Ça s'est passé le 15 mai 2002 : le plus beau but de Zidane !
Sur la pelouse d’Hampden Park, où les anciennes gloires de la maison blanche, Di Stéfano et Puskás, avaient déjà conquis la plus belle Coupe d’Europe du Real en 1960, on s’attendait à tout, sauf au coup de génie de Zidane. Dans cette finale, le Bayer Leverkusen de Michael Ballack, club financé par les laboratoires pharmaceutiques Bayer, arrive auréolé d’une réputation hyper offensive : 124 buts inscrits pendant la saison 2001-2002 en 58 matches officiels. Apres avoir éliminé Arsenal, la Juventus, Lyon puis l’Etoile Rouge de Belgrade, La Corogne, Liverpool et Manchester United !
Le Bayer Leverkusen, une machine à buts mais LE but de cette finale écossaise, c’est le nouveau prince merengue qui va l’inscrire. Arrivé en Espagne pour 73 millions d’euros en provenance de la Juve, Zidane est là, aux côtés de Figo acquis pour 61 millions, pour assouvir la soif de titres des Galactiques, rassemblés par le nouveau président du Real Madrid, Florentino Perez.
Et ce Real de Del Bosque fait fort : le Bayern Munich et le Barca éliminés de la Ligue des Champions sur la route de la finale à Glasgow ! 100 millions de fans du Real par le monde attendent ce neuvième sacre européen. Tout se décide en première période. Dès la 8e minute, une touche dans le dos de la défense allemande permet au défenseur brésilien Roberto Carlos de centrer pour Raul qui marque le premier but d’une pichenette.
Six minutes plus tard, c’est le brésilien du Bayer Leverkusen, Lucio qui égalise. 1 partout.
Arrive enfin la 45e minute. Sur un nouveau centre de l’intenable Roberto Carlos contré, la balle s’élève mollement et semble suspendue dans les airs à l’entrée gauche de la surface de réparation allemande.
Plutôt que d’attendre la retombée logique du ballon comme tout joueur quelconque, Zinédine Zidane décide d’aller à la rencontre de ce cuir rond stratosphérique. Et d’une reprise aérienne du pied gauche, son mauvais pied de surcroît, il frappe directement, d’une trajectoire rectiligne, dans la lucarne du gardien allemand médusé, Hans-Jorg Butt. 2-1 pour le Real. Plus aucun but ne sera marqué.
Un but inouï, tombé du ciel, dessiné comme un angle droit entre le pied magique de Zizou et la lucarne. Plus de 70 000 spectateurs se dressent d’un coup dans le stade, sidérés par la précision de la frappe du Français. Des millions de téléspectateurs voient et revoient sous tous les angles ce que Zidane lui-même ne savait pas qu’il ferait quelques secondes auparavant. Ses coéquipiers Hierro, Salgado, Makelele, Raul, Morientes et même le portugais Figo sont figés dans leurs réactions.
"Une volée du gauche excentrée comme celle-là, je n’en avais jamais tentée... J’ai fait ça à l’instinct." déclare Zizou, toujours aussi modeste après le match. Un « golazo » comme disent les Espagnols, un boulet de canon, un missile juste sous la transversale. Un but de légende commenté, disséqué par les journalistes et les consultants.
"C’est pourtant un ballon pourri qui lui parvient", explique Franck Lebœuf, son ex-coéquipier champion du monde 98. "Il arrive haut, sans force. Mais dans son geste il y a tout : la technique, la prise d’information et le courage de tenter ça dans un tel contexte. Un but qui fait rêver." Thierry Henry : "D’autres à sa place auraient tenté un ciseau. Mais Zizou a une telle souplesse de hanche et de cheville qu’il a pu aller chercher le ballon très haut, tout en gardant ses appuis. Ensuite c’est une question de technique et tout le monde sait que la sienne est exceptionnelle..."
La presse espagnole est dithyrambique : “ La légende continue avec le N°5 : Dieu..” écrit Marca, quotidien sportif. Élu homme du match, Zidane est aussi reconnu comme meilleur étranger de la Liga. L’histoire retiendra également qu’il est le troisième joueur, après Ferenc Puskás et Gerd Müller, à avoir marqué en finale de Coupe du Monde et d’une Coupe des Champions. Battu deux fois en finale européenne avec la Juve, Zidane prend enfin, sous ce divin maillot immaculé, une belle revanche personnelle sur le destin.
Zidane a toujours été l’homme des grands rendez-vous : 2 buts pour égaliser avec les Bleus pour sa première sélection en 94 contre la République Tchèque, un seul but vainqueur pour l’inauguration du Stade de France en janvier 98 contre l’Espagne et ses deux buts de la tête en finale du Mondial en France contre le Brésil...
A l’orée de la Coupe du Monde 2002 en Asie, où le magicien tricolore se blessera hélas à la cuisse, ses coéquipiers ne parlent que de ce but fantastique sur les pelouses de Clairefontaine. Assurément, l’un des plus beaux buts de toute l’histoire du football mondial. Un but exceptionnel, marqué dans une grande finale l’année du centenaire du Real Madrid. La griffe du maître Zidane...
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