Ça s'est passé un 28 mai 2016 : Zinédine Zidane remporte sa première Ligue des champions en tant qu'entraîneur principal
"Certains mettent 15 ans, d’autres ne la gagneront jamais." Ces mots viennent, ni plus, ni moins de Didier Deschamps en conférence de presse lors de la préparation avant l'Euro 2016 à domicile. Et le sélectionneur des Bleus sait de quoi il parle. S'il possède deux Ligues des champions (Marseille 1993 et Juventus Turin 1996) à son immense palmarès, il ne l'a jamais remportée en tant qu'entraîneur malgré une finale avec l'AS Monaco en 2004.
Zinédine Zidane, lui, a désormais les deux. "J'ai déjà gagné comme joueur, mais la gagner comme entraîneur numéro 1, c'est énorme", a déclaré, tout sourire, le technicien de 43 ans, à l'issue de la victoire de son équipe face à l'Atlético au bout du suspense (1-1 après 90 minutes; 5-3 aux penalties). Le champion du monde 98 rentre à présent dans le cercle très fermé des joueurs qui ont remporté des vainqueurs de la C1 en tant que joueur et entraîneur.
Bienvenue dans le club des 7
Sa volée victorieuse à Glasgow en 2002 avait permis aux Merengues de remporter le Graal pour la 9e fois. Ce 28 mai 2016, c'est un 11e sacre pour les coéquipiers de Cristiano Ronaldo, un record absolu. Notamment quand on voit que le dauphin milanais a soulevé la Coupe aux grandes oreilles à 7 reprises.
Avec les Néerlandais Johan Cruyff et Frank Rijkaard, les Espagnols Miguel Munoz et Pep Guardiola et les Italiens Giovanni Trapattoni et Carlo Ancelotti, le natif de Marseille est à présent le 7e à avoir été sacré en C1 en tant que joueur et entraîneur. Un véritable exploit, d'autant plus qu'il s'agit seulement du deuxième technicien français à être titré en Ligue des champions, après Helenio Herrera. L'Argentin, naturalisé français, a connu le succès avec l'Inter Milan en 1964.
On aurait pu ajouter au palmarès de ZZ la Décima en 2014 de la "Casa Bianca" sous la houlette de Carlo Ancelotti et de son adjoint : "Zizou". L'ancien coach du Paris Saint-Germain avait eu un mot doux pour celui présenté comme son héritier au Real. "Ancelotti me disait qu'il espérait que je puisse la soulever en tant que coach principal. Et il avait raison, la joie est énorme (...). J'en ai rêvé quand je suis arrivé, on a lutté jusqu'à la dernière minute, jusqu'aux penalties, et je suis heureux pour tout le monde." Pourtant, le chemin fut semé d'embûches.
Tout vient à point à qui sait attendre
"Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage." Cette morale de Jean de La Fontaine dans la fable Le Lion et le Rat colle parfaitement à la trajectoire de Zidane au sein de son club de cœur. Au terme de sa majestueuse carrière de joueur qui s'est conclue après la terrible finale de la Coupe du monde en 2006, le natif de Marseille décide de devenir entraîneur.
De nombreux observateurs se demandent alors s'il parviendra à être à la hauteur. Michel Platini et Jean-Pierre Papin, tous deux lauréats du Ballon d'or ont échoué sur un banc de touche. Face à ces spéculations, le célèbre numéro 5 du Real ne dit rien et passe ses diplômes, avance étape par étape. Refusant même une offre des Girondins de Bordeaux à l'été 2014 pour remplacer Francis Gillot.
Tout d'abord conseiller du président Florentino Pérez (2009), puis directeur sportif (2011), adjoint d'Ancelotti (2013) avant d'entraîneur la réserve (2014), en troisième division, il attendra le 4 janvier 2016 pour être promu à la tête de l'équipe première du Real Madrid. Il succédait ainsi à Rafael Benitez, limogé quelques mois seulement après avoir posé ses valises dans la capitale espagnole.
Zinédine Zidane et le Real Madrid, le mariage parfait
Comme en atteste la photo, le Real Madrid est un club familial et le héros de 1998 se sent chez lui. "C'est quelqu'un qui s'est parfaitement intégré à ce club et le connaît sur le bout des doigts. Ses valeurs correspondent à celles du Real Madrid et c'est une histoire d'amour, belle et éternelle", confirme même le président Pérez dans un entretien à l'AFP.
Autoritaire quand il le faut, le Français n'hésite pas à mettre son meilleur joueur, Cristiano Ronaldo, sur le banc quand il est en méforme. Voire même à se séparer de la star colombienne, James Rodriguez, au profit de Casemiro au poste de sentinelle. De retour après un prêt au FC Porto, le Brésilien apporte équilibre et stabilité dans un milieu à trois avec Luka Modric et Toni Kroos. Un choix à mettre au crédit de Zidane, tout comme la confiance qu'il a su redonner à son attaquant, Karim Benzema.
"L'arrivée de Zizou a été importante" souligne Sergio Ramos. "Avec Zizou, le vestiaire était uni, il a apporté son côté positif." Florentino Pérez ajoute même : "Quand il parle avec les joueurs, il dispose de la reconnaissance et de l'autorité nécessaires." Les coéquipiers de Raphaël Varane ne parviennent par à dépasser le FC Barcelone, son plus grand rival, en Liga, et échouent à seulement un point du titre. Cependant, ils avancent en C1, en éliminant successivement l'AS Roma, le Vfl Wolfsburg - après avoir perdu 2-0 à l'aller - et Manchester City, jusqu'à se retrouver à San Siro, le 28 mai 2016. Nous n'oublions jamais les premières fois et nul doute que Zidane ne l'oubliera pas.
À la tête du Real, il remportera, à nouveau, la plus prestigieuse des Coupes d'Europe en 2017 et 2018. Il s'agit du seul entraîneur de l'histoire à avoir réussi cette performance monumentale.
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