L'effet Cristiano Ronaldo, mythe ou réalité avec la Juventus ?
10 juillet 2018. Alors que l'équipe de France prépare son match contre la Belgique en demi-finale de la Coupe du monde en Russie, la Juventus Turin fait sauter la banque pour s'attacher les services du meilleur buteur (129) de l'histoire de la Ligue des champions, Cristiano Ronaldo. Le transfert, très coûteux, revient à 100 millions d'euros. Une somme mirobolante pour un joueur de 33 ans - transfert le plus cher de l'histoire pour un footballeur de plus de 30 ans - mais l'objectif est bien précis : permettre à la Vieille Dame de remporter une troisième Ligue des champions de son histoire (après 1985 et 1996).
Depuis son dernier sacre, le club le plus titré d'Italie a perdu à cinq reprises en finale, notamment en 2017 contre le Real Madrid (4-1, doublé de CR7). La saison suivante Ronaldo s'était chargé d'éliminer presque à lui seul la Juve en quarts de finale. La Portugais avait alors inscrit deux buts au match aller dont un ciseau sublime au Juventus Stadium, un geste qui restera dans l'histoire (3-0). Au retour, un penalty à la dernière minute du Madrilène d'alors forçait la décision alors que les deux équipes allaient tout droit en prolongations. Les Bianconeri ont identifié leur bourreau, et plutôt que de le combattre en vain l'ont fait signé. Rien n'a changé en Serie A, la Juventus rafle titre après titre. Sur la scène européenne, c'est en revanche une autre affaire à l'heure de devoir renverser la vapeur ce vendredi contre Lyon, vainqueur 1-0 à l'aller au Groupama Stadium.
Ronaldo, toujours indispensable
Avec ou sans le natif de Madère, la Vieille Dame est maître de l'autre côté des Alpes. Il y a deux semaines, elle a obtenu son neuvième titre consécutif de champion, son 36e dans l'histoire du club. S'il y avait parfois un monde d'écart avec les autres clubs ces dernières années, la présence de CR7 a été un élément important, voire primordial pour que la Juve reste au sommet du Calcio cette saison. Auteur de 30% des buts de son équipe en Serie A lors de sa première saison, l'attaquant portugais a gonflé son ratio cette saison pour atteindre 41%, le troisième meilleur d'Europe en 2019-2020 derrière Ciro Immobile (Lazio Rome) et Robert Lewandowski (Bayern Munich).
En deux ans sous le maillot turinois, le quintuple Ballon d'or a marqué 52 buts en championnat dont 31 cette saison, contribuant ainsi largement à la conquête difficile du Scudetto, arraché dans les dernières journées. La mythique barre des 50 buts, Ronaldo l'a franchie en seulement 61 matches. Ni Andriy Shevchenko (68 apparitions), ni Ronaldo (70 apparitions) et encore moins Diego Milito et David Trezeguet (78 apparitions) n'avaient réussi pareille performance. Par ailleurs, La Juventus n'avait pas connu un buteur aussi prolifique sur une saison de championnat depuis 68 ans (John Hansen avait marqué 31 buts en 1951-52).
Depuis 1948 et les 30 buts de Ronnie Rooke (36 ans) avec Arsenal, aucun joueur aussi âgé que Cristiano Ronaldo n'était parvenu à dépasser les 30 réalisations en championnat lors d'un exercice. Des statistiques qui donnent le vertige et qui démontrent autant la longévité du natif de Madère que la force de son impact partout il passe. Mais que l'on ne s'y trompe pas, l'ancien joueur du Manchester United n'est pas venu seulement pour dominer un nouveau championnat européen.
Ronaldo, le patient portugais
Mais avoir dans ses rangs le meilleur buteur de l'histoire de la Ligue des champions n'est pas synonyme de victoire. L'homme aux cinq C1 a pioché dans sa compétition favorite pour sa première année en Italie. Comme ce fut le cas en Angleterre avec Manchester United (éliminé en 8e de finale face à Porto en 2004) et en Espagne au Real Madrid (éliminé par Lyon également en 8e en 2010). Cette fois, Ronaldo a été éliminé en quart de finale par une équipe au collectif bien huilé, l'Ajax Amsterdam. Une déception pour un joueur qui n'avait pas été éliminé à ce stade de la compétition depuis la désillusion face à l'OL neuf ans plus tôt. Mais pas une anomalie. Ronaldo est paradoxalement du genre patient avant de soulever la Coupe aux grandes oreilles quand il rejoint une nouvelle formation. Avec les Red Devils puis les Merengues, il avait, à chaque fois, attendu cinq ans avant de la décrocher.
Malgré cet échec, Cristiano Ronaldo a été le sauveur de tout un club. Et pour cause, il a inscrit les cinq buts de son équipe lors des phases à élimination directe. Tout d'abord, un triplé retentissant qui a permis à la Juventus de réaliser une remontada contre l'Atlético Madrid en 8e de finale. Vexé après la défaite 2-0 au match aller, le Portugais avait remis les pendules à l'heure d'un triplé à domicile au retour. Cet exploit était resté sans lendemain, la faute à un collectif pas toujours sur la même longueur d'onde malgré deux buts de CR7 lors du quart de finale contre l'Ajax et les hommes de Erik ten Hag.
Un nouveau sauvetage est attendu ce vendredi
Autant dire que l'ancien Red Devil n'acceptera pas de sortir à nouveau aussi tôt dans la compétition ce vendredi soir. Surtout face à un adverse qu'il apprécie. En onze confrontations face à l'OL, le capitaine de la Seleção a marqué à quatre reprises tout en délivrant six passes décisives. Le buteur le plus prolifique en 2020 (23 réalisations) ne souhaitera pas s'arrêter en si bon chemin. Surtout que son entraîneur Maurizio Sarri l'a mis au repos lors du dernier match de championnat pour bien préparer la réception du récent finaliste de la Coupe de la Ligue.
Battue 1-0 par un adversaire valeureux à l'aller, la Juventus Turin n'avait pas cadré la moindre frappe à l'image d'un Cristiano Ronaldo timide. Depuis, le Covid-19 est passé par là et la Ligue des champions a été arrêtée pendant presque cinq mois. Depuis la reprise, l'homme de tous les records a trouvé le chemin des filets à dix reprises en championnat et compte bien être tout aussi performant pour le retour de la Coupe d'Europe. À 35 ans, le mythe est en marche vers la réalité du terrain, celle d'avoir déjà marqué 23 buts en huitième de finale de la compétition et d'en vouloir encore d'autres.
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