Le PSG entre promesses et réalité
Bien parti pour être sacré champion de France en mai, et encore en lice pour un doublé Ligue 1-Coupe de France, le PSG a fait le nécessaire cette saison pour s'emparer du leadership hexagonal. L'immense déception de la course poursuite infructueuse de l'an dernier contre Montpellier a été parfaitement digérée par le club de la capitale qui espère régner sur le football français comme ont pu le faire avant lui des clubs comme Saint-Etienne, Bordeaux, l'OM ou Lyon.
Mais le véritable objectif du PSG version Qatar reste l'Europe. Les dirigeants parisiens rêvent de rapporter la "Coupe aux grandes oreilles" à Paris afin d'ancrer le PSG parmi les quatre ou cinq meilleurs clubs du continent. Parmi les "nouveaux riches", Chelsea a mis 9 ans pour remporter cette C1 que convoite également Manchester City, battu deux fois de suite lors de la phase de groupes en 2011 et 2012.
Rien n'est gagné pour Paris et il convient de tempérer les ardeurs de ceux qui voudraient croire le PSG déjà arrivé. Certains éléments viennent rappeler les limites actuelles de la locomotive du football tricolore (parcours plutôt facile avant les quarts de finale, rendement trop juste de Zlatan Ibrahimovic lors des grands matches), mais la marge de progression du groupe semble importante, sans compter les recrues qui ne manqueront pas de renforcer l'effectif l'été prochain.
Le parcours en Ligue des champions
Sans vouloir minimiser la performance du Paris-Saint-Germain –un Top 8 européen signifie vraiment beaucoup, personne ne doit occulter la "chance" au tirage dont a bénéficié le PSG. Tomber dans un groupe composé du FC Porto, du Dynamo Kiev et du Dinamo Zagreb, a permis à l'équipe dirigée par Carlo Ancelotti de monter en puissance sans être tout de suite obligé d'évoluer à son meilleur niveau. A contrario, Manchester City a hérité du "groupe de la mort" avec le Real Madrid, le Borussia Dortmund et l'Ajax d'Amsterdam. Paris aurait-il pu s'en sortir dans un tel groupe alors qu'il était loin d'avoir la même maîtrise à l'automne ?
Idem pour l'adversaire en huitièmes de finale. Le PSG a été à deux doigts d'affronter le Real (à une boule près lors du tirage au sort) et c'est finalement le nom du FC Valence qui est sorti. Beaucoup plus abordable, ce qui –encore une fois- n'enlève rien aux mérites des joueurs qui ont su faire le boulot afin de s'offrir deux matches très convaincants contre le grand Barça.
Les limites d'Ibrahimovic
Si l'on s'en tient aux chiffres, l'apport de Zlatan Ibrahimovic est très correct. Contre Barcelone, l'attaquant suédois a réalisé deux passes décisives et inscrit un but au Parc. Mais cette saison en Ligue des champions, "Ibra" n'a scoré que trois fois (un but contre Kiev, un autre face à Zagreb et donc le dernier en position de hors-jeu au match aller contre Barcelone). Par rapport à son rendement en Ligue 1 (26 buts en 31 journées), cela reste faible.
Zlatan ne pointe qu'au 20e rang du classement des buteurs en C1, loin derrière les deux stars (Ronaldo 11, Messi 8) mais également derrière des attaquants comme Burak (Galatasaray, 8 réalisations), Lewandowski (Dortmund, 6), son coéquipier Lavezzi (6) ou même le pourtant très décrié Karim Benzema (4). Ses sept passes décisives viennent bien entendu atténuer (voire contrebalancer) ce bilan, mais les limites toujours pointées sur Ibrahimovic depuis ses débuts professionnels (en gros, "il n'est pas exceptionnel en Ligue des champions") sont confirmées par ce rendement insuffisant en terme de buts (pour un goleador de ce niveau).
La marge de progression de l'équipe
Paris a clairement progressé depuis l'arrivée d'Ancelotti et de toutes les recrues majeures (Ibrahimovic en tête). En fait, ce PSG très latin (trois Italiens, quatre Brésiliens, deux Argentins) allie une certaine rigueur défensive (Thiago Silva, Thiago Motta, Alex, Verratti, Sirigu) à des talents offensifs hétérogènes et tous capables de faires des différences selon l'adversaire et le style de match (Lavezzi, Pastore, Ménez, Lucas). Sans compter l'apport du banc (Gameiro, Sakho) ou l'excellente saison de Blaise Matuidi, absent au Camp Nou et probablement meilleur Parisien depuis quelques mois.
En se séparant cet hiver de quelques éléments qui ne jouaient pas beaucoup (Hoarau, Bodmer, Rabiot, Sissokho, Lugano, Nene), Leonardo et le staff ont permis à l'équipe de se resserrer. Personne ne se plaint (ou presque, Sakho) et les Français (Chantôme, Jallet, Armand, Douchez) soudent le groupe en rappelant régulièrement les "valeurs" du club.
Quel recrutement cet été ?
Reste que, pour combler l'écart qui sépare les (très) bonnes équipes des ténors européens, le PSG va probablement devoir recruter trois ou quatre internationaux reconnus. Le Real a Ronaldo, Manchester United a Van Persie, le Bayern a Ribéry, le Borussia a Reus…etc. Tous les prétendants à la couronne possède un ou des joyaux au sein de leur effectif. Et il n'y a qu'à voir l'impact provoqué par l'entrée de Messi en fin de match mercredi pour comprendre l'importance de ce genre de joueurs, les "fuoriclasse" comme disent les Italiens. David Beckham a apporté un regain de notoriété au PSG mais le footballeur anglais n'a pas apporté énormément au niveau du jeu.
Et Ibrahimovic n'est pas Messi ou Ronaldo, convoité par Paris qui rêve d'attirer un Ballon d'Or. Les autres noms qui circulent (Rooney, Cavani) permettraient à l'attaque d'être moins dépendante du géant scandinave. Derrière, le poste d'arrière latéral droit sera probablement discuté, Jallet et Van der Wiel n'apportant pas toutes les garanties comme les références du poste en Europe (Alves, Alba, Lahm). Enfin, il conviendra de remplacer les éventuels départs de ceux qui ont moins de temps de jeu (Sakho, Ménez, Gameiro).
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