Dortmund-Juventus: Jurgen Klopp, héros ou zéro ?
Il représentait la flamboyance, la passion, la capacité de trouver des joueurs au talent incroyable avec moins de moyens que le grand Bayern Munich. Ses emportements faisaient sourire, son exhubérance étonnait. Jürgen Klopp est devenue une star parmi ses joueurs, depuis 2011. Deux titres de champion d'Allemagne coup sur coup (2011 et 2012), vice-champion d'Allemagne à deux reprises (2013, 2014), une Coupe d'Allemagne (2012) et une place de finaliste (2014), deux Supercoupes d'Allemagne (2013 et 2014) et une place de finaliste de la Ligue des Champions (2013), voilà comment le Borussia, au bord de la faillite voici quelques années, a repris vie. Grâce notamment à son entraîneur, arrivé en 2008, qui a su découvrir de jeunes talents immenses (Reus, Gotze, Lewandowski...). Mais les temps ont changé. Des joueurs sont partis, les résultats ont fléchi, la pression est montée sur l'entraîneur.
Le 4 février dernier, au lendemain d'une quatrième défaite à domicile contre Augsbourg, pourtant réduit à 10, la conférence de presse vire à l'obsession: va-t-il démissionner ? "J'exclus de démissionner", réplique Klopp. Son équipe est alors lanterne rouge et semble filer tout droit vers une relégation qu'elle n'a plus connue depuis 1972. Le bilan de la phase aller de Bundesliga est le pire dans l'histoire du club: 10 défaites en 17 matches, 15 points, soit 30 de moins que le Bayern Munich, leader dont il s'était plu à contester l'hégémonie au cours des années précédentes. Mais Klopp a tenu bon et aujourd'hui, certains, comme le magazine Stern, battent leur coulpe pour l'avoir accablé. "Désolé, Jürgen, je t'ai enterré trop tôt", a reconnu le chroniqueur sportif de l'hebdomadaire. Le journaliste déclare que si Klopp aurait depuis longtemps mérité d'être nommé pour l'Oscar du meilleur acteur par son jeu de scène très expressif le long de la touche, c'est dans la catégorie du meilleur réalisateur qu'il devrait concourir cette année car "il a produit jusqu'à maintenant le drame le plus palpitant de cette saison" de Bundesliga.
Le mur jaune en soutien
Depuis le match d'Augsbourg, un BVB revenu des tréfonds a en effet enchaîné quatre succès probants en championnat, alors qu'il n'avait plus été capable d'aligner deux victoires depuis le 13 septembre: 3-0 contre Fribourg, 4-2 face à Mayence, 3-2 à Stuttgart pour finir par un succès éclatant dans le derby de la Ruhr face au rival Schalke (3-0). Le club doit cette spirale positive au retour en forme de ses attaquants, notamment les internationaux gabonais Pierre-Emerick Aubameyang et allemand Marco Reus qui, très convoité, a finalement prolongé le 9 février son contrat avec le club de sa ville natale. A eux deux, ils ont inscrit neuf des treize derniers buts du club en Championnat.
Mais l'hirondelle ne fait pas le printemps, et le redressement demeure encore fragile. En Coupe d'Allemagne début mars, malgré la victoire (2-0), les hommes de Klopp se sont montrés fébriles face à Dresde, modeste club de 3e division. En Bundesliga, après l'embellie, ils viennent d'enchaîner deux matches nuls et vierges, face à Hambourg puis Cologne. Dortmund pointe aujourd'hui à la 10e place en Championnat, toujours plus près du premier relégable que des places européennes (7 points contre 8). Mais il reste la Ligue des Champions. Et ce match retour contre la Juventus, avec un but de retard à remonter (le Borussia a perdu 2-1 en Italie à l'aller). Une qualification pour les quarts de finale est possible, d'autant que devant son mur jaune, Dortmund a remporté 11 de ses 14 dernières rencontres à domicile en C1. "Nous évoluons dans un stade spécial qui ne demande qu'à vibrer", s'enthousiasme-t-il sur le site de l'UEFA. "J'ai toujours des frissons dès que je pénètre sur la pelouse."
Finaliste en 2013, quarts-de-finaliste en 2014, son équipe veut franchir l'obstacle de la Vieille Dame, qui n'a atteint les quarts de finale de la Ligue des Champions qu'une fois depuis 2007 (en 2012-2013). Eliminer la Juve serait la meilleure preuve du redressement du Borussia, et de son entraîneur.
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