Chelsea-PSG : L'heure de vérité pour Laurent Blanc
"J’espère que ce sera la dernière défaite de la saison". On est en décembre 2014 et le PSG vient de s’incliner face à Barcelone lors du dernier match de la phase de poule de Ligue des Champions, ce qui ne plaît guère à Nasser Al-Khelaïfi. Une fois de plus, le président du PSG met la pression sur Laurent Blanc. Ce débat est lancinant depuis l’arrivée de ce dernier à l'été 2013. Remplaçant de Carlo Ancelotti – que le PSG n’a pas su conserver – ses capacités à mener son équipe sur le toit de l’Europe posent question. Et cette défaite en Catalogne, la première de la saison, qui fait perdre au PSG la première place de son groupe, est venue remettre sur le tapis tous ces doutes qui entourent "le Président".
Manque de poigne, de charisme, pas assez bon tactiquement, les griefs contre Blanc sont nombreux. Lui encaisse, mais à la longue ce débat l'use. Le fait réfléchir. Tellement, qu’il se pose la question de son avenir à un an de la fin de son contrat. Mais avant cela, il a une mission à mener : qualifier le PSG pour son troisième quart de finale de C1 d’affilée. Un objectif commun pour tous les membres du club, des joueurs à l’encadrement, mais aussi une mission personnelle. Enfin Paris éliminerait un grand d’Europe. Enfin Blanc aurait sa grande victoire.
Blanc, l’éternel second choix
Au moment de remplacer Carlo Ancelotti, Nasser Al-Khelaïfi a courtisé la plupart des grands entraîneurs européens : Roberto Mancini, Frank Rijkaard, José Mourinho, Rafa Bénitez, Diego Simeone… Autant d’échecs qui l’ont conduit à considérer la piste Blanc. De ne pas être le premier choix, l’ancien entraîneur de Bordeaux l’a payé. Et le paye encore. A chaque défaite, chaque faux-pas, son management est remis en question. C’était le cas déjà avec Carlo Ancelotti car le PSG a changé de dimension depuis 2011. La moindre défaite était déjà de trop. Mais Blanc est une cible plus évidente. Car il n’a pas gagné trois Ligues des Champions (2003, 2007 et 2014), n’a pas entraîné la dernière très grande équipe du Milan AC, n’a pas fait de doublé Coupe-championnat en Premier League avec Chelsea. Blanc est moins prestigieux tout simplement. Donc il doit faire plus.
Le jeu flambloyant de l’an dernier, la victoire 3-1 à l’aller en quarts contre Chelsea, le doublé Coupe de la Ligue-Ligue 1 – qu’Ancelotti n’a pas fait – tout cela ne suffit pas. Il lui faut une grande victoire sur la scène européenne pour affirmer son aura. Une qualification qui ferait date. Avec Bordeaux (2010), il avait buté sur Claude Puel et Lyon en quarts de finale. L’an dernier, à trois minutes, six ou sept avec les arrêts de jeu, il éliminait José Mourinho et Chelsea. Mais Demba Ba a surgi et Blanc est redevenu cet entraîneur qui ne compte que sur la scène nationale. José Mourinho pouvait faire son sprint, c’était lui le génie avec ses titres et son charisme. Même le passage de Blanc à la tête de l'équipe de France – série de 23 matches sans défaite, quarts de finale à l’Euro 2013 – ne vaut presque rien, face au bilan de son successeur Didier Deschamps. Le hasard, ou le destin, lui a remis José Mourinho et Chelsea sur son chemin. Une occasion unique pour lui de prendre une revanche savoureuse.
S’offrir Mourinho
Au moment du tirage au sort en décembre dernier, Mourinho avait lancé les hostilités. "Je pense que Paris serait une bonne chose”, avait estimé le Portugais. Car il sait qu’il a l’ascendant sur Blanc. Car au jeu des comparaisons et des palmarès, il gagne. Lui sait gérer un vestiaire de stars, lui sait remporter des grands trophées. Blanc? Il s’efface (s’écrase?) devant les Ibrahimovic, Motta ou Silva. Tactiquement? Il est limité. Beaucoup de remplacements poste pour poste, toujours attendre la 70e avant de faire des changements. Mourinho, lui, est capable de faire jouer Samuel Eto’o arrière droit. Avec un tel effectif, tout le monde serait champion de Ligue 1.
Tout ça, l’entraîneur parisien l’a déjà entendu revenir à ses oreilles. Mais à Stamford Bridge, il a droit à une deuxième chance. Etrangement, l’an dernier on ne donnait pas cher de la peau de Paris malgré l’avantage du match aller. Là, ce nul au Parc il y a trois semaines (1-1), qui aurait pu (du?) se transformer en victoire si Courtois n’avait pas été si bon, moins bien sur le papier, a presque plus convaincu. Cette fois, dirait-on, Paris peut y croire. Blanc aussi. En plus, il retrouve un effectif quasiment complet. Seuls Aurier et Lucas manqueront. Blanc, lui, ne devra pas se manquer. Car le monde du football le regardera. Son president aussi. Et Blanc sait très bien qu’une nouvelle défaite serait cette fois celle de trop.
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