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Ligue des champions : Galatasaray, nouvelle terre d'accueil pour anciens de Ligue 1

Adversaire du Paris Saint-Germain mardi soir en Ligue des Champions, Galatasaray est connu pour son public effervescent et son sacre au terme de la Coupe UEFA 2000. Mais cette saison, le club turc arbore une nouvelle spécificité. Son effectif est composé de sept joueurs bien connus de la Ligue 1. Cinq d'entre eux étaient d'ailleurs titulaires lors du précédent match de C1 contre Bruges. Pourquoi le champion de Turquie attire-t-il autant d'ex-joueurs du championnat de France ?
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Le championnat turc reste une compétition assez obscure en France, sauf pour un public d'initiés. Seules les apparitions en coupe d'Europe de Besiktas, de Fenerbahçe et de Galatasaray parviennent parfois aux oreilles du public français. Cette année, le même club de Galatasaray est dans la poule du PSG en Ligue des Champions. Ils s'affrontent même ce mardi soir (21h) en Turquie. Si les deux clubs ne se sont plus rencontrés depuis la C1 2000/01, une bonne poignée de joueurs de Galatasaray ont joué à de maintes reprises contre Paris en Ligue 1.

"Il y a un rapport particulier entre la France et Galatasaray" , Dağhan Irak

L'un d'entre-eux évoluait encore à Monaco au début du mois de septembre : Radamel Falcao. L'attaquant colombien, auteur de 65 buts en 108 matches de Ligue 1, est la recrue star du champion de Turquie. Il a rejoint cet été Younès Belhanda, meilleur joueur de Montpellier lors de la saison du titre en 2011/12. On y retrouve également Jean-Michael Seri (ex-niçois), Mariano (ex-bordelais), Mario Lemina (ex-lorientais et marseillais), Sofiane Feghouli (ex-grenoblois) et Jimmy Durmaz (ex-toulousain). A eux sept, ils cumulent 658 matches de Ligue 1. Cinq d'entre eux étaient d'ailleurs titulaires contre Bruges lors du précédent rendez-vous en C1 (0-0). Ajoutez à ceux-là Steven N'Zonzi. S'il n'a jamais joué en Ligue 1, son titre de champion du monde devrait dire quelque chose aux spectateurs français.

Comment expliquer qu'un tel contingent passé par le championnat de France se retrouve sous les couleurs d'un club turc ? Car, dix ans plus tôt, les exemples étaient rares. On se souvient notamment de Franck Ribéry, passé en 2005 à Galatasaray, de Nicolas Anelka, au Fener entre 2005 et 2006 ou encore de Jérôme Rothen à Ankaragüçü en 2010. Mais c'est parce que ces transferts étaient peu communs qu'ils restent clairs dans la mémoire des observateurs. Depuis le début des années 2010, ces mouvements se sont accélérés.

Pour Dağhan Irak, chercheur à l'Université d'Aix-Marseille et ex-journaliste sportif à Eurosport, l'attractivité grandissante et plus particulièrement celle de Galatasaray y est pour beaucoup. "Il y a un rapport particulier entre la France et Galatasaray. Au début du XXè siècle, le club a été fondé par les diplômés d'un lycée francophone. Les membres du club en étaient aussi issus et certains faisaient du business avec des sociétés françaises", rappelle-t-il, tout en nuançant l'influence actuelle de ce facteur.

Compétitivité, finances et cadre de vie

Lui-même diplômé de journalisme à l'université de Galatasaray et aujourd'hui sociologue en France, il estime que c'est aujourd'hui "le business" qui prédomine. Le cas d'un Didier Six, passé au club à la fin des années 80, n'est aucunement comparable avec le contexte actuel. "Des relations ont été probablement bien établies entre le club et un cercle d'agents. Galatasaray est un club avec lequel doivent être faciles et une destination qui plaît aux joueurs", analyse-t-il avant de dévoiler les trois arguments majeurs du club stambouliote.

Bien sûr, il est engagé en Ligue des Champions cette saison. C'est aussi une destination lucrative pour les joueurs. "En Turquie, les grands clubs ont des avantages fiscaux. Les joueurs ne paient pas d'impôts, les clubs s'en occupent. Et encore, assez rarement puisque le gouvernement le fait régulièrement", explique Dağhan Irak. Ajoutez à cela le cadre de vie à Istanbul, son climat, sa dimension occidentale. Et jouer dans le championnat turc n'est pas renoncer à la compétitivité. Si un joueur pèse le pour et le contre avec une virée au Qatar, il optera pour la Turquie.

Et s'il n'est toujours pas convaincu au moment de poser ses valises, les supporters se chargeront de le persuader avec un accueil bouillant. "L'ambiance dans les stades en Turquie est incomparable", ajoute Dağhan Irak. Les images de l'accueil réservé à Falcao au début du mois de septembre par les supporters de Galatasaray ont fait le tour du monde. Ce n'est pas Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo et il a beau avoir déjà 33 ans, la foule s'est embrasée comme un seul homme quand il a foulé pour la première fois la pelouse de la Türk Telekom Arena.

Des cibles abordables

Galatasaray est un club attractif dans un championnat qui pioche de plus en plus à l'étranger pour grandir. Les joueurs passés par la Ligue 1 y sont de plus en plus nombreux pour l'ensemble des facteurs énoncés, mais pourquoi eux plus que d'autres ? Des relations privilégiées avec certains agents probablement donc, mais aussi parce que la compétitivité de la Ligue 1 n'est pas à des années lumières de celle du championnat turc. De la même manière que le championnat de France peine à attirer les grands noms (PSG excepté), les clubs turcs se rabattent sur des bons joueurs passés par des championnats un peu plus huppés.

En faisant défiler le classement des plus grosses valeurs marchandes du championnat turc sur Transfermarkt, on retrouve de nombreux noms passés par la Ligue 1. Sur les 250 joueurs estimés comme étant les plus "chers", on retrouve 41 anciens de L1, d'Enzo Crivelli à Luiz Gustavo en passant par Gabriel Obertan; un total non négligeable. Bien sûr, les clubs turcs ne regardent pas qu'en Ligue 1. Les Néerlandais ont été à la mode un peu plus tôt (Kuyt, Van Persie, Lens, Babel...) et beaucoup de joueurs de Premier League en perte de vitesse (Eto'o, Drogba, Robinho...) font régulièrement le choix de la Turquie. L'internationalisation des clubs turcs n'est pas encore prête de décliner.

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