AS Monaco-Manchester City : Premier échec de taille pour Pep Guardiola
Si Guardiola a tout gagné avec le Barca, c’est uniquement parce qu’il avait une génération exceptionnelle guidée par un des plus grands joueurs de tous les temps, Lionel Messi. Voici un argument aussi rapide et exagéré que totalement faux, que les détracteurs de Pep Guardiola n’ont pas hésité à ressortir après l’élimination de Manchester City par l’AS Monaco en huitième de finale de la Ligue des champions.
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Pep Guardiola est évidemment l’architecte d’une des plus grandes équipes de clubs de tous les temps avec laquelle il a tout gagné dès sa première saison, mais cette sortie de route prématurée avec City confirme les difficultés rencontrées pour cette première saison sur cette île, berceau du football, pas facile à dompter. Cette élimination est surtout un vrai coup d’arrêt dans la trajectoire de Guardiola qui ne s’était jusqu’alors jamais arrêté avant les demi-finales sur la scène européenne.
Guardiola en C1 avant cette élimination en 8e de finale
2009 : victoire (FC Barcelone)
2010 : demi-finale (FC Barcelone)
2011 : victoire (FC Barcelone)
2012 : demi-finale (FC Barcelone)
2014 : demi-finale (Bayern Munich)
2015 : demi-finale (Bayern Munich)
2016 : demi-finale (Bayern Munich)
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Autocritique
Cette défaite est tout de même logique sur l’ensemble des deux matches. L’AS Monaco a posé de vrais problèmes à une arrière-garde mancunienne aux abois et qui est encore loin d’afficher la solidité des défenses du Barca ou du Bayern. Guardiola a refusé de pointer du doigt sa défense et a tenu à féliciter les Monégasques. "Bravo à Monaco tout d'abord. Pour se qualifier, il fallait jouer plus de 45 minutes. Il fallait être performant durant 90 minutes", a-t-il déclaré. Une critique envers son équipe qui, en première période, a été "trop lente dans les transmissions, pas assez entreprenante". Mais pour Guardiola, le principal fautif c’est d’abord lui : "En première mi-temps, je n'ai pas été capable de convaincre mes joueurs de jouer d'une certaine façon, de les motiver, de montrer plus de personnalité. J'ai su le faire après la pause. Comment a-t-on pu être aussi transparent en 1re mi-temps et aussi performant en 2e? C'est la question que je me pose".
Ce n’est pas la première fois cette saison que Guardiola se remet en cause. Lui qui ne jure que par la possession, la maîtrise arrivait en Angleterre "pour apprendre", mais aussi pour mettre en place ses principes en Premier League. Il ne changera pas. Jamais. Il l’a encore asséné après l’élimination. "L'important, c'est toujours de rester fidèle à notre ADN, à notre style de jeu. On ne l'a fait qu'en seconde mi-temps", a-t-il lancé. Mais il a su mettre de l’eau dans son vin. Les deuxièmes ballons ? Cette spécificité du jeu anglais lié au jeu long a été une donnée à intégrer. "Pour les trois derniers matches, nous avons passé deux heures et demie à travailler les deuxièmes ballons. Ça a marché. Il faut faire attention à cette dimension du jeu ici. Nous avons été meilleurs là-dessus lors des deux derniers matches, mais nous ne sommes pas une équipes avec de grands joueurs physiques comme la plupart des équipes en Angleterre, on doit être au bon endroit au bon moment et être intelligents pour gagner les seconds ballons", expliquait-il après une victoire contre Arsenal en décembre dernier. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’un Yaya Touré, blacklisté en début de saison, était réapparu ces dernières semaines. Un nouvel exemple de l’intelligence et de la remise en question d’un Guardiola, capable de revenir sur ses choix.
Victime de son succès
Demi-finaliste l’an dernier, Manchester City s’apprête à vivre une saison blanche. Largués en Premier League (à 10 points de Chelsea), éliminés en coupe de la Ligue, éliminés en C1, il ne reste que la FA Cup à Guardiola pour sauver sa saison – City est dans le dernier carré –. En empilant les trophées avec le Barca et le Bayern, avec la manière, Guardiola a créé un monstre : lui-même. Un entraîneur capable de mettre au pas l’Espagne, l’Europe et l’Allemagne en récitant une partition basée sur les mêmes notes.
Désormais, à chaque match, à chaque contre-performance, il est jugé, scruté. Cette élimination précoce subie sur le Rocher va être commentée. Lui y voit déjà une source de travail "pour le futur". Preuve qu’il se voit encore sur le banc Citizens l’an prochain. A moins que… Avant le retour contre Monaco, il avait lâché qu’il "ne resterait pas ici (à City, ndlr) longtemps" s’il ne gagnait rien. Lui aussi s’est habitué à gagner. Ce coup de griffe dans la toile de maître qu’il avait dessinée jusqu’ici est un défi pour ce cerveau en constante ébullition. Le plus intéressant est désormais à venir, comment va-t-il rebondir ?
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