Le débat : Leonardo a-t-il raison d'appeler à l'union sacrée derrière le PSG ?
• OUI, soutenir le PSG c'est soutenir la L1, par Antoine Limoge
Le 18 février prochain à Dortmund, il faut tous devenir des grands fans des dribbles de Neymar et des accélérations de Kylian Mbappé. Mais pourquoi me direz-vous ? Tout d'abord, pour le bien de notre belle Ligue 1. Notre championnat qui souffre depuis des années de cette image véhiculée par nos chers voisins anglais de "Farmer League" (ligue de fermiers), en a bien besoin. On en a marre de paraître ridicule auprès des autres grands championnats européens.
Un fossé s'est creusé au fil des parcours chaotiques de nos différentes écuries en Coupe d'Europe. Le Paris Saint-Germain en tête, est devenu un abonné aux mésaventures après l'incroyable remontada et la cruelle élimination contre l'équipe B de Manchester United l'année passée. Il faut maintenant penser à se ressaisir ! Et sans faire offense à Lyon, actuellement, seul un PSG au top peut permettre au football français de jouer dans la cour des grands. Le club de Jean-Michel Aulas devra, lui, sortir en huitième de finale le roi de cette compétition à savoir Cristiano Ronaldo, sous ses couleurs bianconeri. Mais cela ne nous empêchera pas de supporter également l'OL !
Sans devenir un ultra du PSG, soutenir le club parisien (ou tout autre club tricolore), c'est aussi soutenir notre championnat. Le fameux indice UEFA qui nous octroie la 3e place qualificative en C1, reste primordial pour notre compétitivité. Un Paris Saint-Germain fort dans les joutes européennes, ne peut faire que du bien au foot français.
La rivalité entre clubs fait partie de l'essence du football. Mais regardez le parcours de Monaco en Ligue des Champions il y a quelques années avec Mbappé, Bernardo Silva et compagnie. Les amateurs de football (dans leur majorité) se réjouissaient de voir un club "français" en demi-finale de Ligue des Champions. De même avec l'épopée de Marseille en Ligue Europa il y a deux ans. Ce soutien de (presque) toute la France s'est senti et a permis aux coéquipiers de Dimitri Payet de se hisser jusqu'en finale de la C3. Alors messieurs dames, si un supporter parisien a réussi à soutenir le club du Vieux Port, vous pouvez bien faire un effort et vous parez de bleu et rouge.
• NON, le football se nourrit de ses rivalités, par Adrien Hémard
Plus qu’un jeu, le football est un terrain d’expression d’antagonismes, de rivalités. De la guerre de clochers entre deux villages, à celle entre deux métropoles régionales ou nationales : chaque match de foot est une confrontation qui dépasse le cadre du sport. Au delà des trois points, une suprématie temporaire est en jeu. Dès lors : tout est question de rivalité entre deux équipes. Bien sûr, ces rivalités varient selon les rencontres, et certaines sont plus exacerbées que d’autres. Mais elles font l’essence même de ce sport.
Pourquoi supporte-t-on un club ? Parce que c’est celui de notre ville, ou celui auquel on s’identifie. Dans tous les cas, on développe un sentiment d’appartenance envers une institution sportive, un sentiment qui peut faire partie intégrante de la vie de famille. On ne parle pas d’amour du maillot par hasard. Dans un club, on se retrouve via des valeurs. Parfois, il définit même notre identité. Ou notre identité définit le club que l’on doit supporter, par tradition familiale. Alors, effacer cette rivalité sous prétexte qu’une des deux équipes dispute une compétition continentale, n’est-ce pas se renier ?
Lorsque Liverpool atteint la finale de Ligue des champions ces deux dernières saisons, le reste de l’Angleterre soutient-il les Reds ? Evidemment que non. Ce qui est le cas pour tous les autres finalistes européens. Si la question de l’union sacrée derrière le PSG se pose dans l’esprit de Leonardo, c’est en vérité à cause de la faiblesse du football français. Incapable d’envoyer régulièrement des clubs en finale, la Ligue 1 devrait alors soutenir corps et âmes son ogre parisien sur la scène européenne ? Sympa pour l’OL, aussi qualifié en huitièmes. Comme si ces mêmes Parisiens s’étaient réjouis de la victoire marseillaise en 1993. Ou plutôt comme s’ils ne s’étaient pas réjouis de la défaite de l’OM en finale de C3 en 2018. A l’inverse, pas sûr que les supporters du PSG seraient heureux d’être soutenus par des Marseillais.
Soutenir un club rival, ou du moins adversaire, c’est aussi aller à l’encontre des intérêts de son club. Cette forme de jalousie est saine dans le sport : elle motive, transcende. Sans cela, il n’y aurait pas de "chambrage", pas de provocations. Et si les stades et supporters ont parfois leurs problèmes, personne n’a envie de se retrouver avec des enceintes aussi aseptisées que les salles de NBA. Rien que pour cela, il faut protéger et même cultiver les rivalités dans le football. Et donc, ne surtout pas se ranger derrière le PSG ou qui que ce soit en Ligue des champions, à part son club... Quant à l’intérêt national en matière de ballon rond, il est entre les pieds de la sélection !
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