Ligue des champions : entre André Villas-Boas et le FC Porto, un indéfectible lien d'amour
2020 est l’année idéale pour les conspirationnistes et autres adeptes des théories du complot. Entre la pandémie mondiale de coronavirus, la 5G et les débats autour des élections américaines, les idées les plus farfelues fleurissent sur internet et les réseaux sociaux. Parmi elles, une théorie ressort depuis le tirage au sort de la Ligue des champions le 1er octobre dernier : fervent supporter du FC Porto, André Villas-Boas va laisser son ancien club l’emporter lors de la double confrontation en C1 face à l’Olympique de Marseille.
D’un côté, certains supporters marseillais s’inquiètent des accointances entre AVB et le FC Porto. De l’autre, certains supporters des Dragons semblent persuadés que l’actuel entraîneur de l’OM va laisser son ancienne équipe l’emporter. Une manière de se rappeler au bon souvenir de cette saison 2010-2011 exceptionnelle, au cours de laquelle Villas-Boas avait remporté quatre titres avec le FC Porto, son club de cœur.
Car il s’agit là d’un secret de polichinelle : AVB est un Portista depuis sa naissance et il ne le cache pas. Encore récemment, lors du tirage au sort de la C1, l’entraîneur de l’OM déclarait que cette double confrontation serait "émotionnellement très difficile. C’est une équipe contre laquelle je ne voulais pas tomber. Je suis heureux, un peu, et triste, beaucoup." En juillet dernier, il félicitait son club favori pour son 29e titre de champion du Portugal : "Félicitations au FC Porto. (…) Vive la famille Porto ! Vive le FC Porto."
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Une saison remplie de succès
Ce lien que Villas-Boas entretient avec le club portugais existe également avec les supporters. Une relation fondée sur une année exceptionnelle, et 58 matches joués entre juillet 2010 et juin 2011. "Une saison, c’est court. Mais la sienne était tellement exceptionnelle que ça a suffi à le faire entrer dans la mémoire de tous les supporters du club", explique Esteban Oliveira Alves, supporter qui gère un compte Twitter relayant les actualités du FC Porto. Il faut dire que durant cette année, AVB a fait fort. Très fort. Une victoire en Ligue Europa, une en Coupe du Portugal, une dans le championnat du Portugal et plusieurs humiliations face au rival benfiquiste - dont un 5-0 et un succès en finale de la Supercoupe du Portugal.
"Même pour ce club qui est habitué à gagner, cette saison sort du lot", affirme Alexandre Ribeiro, fondateur de Trivela, site spécialisé sur le football portugais. "C’est une saison exceptionnelle, en termes de résultats, mais également en termes de jeu pratiqué. C’est l’un des meilleurs FC Porto des 30 ou 40 dernières années." Avec Falcao, Hulk, João Moutinho, Nicolás Otamendi, et un jeune James Rodríguez, Villas-Boas marche sur le championnat portugais en ne perdant aucun match cette saison-là et en remportant le titre de champion sur le terrain de Benfica lors de la 25e journée.
Un départ resté en travers de la gorge
Lors de cette saison, le charme naturel d’AVB et sa communication qu’il peaufine à l’OM achèvent de convaincre les supporters du FC Porto. Ces derniers le connaissent déjà puisque AVB avait été l’adjoint de José Mourinho lors de son passage au club. Mais contrairement à l’actuel entraîneur de Tottenham, le lien avec les supporters est différent : "Mourinho, les supporters l’aimaient bien mais ce n’était pas l’amour fou. Villas-Boas a une plus grande place dans le cœur des supporters parce qu’il est lui-même fan du club", explique Esteban Oliveira Alves. "Mourinho s’est servi de Porto comme d’un tremplin, pas Villas-Boas", juge de son côté Alexandre Ribeiro.
Pourtant, la belle histoire s’arrête brutalement fin juin 2011, moins d’un an après son arrivée. Villas-Boas signe à Chelsea, où le président Roman Abramovitch souhaite créer une forme de story-telling en recrutant le nouveau Mourinho, l’entraîneur le plus jeune à avoir remporté la Ligue Europa à 33 ans. Celui qui doit devenir le Special Two. Un départ soudain qui frustre les supporters des Dragons alors que Villas-Boas déclarait quelques semaines plus tôt : "Être entraîneur du FC Porto, c’est le travail de mes rêves. J’espère le garder de nombreuses années."
Perçu par certains comme un mercenaire, ce départ reste en travers de la gorge mais n'entame pas son lien privilégié avec les supporters du FC Porto. "Personnellement, je ne lui en veux pas mais ce départ a un goût amer parce qu’on aurait aimé voir ce que ça aurait pu donner par la suite", juge Esteban Oliveira Alves. "Il avait lancé le club sur des bons rails après une phase de transition. Beaucoup de supporters auraient aimé voir ce que ça aurait donné en C1", explique de son côté Alexandre Ribeiro.
Président du FC Porto, le rêve d'AVB
En dépit de ce départ prématuré, les supporters des Dragons pourraient voir AVB faire son retour au club plus rapidement que prévu. Le mois dernier, au micro de Téléfoot, l’entraîneur de l’OM a rappelé l’un de ses rêves : "Les prochaines élections pour la présidence du FC Porto sont en 2024. Je pense que je vais me présenter. Je veux essayer, j’ai toujours eu ce plan." Villas-Boas, qui a toujours annoncé qu’il arrêterait d’entraîner à 45 ans, pourrait en tout cas triompher dans cette quête à en croire Esteban : "Les supporters l’apprécient énormément et je pense qu’on est nombreux à l’attendre en tant que nouveau président du club."
Réélu en juin dernier à la présidence du FC Porto, Jorge Nuno Pinto da Costa s’est notamment servi du soutien public d’AVB à son égard lors de sa campagne. Signe que l’entraîneur de l’OM pourrait rapidement trouver de nombreux partisans en cas de candidature. Avant cela, Villas-Boas va donc retrouver son club de cœur en Ligue des champions, contre qui il n’a jamais gagné en quatre confrontations (en 2009-2010, lorsqu’il entraînait l’Académica Coimbra). Ce soir, il tentera de s’imposer dans un stade du Dragon totalement vide. Un déchirement de plus pour AVB, qui aurait certainement apprécié faire son retour à Porto sous les applaudissements des supporters Portista.
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