Gestion du stress, importance de la causerie, expérience : comment bien préparer tactiquement et psychologiquement une finale ?
Selon la formule consacrée, "une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne." Mais ce que ne précise pas le proverbe, c’est qu’avant de penser à la gagner, il faut la préparer. Le fondement d’un résultat, d’une performance, qui plus est à l’approche d’un rendez-vous aussi important que la finale de la C1 entre le Bayern Munich et le PSG, réside très souvent dans la préparation de la rencontre.
Analyse vidéo et importance de la causerie
Aussi bien tactiquement que psychologiquement, les heures qui séparent la demi-finale de la finale sont les plus importantes. Ce sont aussi les plus intenses pour l’entraîneur qui doit préparer la rencontre et travailler la tactique adoptée en un temps très réduit. "La première chose, c’est de savoir contre qui on joue, qui est son adversaire, nous détaille Luis Fernandez, vainqueur de l’Euro 1984 en tant que joueur et de la Coupe des Coupes 1996 à la tête du PSG. En tant qu’entraîneur, tu regardes les forces et les faiblesses de l’adversaire et aujourd’hui, on a plus d’éléments pour juger ça qu’à l’époque." Sans le nommer, Luis Fernandez évoque les nombreuses heures de vidéos que Thomas Tuchel a dû s’infliger pour contrecarrer l’armada munichoise.
Une fois la tactique choisie, développée puis travaillée sur les quelques séances d’entraînements, vient alors l’heure de la causerie du coach, très souvent effectuée le matin du match. "La causerie est importante car tu dois dire à ton groupe que c’est peut-être l’un des matches les plus importants de sa carrière", explique Luis Fernandez. Pour Raphaël Homat, préparateur mental spécialisé dans le sport, l’entraîneur a surtout intérêt à "fixer des objectifs sur la performance et sur les ingrédients qui permettent de l’atteindre plutôt que d’évoquer le résultat, qui est source de stress."
Aborder le match comme une rencontre ordinaire
La gestion du stress et de la pression sont justement deux autres aspects hyper importants à l’approche des finales. "Le match se gagne dans la préparation mentale et psychologique", confirme d’ailleurs Luis Fernandez. Pour cela, malgré l’enjeu énorme que représente une finale de Ligue des Champions, il faudrait banaliser au maximum ce match, l’aborder comme une rencontre habituelle. "C’est bien évidemment très difficile de le prendre comme un match normal, reconnaît Raphaël Homat. Mais l’idéal serait de changer le moins de choses possibles par rapport aux éléments qui ont permis d’arriver à ce niveau de compétition."
Dans un deuxième temps, aborder le résultat et ses multiples conséquences, positives ou négatives, "provoque du stress car ce sont des facteurs qu’on ne peut maîtriser", continue Raphaël Homat.
L’autre problème, très fréquent à l’approche des grandes affiches, c’est de jouer le match avant l’heure, dans sa tête. Raphaël Homat nuance cependant : "Se projeter un minimum dans un match peut être très bien mais si on le fait trop, ça pompe notre énergie et ça devient néfaste." Un bon équilibre à trouver, donc, et dans lequel le staff technique a son importance par rapport aux activités proposées au groupe. "Il faut sortir le groupe de ces moments de projections", insiste le préparateur mental.
Un Final 8 bienvenu pour s’enlever de la pression
En ce sens, le format spécial mis en place par l’UEFA avec ce final 8 peut délester de la pression sur les épaules des joueurs. Avec un délai très raccourci entre les échéances et donc entre la demi-finale et la finale, les acteurs ont moins le temps de se projeter sur la finale puisque celle-ci arrive peu de jours après. "Cette nouvelle configuration permet de garder le groupe ensemble, de ne pas le laisser s’évaporer dans la nature et se distraire", commente Luis Fernandez. Des propos corroborés par le préparateur mental Raphaël Homat : "Le format est clairement favorable. Les joueurs sont comme en sélection, dans une bulle. Cela peut éviter la pression qui vient de l’extérieur avec les supporters ou l’entourage."
Cette phase finale 2020 de la Ligue des Champions ressemble ni plus ni moins à un format de Coupe du Monde. Un format que connaissent bien Kylian Mbappé et Presnel Kimpembe mais aussi Lucas Hernandez, Benjamin Pavard, Corentin Tolisso, Manuel Neuer, Jerome Boateng ou Thomas Muller, tous champions du monde. Finalement, la meilleure façon de préparer une finale, c’est assurément d’en avoir déjà jouée dans sa carrière.
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