernier de Ligue 2, mais cela n’a pas freiné le prince Abdallah ben Moussaed. "Pour lui, ce n’est pas gênant si le club est en mauvaise posture. Quand il a racheté Sheffield en 2013, le club était en D3 anglaise. Il est maintenant en Premier League, et même si les résultats de cette saison ne sont pas bons, ils ont fait une bonne saison l’année dernière" ajoute le spécialiste de la géopolitique du sport.

Le montant du rachat n’a pas été révélé, mais s’élèverait à 2,8 millions d’euros selon plusieurs médias, un prix assez bas et attrayant pour l’investisseur, même s’il a assuré à l’AFP que la somme était supérieure. A titre de comparaison, et même si le montant n’a pas été officiellement dévoilé, le City Football Group aurait déboursé autour de 8 millions d’euros pour racheter l’ESTAC Troyes en septembre 2020.

Dernière raison de ce rachat du club castelroussin, évoquée par le prince lui-même à l’AFP : la proximité géographique avec Paris, environ 270 kilomètres : "Je sais que Châteauroux n'est pas loin de Paris, une autre raison de me faire plaisir quand je serai en France, outre les restaurants, les cafés et les balades dans le beau Paris".

• Quels sont les intérêts d’appartenir à un groupe de clubs ?

Avec son rachat, Châteauroux entre dans la galaxie de clubs de United World, un réseau tout de même bien moins important que le City Football Group, propriété des actionnaires de Manchester City, dont fait partie l’ESTAC. "Les intérêts de ces groupes sont de permettre aux équipes de s’échanger des joueurs, de réduire leurs investissements sur le marché des transferts, et de permettre aux jeunes de s’aguerrir dans les autres clubs du groupe", explique Kévin Veyssière. L’objectif du prince Abdallah ben Moussaed n’est pas de faire de Châteauroux un cador du football européen, mais il y investit sur le long-terme. "En revanche, il y a peut-être une crainte sur une potentielle perte d’identité du club", estime Kévin Veyssière.

• Pourquoi autant d’investissements étrangers en L2 ?

La Berrichonne de Châteauroux devient le 10ème club de Ligue 2 à enregistrer l’arrivée d’investisseurs étrangers après Le Havre, Sochaux, Auxerre, Clermont, Caen, Toulouse, Troyes, le Paris FC et Nancy. "Les clubs de Ligue 2 ne sont en général pas trop endettés, et disposent de bonnes infrastructures et de bons centres de formation", justifie Kévin Veyssière. United World a déjà annoncé, dans un communiqué, vouloir "renforcer le lien entre le centre de formation et l'équipe première".

Selon le fondateur du FC Geopolitics, "l’important pour le prince, c’est d’avoir des clubs dans des bassins de joueurs importants, à fort potentiel, pour les revendre à des prix élevés". United World a d’ailleurs souligné que la France "a façonné sa réputation comme étant l'une des plus grandes, sinon la plus grande fabrique de talents de football dans le monde entier". Le groupe a annoncé qu’il n’investirait pas dans d’autres clubs pendant environ 1 an, pour "dynamiser" les clubs dont il est déjà propriétaire.

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