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Finale de Ligue des champions : "La verbalisation systématique sur le port du masque me laisse dubitatif", réagit le représentant des commissaires de police

David Le Bars explique que pour le match PSG-Bayern Munich, la priorité des policiers sera avant tout d'éviter des débordements.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des supporters du PSG à Paris, le 18 août 2020. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

En cas de victoire du PSG dimanche 23 août face au Bayern Munich, en finale de la Ligue des champions, le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, David Le Bars, se dit, samedi sur franceinfo, "dubitatif" quant à la "verbalisation systématique sur le port du masque". 3 000 policiers et gendarmes seront déployés dimanche à Paris pour l'occasion, l'accès aux Champs-Elysées sera permis uniquement aux piétons et 17 stations de métro seront fermées.

>> Piétonisation, masques, nombre de spectateurs... Quel dispositif sanitaire et sécuritaire pour la finale PSG - Bayern Munich

franceinfo : Le dispositif annoncé par les autorités est-il suffisant ?

Je vais vous répondre sur ce qu'on connaît le mieux en tant que policiers, sur le dispositif sécurité en effectifs engagés. Ce sera entre guillemets suffisant, puisque l'ordre public, vous savez, ce n'est jamais une science exacte. Et s'il y a des groupes ou des gens qui décident de commettre des exactions, il reste toujours une part d'inconnu et ce sera au dispositif policier de s'adapter.

On sait que les matchs de foot à risque peuvent produire des dégâts.

David Le Bars

à franceinfo

On va s'adapter à ça et on aura un dispositif conséquent. Sur le port du masque, je suis un petit peu plus sceptique. Tout ce qu'on pourra faire avant le match, on le fera évidemment. Pendant le match aussi. Mais vous imaginez bien que s'il y a une victoire du PSG, et il faut le souhaiter parce qu'on a besoin de joie dans ce pays, on risque d'avoir de telles foules et de telles présences de personnes que la verbalisation systématique sur le port du masque, ça me laisse dubitatif. Et dans ce cas-là, je crois qu'on fera la priorité qui sera celle de l'ordre public et de la sécurité générale.

Est-ce votre rôle de surveiller le port du masque ?

Oui, c'est notre rôle et en même temps, c'est très ingrat. C'est notre rôle parce qu'il y a des lois, il y a des textes et il y a une contravention qui est prévue quand il n'y a pas le port du masque. C'est aux policiers et aux gendarmes de verbaliser quand il y a des infractions. Mais malheureusement, dans un moment de liesse populaire, vous imaginez bien que faire des verbalisations pour des gens qui ne portent pas le masque, c'est à la fois très difficile, puisque ça peut enclencher une surréaction, et puis, en même temps, on vient, je dirais, semer un peu de sévérité sur un moment de joie. Donc, ça va être quelque chose qu'il faudra apprécier au cas par cas. Et là dessus, les policiers seront parfaitement à même d'avoir du discernement. On sera mieux renseignés après le match pour savoir ce qu'on a pu faire. Mais moi, je crois que s'il y a la fête, ce sera très difficile de verbaliser chaque personne, comme certains politiques l'annoncent.

3 000 policiers pour assurer la sécurité lors d'une finale de football, ça interroge : on n'est pas dans une manifestation, dans un rassemblement revendicatif, on est dans une finale de sport. Ça veut dire que la fête est toujours synonyme de débordements, aujourd'hui, dans ce pays ?

Non. Ça veut dire que depuis quelques mois, depuis quelques années, on est dans une dégénérescence des mouvements d'ordre public, des manifestations, quel que soit le sujet et son étude. Demain soir, ce sera une manifestation de joie à l'issue d'une rencontre sportive.

On sait maintenant et on le voit sur les réseaux sociaux, qu' il y a des animateurs de tout ça, que des gens sont là pour faire dégénérer les choses.

David Le Bars

à franceinfo

Il y a ceux qui sont là pour faire dégénérer leur public, pour s'en prendre aux policiers. Il y a ceux qui sont là pour piller, pour s'en prendre aux commerces. Et donc, on est dans une période difficile. Et en plus, on est dans une période où la police, les forces de l'ordre ont été extrêmement critiquées pour avoir usé de la force qui est censé toujours, je le rappelle, être légitime. Mais c'est contesté. Et donc, on sera une fois de plus face à ceux et celles qui veulent faire en sorte que ça dégénère.

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